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Contourner le risque de longévité grâce aux assureurs?

Richard Cloutier|Édition de la mi‑juin 2021

Contourner le risque de longévité grâce aux assureurs?

Une autre option susceptible d’apaiser les craintes liées au risque de longévité consiste à combiner l’assurance vie à d’autres instruments d’épargne pour compléter le revenu de retraite. (Photo: Diana Parkhouse pour Unsplash)

RETRAITE. La possibilité de vivre plus longtemps que prévu et de survivre à son épargne demeure une préoccupation bien réelle pour les Canadiens. Convertir une partie de son épargne en rentes viagères est l’une des actions qui peuvent contribuer à restreindre l’exposition à ce risque, rappelle Retraite Québec.

Les rentes viagères sont offertes par les compagnies d’assurance en échange d’une prime. Cette dernière devient ensuite un revenu garanti qui sera versé jusqu’au décès. Outre le fait de transférer le risque de longévité à l’assureur, ce contrat lui transfert également le risque de volatilité des marchés, c’est-à-dire de voir une baisse des marchés réduire les revenus générés par les actifs accumulés.

Selon le type de rente viagère choisi, elle sera « payable votre vie durant, ou tant que vous ou que votre conjoint vivrez », explique l’Association canadienne des compagnies d’assurances de personnes (ACCAP). L’organisme ajoute que, dans le cas où une rente dite réversible est souscrite, il sera possible de décider qu’après le décès du rentier, le versement se poursuive au conjoint et que « les versements soient du même montant qu’avant ou qu’ils soient réduits, pour refléter une diminution des dépenses ». Le cas échéant, la rente viagère pourrait être indexée à l’inflation. 

Il est généralement reconnu dans l’industrie financière que ce produit n’est pas suffisamment prisé par les investisseurs. Seulement 12 % des Canadiens disaient avoir souscrit ou l’intention de souscrire à une rente lors d’un sondage publié par RBC Assurance en janvier 2018, par exemple. Le coût d’acquisition élevé du contrat de rente et le sentiment associé à la perte du capital versé en cas de décès prématuré sont des considérations qui peuvent dissuader les épargnants d’opter pour ce type de solution. 

« La plupart des Canadiens ne savent pas que les rentes existent ou comprennent mal ce produit, ce qui explique pourquoi très peu d’entre eux les intègrent dans leur régime de retraite », suggère Jean Salvadore, directrice générale de l’assurance de patrimoine à RBC Assurances. 

Le contrat de rente peut toutefois être assorti d’une option voulant qu’en cas de décès prématuré, sa valeur résiduelle soit versée à un bénéficiaire désigné. Une personne ayant souscrit une rente viagère garantie sur 10 ans recevra donc sa rente tout au long de sa vie, même si celle-ci se prolonge pendant 30 ans. Dans le cas où cette personne décède deux ans après le début des versements, « un montant forfaitaire correspondant aux paiements pour les huit années restantes serait versé à [son] bénéficiaire », précise l’ACCAP. 

Au même titre qu’un propriétaire contracte une assurance habitation pour prévenir les pertes liées à un éventuel sinistre, la décision de se procurer une rente viagère « doit être prise dans le but de prévenir le risque de longévité, affirme Daniel Laverdière, planificateur financier et directeur principal à Banque Nationale Gestion privée 1859. Alors, peu importe le moment du décès, la rente aura joué son rôle. »

 

Combo assurance vie

Une autre option susceptible d’apaiser les craintes liées au risque de longévité consiste à combiner l’assurance vie à d’autres instruments d’épargne pour compléter le revenu de retraite. 

« Si vous avez une assurance vie permanente ayant une valeur de rachat, vous pouvez emprunter sur cette épargne et dépenser ou investir l’argent emprunté, indique l’Agence de la consommation en matière financière du Canada. Vous pouvez aussi déduire les frais d’intérêt lorsque vous faites votre déclaration de revenus. Après votre décès, l’indemnité de décès pourra servir à rembourser le prêt. » 

S’il est effectivement possible de retirer des fonds d’un contrat d’assurance vie permanente, cette démarche pourrait toutefois entraîner des conséquences fiscales. Le retrait pourrait par exemple être assujetti à l’impôt sur le revenu si la valeur de rachat du contrat excède son coût de base rajustée. 

Une autre option propre à l’assurance vie permanente avec valeur de rachat consiste justement à demander une avance sur la valeur de rachat du contrat. Cette avance proviendra du capital-décès payable du contrat d’assurance. Dans ce cas également, l’action pourrait entraîner des conséquences en matière d’impôt. 

La stratégie la plus « rentable » en lien avec les contrats d’assurance vie permanente consiste généralement « à mettre en garantie la police d’assurance vie (hypothèque mobilière) afin d’obtenir une marge à faible taux d’intérêt », affirme Pascal Larivière, planificateur financier et directeur de division à IG Gestion de patrimoine. Selon lui, cette démarche « est moins coûteuse que d’effectuer un emprunt sur la police et elle évite l’imposition d’un retrait de la valeur de rachat puisque l’hypothèque ne constitue pas une disposition fiscale ». 

Le planificateur insiste toutefois sur la prudence que le recours à ce type de stratégie commande. « Même si cela peut être très attrayant, il s’agit d’un effet de levier, fait remarquer Pascal Larivière. Non seulement la tolérance au risque du client doit être préalablement validée, mais ce dernier devrait également consulter des professionnels des questions légales et fiscales avant de tirer ses propres conclusions. »