Des chambres d’hôtels dix fois plus cher que les autres fins de semaine
La Presse Canadienne|Publié le 02 novembre 2024Taylor Swift arrive avant le début d'un match de football américain de la NFL à Kansas City, au Missouri, le lundi 7 octobre 2024. (Photo: Charlie Riedel / AP)
Kelly Hall, une amatrice de Taylor Swift, était ravie d’avoir déjoué les pronostics en ayant obtenu trois billets tant convoités pour sa tournée «Eras» à Vancouver.
Elle a ensuite commencé à chercher un hôtel.
Kelly Hall, qui vit à Oshawa, en Ontario, avait prévu prendre l’avion pour Vancouver avec son mari et une autre personne pour la fin de semaine du spectacle du 8 décembre, mais la chambre la moins chère coûtait environ 1200$ la nuit.
«Nous avons décidé que si ce week-end à lui seul – seulement trois nuits – devait nous coûter entre trois et cinq mille dollars en hébergement, cela n’en valait tout simplement pas la peine pour nous», a affirmé Kelly Hall, qui est conseillère financière.
Alors ils ont fait l’impensable: «Nous avons décidé de vendre les billets.»
La situation à laquelle sont confrontés les amateurs de Swift qui ne sont pas à Vancouver est peut-être encore pire maintenant. Certaines chambres d’hôtel et locations à court terme à Toronto et à Vancouver les fins de semaine de spectacle coûtent dix fois plus cher que les autres fins de semaine.
Certains amateurs, comme Kelly Hall, réduisent leurs pertes potentielles et vendent leurs billets, tandis que d’autres trouvent des solutions créatives, notamment en troquant leurs billets inutilisés contre un hébergement.
L’Association des hôtels de la Colombie-Britannique a refusé les demandes d’entrevue sur les fluctuations de prix, et l’Association des hôtels du Grand Toronto n’a pas répondu à une demande d’entrevue dans l’immédiat.
Taylor Swift entame la partie canadienne de sa tournée ce mois-ci avec six dates à Toronto entre le 14 et le 23 novembre.
Les chambres d’hôtel près du lieu du spectacle pendant ces dates, notamment le Toronto Marriott City Centre Hotel, rattaché au centre Rogers, sont proposées à environ 2000$ la nuit. Ce même hôtel propose des chambres à 240$ début novembre.
À Vancouver, où Taylor Swift termine sa tournée mondiale avec trois concerts du 6 au 8 décembre, les prix des hôtels ont explosé. La fin de semaine précédente, les chambres d’hôtel du centre-ville se trouvent à environ 300$ la nuit. Les mêmes chambres coûtent environ 3000$ la nuit pendant que la chanteuse est en ville.
Les coûts de location sur Airbnb et VRBO ont également explosé. Un appartement de Vancouver répertorié sur VRBO comme pouvant accueillir six personnes et situé à distance de marche du lieu du spectacle était annoncé pour 7500 $ la nuit pendant les spectacles, ce qui équivaudrait à plus de 10 000 $ après les frais de service et d’hébergement.
Le même appartement de False Creek, bien qu’il ne soit pas répertorié chaque semaine, est disponible à la location en août prochain à 820 $ la nuit. L’hôte de la location n’a pas répondu aux demandes d’entrevue au moment d’écrire cet article.
Un manque de disponibilité?
Alors que les amateurs se sont rendus sur les forums en ligne pour se plaindre des prix, l’économiste Thomas Davidoff a déclaré qu’il «ne voit pas vraiment de problème avec les prix élevés sur Airbnb ou les hôtels».
«Il y aura une tonne de demandes d’hôtels et une tonne de demandes d’Airbnb, et vous savez que les prix refléteront cette demande, et c’est approprié. Si vous n’aviez pas de prix élevés, vous auriez un rationnement plus aléatoire des unités», a déclaré Thomas Davidoff, professeur associé à l’École de commerce Sauder de l’Université de la Colombie-Britannique.
Il a dit que l’un des problèmes en Colombie-Britannique est le manque de disponibilité en raison de la réglementation des locations à court terme.
En mai, la Colombie-Britannique a limité les locations à court terme à la maison d’un hôte, à une suite au sous-sol ou à une maison dans l’allée de la propriété où il vit – bien qu’une recherche sur les sites de location suggère que les infractions aux règles ne sont pas rares.
Selon Thomas Davidoff cette mesure «a probablement eu des avantages pour les locataires [à long terme)], mais elle a provoqué «dans des moments comme celui-ci, une très grave pénurie de logements à court terme».
