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L’entrepreneuriat bourdonne autour de La Ruche

Emmanuel Martinez|Édition de Décembre 2024

L’entrepreneuriat bourdonne autour de La Ruche

« Si La Ruche n’était pas là, il y a de l’argent qui n’irait pas en région, soutient Frédéric Auger, PDG de l’entreprise. (Photo: courtoisie)

RESPONSABILITÉ ET INNOVATION SOCIALES. Amasser les fonds pour lancer ou pour développer son entreprise est généralement le défi le plus grand des entrepreneurs. L’organisme à but non lucratif (OBNL) de financement participatif La Ruche est là pour faciliter ce travail.

Lancée en 2013, cet OBNL est bien plus qu’une plateforme de sociofinancement.

« Notre approche permet de faire une étude de marché vivante, en testant l’intérêt de la population pour le produit ou service qui est offert, explique Frédéric Auger, PDG de La Ruche, en entrevue. Est-ce que ce sont les institutions financières qui doivent être les seules à juger la pertinence d’un projet ? Les usagers ou les futurs clients ont ainsi leur mot à dire. »

Ceux qui passent par cette plateforme pour financer leur entreprise ont aussi l’occasion de raconter leur histoire et de présenter leurs produits.

Cette stratégie fonctionne puisque La Ruche est maintenant présente dans 16 régions québécoises et le sera dans le Nord-du-Québec l’an prochain. Elle a permis de récolter plus de 39 millions de dollars auprès de la population pour les PME, les OBNL ou même des organisations publiques qui l’ont utilisée, comme des MRC. Plus de 173 000 personnes ont versé des sommes par l’entremise de cette plateforme, aidant ainsi à stimuler l’économie locale et encourager l’entrepreneuriat québécois.

« La Ruche est un outil de création de valeur et de richesse pour les régions parce que sur les 2100 projets financés depuis ses débuts, il y en a qui se seraient fait dire non par les banques, tandis que les citoyens les appuyaient », souligne le patron.

Il précise qu’environ 80 % des projets sont entrepreneuriaux. « Toutefois, il faut que l’initiative ait une répercussion locale pour pouvoir être acceptée sur notre plateforme, ajoute-t-il. C’est un critère essentiel. »

Un encadrement pour la réussite

Par rapport à d’autres plateformes de sociofinancement, La Ruche se distingue. Les initiateurs doivent déterminer quelle sera la contrepartie offerte pour l’argent qui leur sera envoyé grâce à la plateforme. Elles peuvent prendre quatre grandes formes : la prévente de produits et de services ; les offres matérielles, comme des articles promotionnels et des chèques-cadeaux ; des offres expérientielles, comme la participation à un événement ou une visite ; et finalement, les offres symboliques, comme des remerciements ou de la visibilité.

Les entrepreneurs doivent aussi se fixer un objectif de récolte de fonds afin de lancer leur projet. L’argent n’est décaissé que si ce but est atteint. Sinon, après le temps imparti, les sommes versées par les contributeurs leur sont retournées. Selon le dirigeant de La Ruche, ce critère incite les entrepreneurs à offrir l’effort nécessaire. « S’il me manque 5000 $ pour arriver aux 20 000 $ définis, je vais peut-être me donner un coup de pied dans le derrière, tandis que sur les autres plateformes, il n’y a pas cette urgence », croit-il.

La Ruche offre également un accompagnement à ceux qui lancent une campagne de financement. « Il n’y a aucune initiative qui va en ligne sans parler à notre équipe d’experts », souligne Frédéric Auger.

« On voit avec l’entrepreneur si son projet est assez mûr, si son objectif est réaliste, si ses contreparties sont bien réfléchies, si sa vidéo de campagne et ses axes de communications sont à point, précise-t-il. Donc, le taux de réussite des campagnes de financement à La Ruche est de 80 % alors qu’à l’échelle mondiale, pour les autres plateformes, c’est environ 24 %. »

En collaboration

Dans une optique de progrès régional, La Ruche agit avec les organismes de développement économique locaux et d’autres acteurs pour stimuler l’entrepreneuriat.

Les conseillers de La Ruche peuvent donc suggérer des partenariats aux initiateurs ou les diriger vers des ressources qui peuvent les aider. « Nous ne sommes pas qu’une plateforme technologique, précise Frédéric Auger. Notre approche est humaine. »

L’OBNL permet aussi à des regroupements de commerçants de lancer des campagnes d’achat local. « Ils vendent des cartes-cadeaux avec une bonification, mentionne le PDG. Par exemple, si tu payes 50$, tu reçois 60 $ en carte-cadeau. »

Un autre type de maillage est directement intégré à La Ruche avec les programmes de financement additionnel de l’État, comme le Fond Accès croissance. Ainsi, avec ces fonds d’appariement, les entreprises qui se qualifient pour ces programmes voient l’argent qui leur est versé par les contributeurs être doublé, triplé ou même quintuplé par le fonds gouvernemental correspondant. « Pour le porteur de projet, c’est un facilitateur, note Frédéric Auger. Pour en réaliser un de 50 000$, il n’a juste qu’à récolter 25 000 $. »

Cette collaboration est également bénéfique pour l’État. « Il y a un poids d’analyse qu’on enlève au gouvernement », estime le PDG.

Selon lui, 26 millions de dollars (M$) ont été versés grâce à ces programmes de financement. En additionnant cette somme à celles données par la population, ce sont 65 M$ qui ont été injectés dans des projets depuis les débuts.

« Si La Ruche n’était pas là, il y a de l’argent qui n’irait pas en région, soutient Frédéric Auger. On est un outil d’innovation pour répondre à ce besoin de créer des entreprises, ce qui permet de conserver des emplois et des jeunes en région tout en engendrant de la valeur localement. »

Il juge que sa formule fonctionne puisque selon un sondage effectué en 2022 par son organisation, 98 % des entreprises dont l’objectif financier a été atteint étaient toujours en exploitation deux ans plus tard.
« On sociofinance l’avenir, résume le PDG de La Ruche. On aide à bâtir le Québec de demain. »