Quand est venu le temps de vendre son entreprise au Groupe Meloche, la présidente d’Aérospatiale Hemmingford, Dawn-Marie Turner, a d’abord fait appel au CTEQ, qui lui a recommandé une firme pour l’accompagner. (Photo: courtoisie)
REPRENEURIAT. Pour un dirigeant d’entreprise, le bon repreneur est une personne qui répond à ses attentes, en plus de poursuivre le travail qu’il a abattu. Heureusement, des ressources existent pour mettre en relation les cédants avec les bons acheteurs.
« Il y a plus de repreneurs que de cédants sur le marché, tranche Louise Cadieux, professeure retraitée de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) spécialisée en transfert d’entreprise. Le défi, c’est de les mettre en contact. »
Pour y arriver, le Centre de transfert d’entreprise du Québec (CTEQ) a lancé, il y a trois ans, l’Index, une plateforme regroupant plus de 300 entreprises à vendre qui permet aux vendeurs de s’afficher et aux repreneurs de voir ce qui est offert sur le marché. Le cédant peut créer une fiche ayant le degré de confidentialité qui lui convient. Il peut afficher publiquement certaines informations et en garder d’autres privées.
Cette confidentialité répond à une crainte soulevée par plusieurs entrepreneurs, explique Louise Cadieux. « Plusieurs cédants ne s’affichent pas parce qu’ils ont peur de la perception des clients, des fournisseurs. Ils ne veulent pas envoyer le message qu’ils vendent parce que leurs affaires ne vont pas bien. »
Sur l’Index, le repreneur intéressé par une entreprise ne sollicite pas directement son propriétaire. Il contacte plutôt un des conseillers du CTEQ, qui se charge ensuite de mettre les deux parties en relation. « Le but est de favoriser les échanges pour que les entreprises soient vendues dans les meilleures conditions possibles », résume le directeur général du CTEQ, Alexandre Ollive.
La plateforme sera d’ailleurs modifiée ce printemps pour offrir de nouvelles fonctionnalités, promet ce dernier. Les repreneurs auront par exemple accès à un outil de recherche plus sophistiqué et ceux qui le désirent pourront s’associer pour faire l’achat d’une grosse entreprise.
Le maillage entre cédants et repreneurs peut aussi se faire au sein de ce que Louise Cadieux appelle un « réseau souterrain » : un entrepreneur discute de ses plans de vente avec son comptable, son fiscaliste ou son avocat, lequel peut passer le mot à ses autres clients s’il est autorisé à le faire.
Ne pas faire cavalier seul
Une fois qu’il a trouvé le bon repreneur, le cédant doit absolument s’entourer de spécialistes pour l’accompagner dans le transfert de son entreprise, insiste Louise Cadieux. « Le comptable n’a pas tous les outils », dit-elle.
Au comptable devraient donc se joindre, selon le cas, un fiscaliste, un avocat, un évaluateur agréé, un notaire ou encore un spécialiste en ressources humaines. Jusqu’à 50 % des frais liés aux experts en transfert d’entreprise peuvent être remboursés par le programme Accès experts, financé par le gouvernement du Québec, qui offre une subvention maximale de 5000 $ par cédant et de 10 000 $ par repreneur. Mais attention : pour être admissible, l’entreprise du cédant doit avoir enregistré un chiffre d’affaires de 1 million de dollars dans au moins un de ses trois derniers exercices financiers ou avoir versé un salaire à au moins dix employés au cours de ses trois derniers exercices financiers.
Pour trouver des conseils plus généraux ou se faire guider vers les ressources appropriées, les cédants et les repreneurs peuvent faire appel aux conseillers du CTEQ, cogner à la porte d’une institution financière offrant un service d’accompagnement en transfert d’entreprise (comme Desjardins ou la Banque Nationale) ou encore se tourner vers des firmes comme Raymond Chabot Grant Thornton ou Soluce, qui possèdent des équipes spécialisées en repreneuriat.
Quand est venu le temps de vendre son entreprise au Groupe Meloche, la présidente d’Aérospatiale Hemmingford, Dawn-Marie Turner, a d’abord fait appel au CTEQ, qui lui a recommandé une firme pour l’accompagner. « Je ne savais pas comment m’y prendre », se souvient-elle. Elle a aussi pu bénéficier des conseils et du financement offerts par le programme Accélérateur 360, d’Aéro Montréal, la grappe aérospatiale du Québec.