Humanitæ: la résidence qui se consacre aux unités de soins
Claudine Hébert|Édition de la mi‑avril 2019Tous les étages de la résidence Humanitae sont baignés de lumière naturelle et tout a été pensé et conçu pour stimuler les aînés souffrant d’Alzheimer, peu importe le stade.
RÉSIDENCES POUR AÎNÉS. Depuis janvier dernier, les aînés de la région de Québec aux prises avec la maladie d’Alzheimer ou d’autres troubles de la mémoire ont accès à une nouvelle solution : la résidence Humanitæ.
Aménagée dans le quartier Lebourgneuf au coût de 33 millions de dollars, cette nouvelle résidence de 170 appartements est le pari que veut relever le Groupe Patrimoine. « Aucune autre résidence au Québec, ni même au Canada, n’offre un tel environnement à cette clientèle souffrant de troubles de mémoire », signale Nathalie Paré, PDG de Groupe Patrimoine.
Des verrières baignées de lumière naturelle sur l’ensemble des six étages de l’immeuble, des cuisines et des salons communautaires, des chambres spacieuses regroupées sous deux maisonnées par étage: tout a été pensé et conçu pour stimuler les aînés souffrant d’Alzheimer, peu importe où ils en sont rendus au sein des 14 stades de la maladie.
Le Groupe Patrimoine, qui cumulera près de 1 150 appartements d’ici la fin de l’année 2019, souhaitait offrir ce type de résidence privée depuis plus de quatre ans. Le projet a été mis en marche il y a deux ans, au lendemain du diagnostic d’Alzheimer annoncé à la mère de Mme Paré.
Un modèle néerlandais
Pour réaliser cet audacieux projet, le Groupe Patrimoine a fait ses devoirs. Depuis près d’un an, le groupe collabore avec Philippe Voyer, professeur titulaire à la Faculté des sciences infirmières de l’Université Laval et chercheur à l’Unité de recherche du Centre d’excellence sur le vieillissement de Québec. Le fondateur du groupe, François Audet, s’est également rendu aux Pays-Bas pour aller visiter le village Hogewey. Construit en 2009, ce petit quartier néerlandais est devenu une référence internationale en matière de milieu de vie pour les aînés souffrant de troubles de mémoire. Cette petite communauté qui ressemble à n’importe quelle autre au premier coup d’oeil, abrite plus de 150 aînés atteints d’Alzheimer ou d’autres démences avancées. L’endroit regroupe une vingtaine de maisonnées pour les occupants, ainsi qu’un supermarché, un café, un restaurant et un théâtre, tous des commerces ouverts à la population extérieure.
Des soins plus chers
Compte tenu des soins et du soutien que demande la clientèle aux prises avec des pertes de mémoire, le coût de location mensuel démarre à 4 600 $. « Un prix élevé, disent plusieurs familles », reconnaît Mme Paré. Elle souligne que ce montant est en deçà de ce qu’il en coûte actuellement dans le réseau public. Au sein de l’industrie des RPA, on estime qu’un aîné avec pertes de mémoire placé en CHSLD coûterait plus de 8 000 $ par mois au réseau de la santé publique.
« À l’opposé, nous avons des aînés tout à fait autonomes qui viennent visiter Humanitæ et qui nous demandent s’ils peuvent louer un logement. Actuellement, nous n’acceptons que les conjoints d’un aîné nécessitant des soins », indique Mme Paré.
À l’exception d’une résidence à Saint-Hubert et d’une autre à Warwick, les activités du Groupe Patrimoine sont essentiellement concentrées dans le Grand Québec depuis la création de l’entreprise, en 2002. Du moins pour le moment. « Nous sommes convaincus que la résidence Humanitæ a tout pour devenir un modèle exportable dans d’autres villes du Québec. Et peut-être ailleurs au pays », soutient Mme Paré. Le groupe prévoit entamer la phase 2 d’Humanitæ d’ici 2021.