Milmonde, menée par Jean-Michel Talbot-Bolduc, est devenue la première entreprise carboneutre de son secteur en Amérique du Nord en septembre. (Photo: courtoisie)
RESPONSABILITÉ SOCIALE. Milmonde est pionnière en Amérique du Nord : ses armoires de cuisine personnalisées et responsables utilisent des peintures et des teintures à base d’eau. La PME de Notre-Dame-des-Pins, en Beauce, permet ainsi à ses clients et à ses employés de respirer 86 % de COV (composés organiques volatils) en moins par rapport aux matériaux couramment utilisés pour les armoires. Elle séduit également des candidats qui apprécient sa démarche et sa transparence dès l’entretien d’embauche.
« Avec notre directrice générale, Annie Lessard, nous cherchons à insuffler à Milmonde l’état d’esprit des grandes entreprises où nous avons travaillé auparavant. Mais ce qui fait la force d’une PME, c’est sa capacité à bouger plus vite », lance Jean-Michel Talbot-Bolduc, qui a repris les rênes de l’entreprise après une carrière au sein de Suez et de General Electric.
Cette agilité a permis à Milmonde de devenir la première entreprise carboneutre de son secteur en Amérique du Nord en septembre dernier. « C’était mon objectif dès le rachat de l’entreprise en 2021. Je souhaitais obtenir cette certification dans un délai court et non sur 10, 15 ou 20 ans comme c’est souvent le cas dans les grandes entreprises », explique le président.
Une empreinte réduite
Pour devenir carboneutre, Milmonde a notamment remplacé son éclairage par des lumières à DEL et a réduit ses rebuts pour diminuer sa consommation énergétique. La PME a aussi modifié la fréquence des livraisons de ses fournisseurs. « Nous avons par exemple demandé à certains de livrer deux fois par semaine au lieu de trois pour limiter notre empreinte carbone. Nous nous assurons d’avoir un approvisionnement local, pour obtenir des matériaux sans formaldéhyde ou à très faible émission, fabriqués dans des conditions sociales acceptables », indique Jean-Michel Talbot-Bolduc.
Les émissions que Milmonde ne peut actuellement éliminer sont compensées par des crédits sur le marché du carbone. « Alors que nos équipes se concentrent davantage sur les aspects opérationnels et le présent, mon rôle en tant que président est d’anticiper et de travailler sur le futur, en phase avec les évolutions actuelles », estime Jean-Michel Talbot-Bolduc.
Une transparence maîtrisée
Malgré la pénurie de main-d’œuvre en Beauce, Milmonde parvient à retenir l’attention des candidats. « Les gens sont attirés par nos transformations en matière d’environnement, de responsabilité sociale et d’automatisation, observe Jean-Michel Talbot-Bolduc. Lorsque nous publions des offres d’emploi, nous recevons beaucoup plus de CV qu’auparavant, et leur qualité est supérieure. »
Lors des entretiens d’embauche, la PME expose aux candidats son plan de croissance et sa vision pour l’avenir. « Ils nous disent que si nous prenons la peine de partager tout cela avec eux, ils savent qu’ils auront une communication honnête en tant qu’employés », souligne Jean-Michel Talbot-Bolduc. Son défi consiste à trouver le juste équilibre entre transparence et surcharge d’informations. « C’est un exercice d’équilibriste, mais nous veillons à rendre les informations claires et digestes pour tous », ajoute-t-il.
Une entreprise paritaire
En octobre 2024, 53 % des 45 employés de Milmonde sont des femmes, une progression par rapport aux 45 % enregistrés en février 2023. « Nous ne cherchons pas à atteindre un chiffre précis, mais la parité s’installe naturellement chez nous pour être dans la fourchette 40 %-60 % », affirme Jean-Michel Talbot-Bolduc. Cette dynamique se reflète également au sein du comité de gestion, où les femmes occupent quatre postes sur six.
Depuis un an, l’entreprise met en œuvre le Toyota Way, une philosophie de gestion développée par l’entreprise Toyota qui repose sur l’amélioration continue et le respect des personnes. « Ces principes et valeurs sont une véritable leçon pour les entreprises cherchant à allier objectifs économiques et sociaux », souligne Jean-Michel Talbot-Bolduc. À Milmonde, cela se traduit de plusieurs façons : nommer des chefs d’équipes par secteurs, se montrer transparents sur les chiffres à atteindre, que ce soit dans l’usine ou les bureaux, et s’engager à garantir aux employés un environnement de travail sécuritaire, performant et épanouissant.
Les déplacements de chariots élévateurs transportant les panneaux de bois ont été réduits grâce à l’intégration d’un robot automatisé, améliorant ainsi la sécurité. Lors du recrutement pour ses usines, l’entreprise met également l’accent sur la sécurité des candidats au cours des tests pratiques. « Nous devons parfois interrompre les tests pour rappeler que nous recherchons des personnes capables de produire à une cadence décente tout en respectant les normes de sécurité, explique Jean-Michel Talbot-Bolduc. Si quelqu’un se blesse, ce n’est pas acceptable pour nous tant sur le plan humain que productif. »