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Penser retraite ou liberté financière?

Richard Cloutier|Édition de la mi‑juin 2021

Penser retraite ou liberté financière?

« Lorsqu’on évalue que le mode de vie net d’une année considérée comme normale ou représentative peut être préservé jusqu’à l’espérance de vie — en tenant compte de l’indexation — sans nouveau revenu activement gagné dans le futur, alors on peut généralement dire que l’indépendance financière est atteinte », détaille Pascal Larivière, planificateur financier et directeur de division à IG Gestion de patrimoine. (Photo: courtoisie)

RETRAITE. Le Canadien moyen prévoit prendre sa retraite à 64 ans et s’attend à avoir besoin de 697 000 $ en épargne-retraite, indique un sondage de la Banque Scotia publié en février 2020. 

Même s’il se réjouit du fait que le sondage indique que 68 % des Canadiens aient commencé à épargner en prévision de leur retraite, le premier vice-président des dépôts de détail, des placements et des paiements à la Banque Scotia, D’Arcy McDonald, signale toutefois que « de toute évidence, ils ne savent pas s’ils épargnent suffisamment ». 

Le spécialiste affirme que de « nombreux conseillers suggèrent que le seuil d’une retraite sûre et confortable serait de 1 million de dollars, bien plus que les quelque 700 000 $ que le Canadien moyen pense devoir épargner ». Toutefois, ajoute-t-il, « bien qu’il n’y ait pas de chiffre magique, l’épargne dont une personne aura besoin dépend surtout de ses habitudes de dépenses personnelles et de son style de vie ». 

De son côté, l’organisme ÉducÉpargne signale que « généralement, une personne a besoin de 60 à 80 % de son revenu annuel brut moyen des trois dernières années de travail afin de maintenir son niveau de vie à la retraite ». Cette estimation considère que les dépenses liées au travail vont diminuer ou être éliminées, mais que celles qui concernent les soins de santé et les activités sociales et récréatives vont augmenter.

Pour y voir plus clair, l’une des premières étapes d’une approche structurée de planification de retraite devrait justement consister à établir le besoin financier, indique le fiscaliste et planificateur financier Martin Dupras, propriétaire de ConFor financiers. 

Pour établir l’enveloppe budgétaire requise, le particulier doit effectivement identifier à quel genre de retraite il aspire. Cet exercice de planification permettra de « déterminer notamment la faisabilité (ou non) du projet », ainsi qu’une optimisation du décaissement des actifs et régimes de retraite détenus, selon Martin Dupras. 

Cet exercice devrait également permettre d’établir l’âge de liberté financière — c’est-à-dire le moment à partir duquel le particulier a le loisir de quitter son emploi, car celui-ci passe d’une activité principalement rémunératrice à une façon de se réaliser —, signale le fiscaliste. Selon les actifs et les régimes de retraite auxquels le particulier participe, l’exercice pourrait par exemple permettre de déterminer une capacité de prendre sa retraite dès 61 ans, même si l’âge cible est fixé à 65 ans.

 

Le sentiment de liberté financière

« Lorsqu’on évalue que le mode de vie net d’une année considérée comme normale ou représentative peut être préservé jusqu’à l’espérance de vie — en tenant compte de l’indexation — sans nouveau revenu activement gagné dans le futur, alors on peut généralement dire que l’indépendance financière est atteinte », détaille Pascal Larivière, planificateur financier et directeur de division à IG Gestion de patrimoine. 

L’atteinte de ce statut apporte habituellement un grand sentiment de sécurité et de liberté, témoigne-t-il. « Il permet à nos clients d’avoir alors le libre choix vis-à-vis de leur occupation, explique-t-il. Le fait de travailler peut répondre à un besoin personnel de s’occuper, de contribuer ou de se réaliser, plutôt que d’être uniquement une réponse à une obligation financière. » 

Selon son expérience, la plupart des épargnants disciplinés vont atteindre ce point d’indépendance financière et vont même préférer continuer d’accumuler « au cas où ». Il croit que dans certains cas, le sentiment inverse « d’insécurité financière » — une tendance « souvent tirée de leur éducation ou historique familial » — est une motivation profonde qui les a guidés jusque-là à épargner. 

« Rendu à un certain point, c’est notre rôle de planificateur financier de faire réaliser à ces clients-là qu’ils sont libres financièrement et qu’ils devraient en profiter, même si, au moment de décaisser, cela peut leur paraître très perturbant », mentionne Pascal Larivière. 

« Il faut pour cela s’assurer que le mode de vie ait été évalué fidèlement et de manière réaliste, mettre ces chiffres en perspective, développer des scénarios de projections financières conservateurs, les expliquer, les vulgariser et répéter », précise-t-il.

 

Les impacts de la pandémie

L’espérance de vie, l’état de santé et l’inflation sont autant de facteurs qui peuvent avoir un impact sur la retraite. À cela s’ajoutent les situations imprévues comme la pandémie de COVID-19. 

Près de la moitié des Canadiens qui ne sont pas déjà à la retraite affirment d’ailleurs que la pandémie les a faits « réfléchir sur leur retraite et le chemin pour y arriver », constate un sondage d’IG Gestion de patrimoine publié en février dernier. 

De même, 33 % des Canadiens non retraités croient que la pandémie retardera leur départ à la retraite. Aussi, 67 % des 1508 répondants disent maintenant réaliser la nécessité de disposer d’un fonds d’urgence, aujourd’hui et une fois à la retraite. 

Une précaution qu’approuve Damon Murchison, président et chef de la direction d’IG Gestion de patrimoine. « Pour se sentir financièrement en sécurité et en confiance en vue de la retraite, il faut un plan de match qui indique non seulement ce que vous souhaitez faire à la retraite, mais aussi le montant pour y parvenir », rappelle-t-il. 

C’est pourquoi il faut selon lui continuellement se concentrer sur l’épargne-retraite, tout en gardant en tête qu’il « peut être tout aussi important que son plan financier soit évolutif, afin de s’adapter à des priorités changeantes ».