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Contrer la lassitude des télétravailleurs

Philippe Jean Poirier|Publié le 30 septembre 2020

Contrer la lassitude des télétravailleurs

MeetinVR ne demande pas une bande passante démesurée ou des équipements sophistiqués. (Photo: courtoisie)

RÉSILIENCE EN AFFAIRES. Le télétravail a beau compter de nombreux avantages en matière de flexibilité d’horaire et de réduction du temps de transit, on sent malgré tout une lassitude s’installer chez certains télétravailleurs. Entre autres maux, une fatigue liée à la surutilisation de la plateforme Zoom et un sentiment d’isolement découlant du fait de ne pas voir ses collègues en personne sur une base régulière. 

Depuis le début de la pandémie, on note d’ailleurs une augmentation marquée de la recherche du mot-clé « zoom fatigue » dans le moteur de recherche Google. La start-up danoise MeetinVR a décidé de s’attaquer à ce problème en développant une application de réalité virtuelle permettant à des personnes physiquement séparées de se côtoyer dans un espace immersif, le temps d’une réunion. 

« Utiliser la réalité virtuelle dans ce contexte permet d’augmenter l’engagement et l’attention des participants », soutient Tomas Budrys, responsable du développement des affaires de MeetinVR. La start-up affirme qu’une réunion sur sa plateforme accroît l’attention des utilisateurs de 25 % par rapport à une solution de vidéoconférence traditionnelle. 

MeetinVR ne demande pas une bande passante démesurée ou des équipements sophistiqués. « Si vous êtes en mesure de faire un appel vidéo, vous pourrez assister à une rencontre immersive, assure Tomas Budrys. On peut se connecter sur la plateforme avec un casque de réalité virtuelle comme l’Oculus Quest. » 

Leurs salles de réunion semblent tout droit sorties d’un film d’animation. L’une d’entre elles est nichée dans l’habitacle d’un vaisseau spatial, en orbite dans l’espace. Elle peut accueillir six utilisateurs désirant mener une conversation demandant « une haute concentration ». Une autre, nommée The Idea Space, flotte au-dessus des montagnes ; elle peut recevoir 12 utilisateurs et se destine aux remue-méninges créatifs. 

L’avatar que l’on crée pour soi-même ressemble à une version 3D de ce que l’on peut produire avec l’application Bitmoji. Cependant, Tomas Budrys dit qu’il sera bientôt possible de créer des avatars « photoréalistes » sur la plateforme « en quelques secondes ». « Nous travaillons en collaboration avec la firme Wolf3D pour y parvenir. On pourra téléverser une photo et se créer un jumeau virtuel en un claquement de doigts. »

 

Communiquer ses états d’âme

Quand on gère une équipe à distance, on est généralement contraint de communiquer par courriel, téléphone, en vidéoconférence ou sur une plateforme collaborative. On perd ainsi une partie du langage non verbal de ses interlocuteurs, et il peut devenir ardu de cerner l’humeur de son équipe. 

Or, une start-up québécoise a imaginé un moyen de sonder l’état émotionnel d’un groupe d’employés, et ce, sans poser de question ni faire de sondage. L’application EmoScienS a recourt à la reconnaissance faciale et aux algorithmes d’intelligence artificielle qui y sont liés pour détecter les émotions d’un utilisateur, à partir de la caméra de son ordinateur. 

« L’application prend des photos à intervalle régulier, aux cinq minutes, lorsque l’utilisateur est assis face à l’écran, explique Pierrich Plusquellec, cofondateur et directeur général de la start-up éponyme. Les algorithmes que nous avons développés nous permettent d’agglomérer les données pour fournir un rapport émotionnel hebdomadaire. » 

L’application est d’abord conçue pour aider les employés à comprendre et gérer leur état émotionnel au travail. « Tout se fait de manière éthique et transparente, assure celui qui est aussi professeur en sciences de la communication non verbale à l’Université de Montréal. L’utilisateur doit lui-même activer l’application chaque session, ainsi il demeure conscient que des données sont recueillies. » 

L’application peut aussi servir d’outil de mobilisation, si un nombre suffisant d’employés d’une même équipe décident de partager leurs données « anonymisées » et « agrégées ». « Le partage se fait sur une base volontaire, lorsqu’un employé désire informer son gestionnaire de l’état émotionnel de son groupe de travail », précise Pierrich Plusquellec. 

EmoScienS a récemment testé son application dans une institution d’enseignement montréalaise. Les 15 directeurs de niveau pédagogique participants à la « preuve de concept » ont accepté d’activer la fonction de partage, ce qui a permis au PDG de l’institution d’obtenir un rapport global de l’état émotionnel de son équipe de direction. 

« Nous traversons une période qui demande beaucoup d’ajustements. En poursuivant l’expérience avec notre application, la direction pourra voir comment l’humeur de ses gestionnaires évolue au fil des évènements », souligne son cofondateur.