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Clients à valeur élevée : faut-il songer aux actifs numériques?

Jean Décary|Édition de la mi‑octobre 2024

Clients à valeur élevée : faut-il songer aux actifs numériques?

(Photo: Adobe Stock)

CLIENTS À HAUTS REVENUS. Les actifs numériques, dont les cryptomonnaies sont l’un des principaux porte-étendard, englobent une kyrielle d’éléments (photos, vidéos, livres, etc.) et représentent en soi une nouvelle classe d’actifs pour l’investisseur qui souhaite s’aventurer hors du périmètre des placements plus traditionnels. Mais est-ce une avenue à explorer, même pour ceux qui ont les poches profondes? Les avis divergent.

« Oui je crois que c’est une option à privilégier, je suis peut-être un peu biaisé [NDLR Rivemont propose un fonds de cryptos], mais surtout pour une personne à valeur élevée –  qui peut se permettre d’augmenter son niveau de risque – je crois qu’elle devrait considérer l’option des cryptomonnaies », affirme Martin Lalonde, gestionnaire de portefeuille et président-fondateur de la firme Rivemont.

Il reconnaît que ça reste une classe d’actif qui est plus risquée et plus volatile, mais qui historiquement a néanmoins offert des rendements très élevés. « Ce n’est plus niché comme autrefois, car il y a aujourd’hui une offre de fonds négociés en Bourse et même Fidelity en proposent ». Selon lui, la nouvelle génération est plus intéressée par ce type d’investissement. « On a récemment fait des présentations à des Family Office et on sent l’intérêt grandissant des 2e ou 3e génération pour ce type d’actif. »

Martin Lalonde émet cependant des réserves lorsqu’on déborde du champ des cryptomonnaies pour considérer d’autres actifs numériques comme les NFT, ces jetons non fongibles. « C’est encore une zone grise et je suis d’avis que la première étape de celui ou celle qui veut s’aventurer sur le plan des actifs numériques est d’abord de considérer le Bitcoin, qui est le leader dans le domaine. »

Dans quelle proportion? « Cela dépend du profil de risque », précise le gestionnaire de portefeuille. « Ça peut aller de 1% à 15%, selon la thèse d’investissement. Le client doit cependant y croire. » Mais 5% est selon lui idéal pour faire bouger l’aiguille, sans pour autant mettre en péril le portefeuille.

Un actif plus spéculatif?

« On se tient à l’écart de cette classe d’actif, car on est d’avis que ton argent doit travailler pour atteindre tes objectifs, pour ce faire tu dois être propriétaire d’entreprises profitables qui répondent à des besoins en fournissant des biens et des services », explique Alexandre Legault, vice-président et gestionnaire de portefeuille chez Allard Allard et associés.

Il fait remarquer qu’historiquement les deux meilleures façons de s’enrichir ont été par la détention d’actions ou d’obligations. Il mentionne des statistiques relevées par Jeremy Siegel dans son livre Stocks for the long run. Sur une période de 220 ans, un dollar investi dans le marché boursier aurait multiplié le pouvoir d’achat par 1 900 000 fois; 1$ dans le marché obligataire américain par 2 400; et 1$ dans un lingot d’or par 4 fois…

« Quand tu investis, tu peux soit être un propriétaire d’entreprises, un prêteur, un collectionneur ou un écureuil (un entasseur compulsif), mais les deux premiers sont nettement plus avantageux », explique-t-il à la blague.

Pour eux, les cryptomonnaies ne génèrent pas de profits ni d’intérêts. Le buzz entourant tout le phénomène de la crypto lui fait penser à l’épisode à la Tulipomania qui est survenue au 17e siècle, alors que les bulbes de tulipes se mirent à se négocier à gros prix jusqu’à l’éclatement de la bulle qui plongea la Hollande dans une crise financière.

« Avec la crypto –  et cela vaut aussi pour l’or, les œuvres d’art, les cartes d’hockey, les timbres ou les pièces de collection –  la seule façon de faire de l’argent est si quelqu’un est prêt à payer plus cher que ce que tu as payé quelque part dans le futur. Selon notre définition, c’est de la spéculation plutôt que de l’investissement. ». 

Qu’entend-t-on par actifs numériques?

L’assistant virtuel ChatGPT propose une définition d’actifs numériques : « des ressources ou des biens qui existent sous forme numérique et qui ont de la valeur. Ils peuvent inclure diverses formes de données, de fichiers, de contenus et de valeurs numériques qui peuvent être échangées ou stockées électroniquement. » Ces biens se distinguent des actifs physiques traditionnels, comme l’immobilier ou l’or, car ils sont créés, échangés et stockés en ligne. La technologie de la blockchain serait celle la plus associée aux actifs numériques, même si d’autres technologies sont utilisées pour la gestion, la protection et le transfert de ces actifs.

Parmi les ressources ou les biens que l’on retrouve sous format numérique, il y a bien sûr les cryptomonnaies, comme le Bitcoin, l’Ethereum, et plusieurs autres. Il y a aussi les Tokens, « des jetons numériques représentant divers actifs, y compris des parts d’entreprises, des objets virtuels ou d’autres types de biens. » Le modèle développé par OpenAI mentionne également le contenu numérique (musique, vidéos, images, et œuvres d’art numériques, souvent protégées par des droits d’auteur) et les NFT (Non-Fungible Tokens), « des jetons non fongibles qui représentent la propriété ou l’authenticité de biens uniques numériques ou physiques. »

L’Autorité des marchés financiers (AMF) rappelle que bien que « certains cryptoactifs (cryptos) peuvent être utilisés comme forme de paiement ou comme moyen d’échange, ils n’ont cependant pas cours légal au Canada. » Ces transactions ne sont pas non plus couvertes par la Protection des dépôts.