«La plupart des économistes ne sont pas si tristes de la tarification dynamique […] et si vous voulez éviter le problème du « pas assez », alors déréglementez les hôtels ou Airbnb», a-t-il ajouté.
Le ministère du Tourisme de la Colombie-Britannique a déclaré dans un communiqué que les locations à court terme étaient toujours autorisées en Colombie-Britannique et que Vancouver «avait déjà une exigence de résidence principale» pour les locations à court terme avant que les règles provinciales ne soient modifiées.
Un principe «détaché de la réalité»
Ken Whitehurst, directeur général du Conseil des consommateurs du Canada, croit que l’affirmation selon laquelle les prix devraient refléter la demande est trop simpliste et «détachée de la réalité».
«L’idée que les prix [de] quelque chose qui est habituellement abordable pour les gens peuvent fluctuer de manière importante va à l’encontre des notions que nous avons dans notre société sur l’équité», a-t-il soutenu.
Ken Whitehurst dit que même si cela n’est peut-être pas illégal, cela peut entraîner d’autres conséquences pour les fournisseurs, comme la perte de futurs contrats.
Les forums Facebook de «Swifties» sont maintenant remplis de personnes essayant d’échanger des billets pour Toronto et Vancouver en raison des coûts élevés de l’hébergement, ainsi que de demandes de conseils locaux sur les emplacements des hôtels et les options de transport pour éviter les tarifs élevés près des salles de concert.
L’Américaine Heather Cox se rend à Vancouver depuis Atlanta, en Géorgie, pour le spectacle du 7 décembre après avoir obtenu six billets. Après qu’un membre de son groupe n’a pas pu assister au spectacle, elle a accepté d’échanger le billet supplémentaire contre quatre nuits dans l’appartement d’un autre «Swiftie».
«Les prix des hôtels étaient hors de contrôle, a-t-elle indiqué. J’ai alors commencé à chercher un Airbnb et, encore une fois, les prix étaient hors de contrôle.»
Heather Cox a déclaré qu’ils avaient signé un «accord de troc légal» ainsi qu’un formulaire de responsabilité et qu’ils avaient l’intention de faire l’échange de billets en personne. Le résidant de l’appartement séjournera chez un ami.
Les deux parties ont estimé que c’était équitable, puisque le prix de revente d’un billet et celui d’un hébergement à proximité du stade étaient similaires, a précisé Heather Cox. Le site de revente de billets StubHub répertorie les billets simples pour le spectacle à partir d’environ 3000$.
«Ce qui est unique, je pense, chez les amateurs de Taylor Swift, c’est qu’ils apprécient vraiment les autres amateurs de Taylor Swift», a expliqué Mme Cox, notant qu’elle en a vu d’autres conclure des accords similaires.
«Nous voulons tous que tout le monde puisse en profiter.»
Elle a dit qu’il était «décevant» de voir des prix d’hébergement exorbitants.
«C’est vraiment dommage que ce ne soit qu’une question d’argent, a-t-elle soutenu. Je veux dire, oui, vous pourriez toujours les augmenter plus que leur tarif habituel, mais pas au point de priver les gens de la possibilité d’assister à tout cela.»
Absence de réglementation
Ken Whitehurst, du Conseil canadien des consommateurs, a déclaré que la tarification dynamique est souvent «appliquée de manière assez énergique» dans l’industrie du voyage, y compris par les compagnies aériennes et les hôtels.
Il a déclaré que l’une des principales raisons est que les dispositions sur ce qui constitue un abus de prix ne sont pas bien définies.
«Il n’y a probablement rien dans la loi sur la protection des consommateurs qui va réglementer cela au niveau fédéral (et) le Bureau de la concurrence ne s’en occuperait probablement pas à moins qu’il y ait une indication de collusion dans la fixation des prix ou de fausse déclaration des prix», a-t-il affirmé.
Alexander Cohen, porte-parole du ministère fédéral du Tourisme, a déclaré que le gouvernement fédéral était «préoccupé par les informations faisant état de prix élevés pour les hôtels à Toronto et à Vancouver».
Il a toutefois ajouté que «la législation sur la consommation reste une responsabilité provinciale».
Le ministère des Services au public et aux entreprises et de l’Approvisionnement a déclaré que les entreprises n’étaient pas autorisées à se livrer à des pratiques déloyales en vertu de la Loi sur la protection du consommateur.
Cela comprend, selon le ministère, le fait de facturer un prix qui dépasse largement le prix auquel des biens ou services similaires sont facilement disponibles pour les consommateurs. Le ministère n’a pas répondu directement à l’exemple des frais d’hôtel pendant les concerts de Taylor Swift.