«Derrière chaque plateforme, il y a un humain qui recherche une connexion qui transcendera son téléphone», dit notre expert invité Jérémy Grandmont. (Photo: 123RF)
EXPERT INVITÉ. Drôle de titre pour mon billet mensuel, n’est-ce pas? Soyez sans crainte, d’ici la fin de ce texte, vous comprendrez où je veux en venir. Enfin, je l’espère.
Pour commencer, j’ai une question pour vous. Avez-vous lu le livre intitulé Le piège du bonheur, par le Dr Russ Harris?
Non? Ce n’est pas grave. Permettez-moi simplement de vous expliquer le message général de l’ouvrage. L’auteur affirme que l’humain est tombé dans une sorte de quête absolue du bonheur et que les moyens que nous prenons pour y parvenir finissent en bout de ligne par nous rendre malheureux.
Selon lui, notre idée de vouloir à tout prix être heureux contribuerait à augmenter notre stress, notre anxiété et serait l’une des causes de la dépression.
Loin de moi l’idée de comparer les médias sociaux à notre quête du bonheur. Cependant, je trouve qu’il y a beaucoup de similitudes entre notre consommation et utilisation des plateformes numériques et notre niveau de bonheur.
J’irais même jusqu’à dire que je suis moi-même tombé dans le piège des médias sociaux à un moment de ma vie.
Oui, oui, je vous le dis et vous savez quoi? Vous aussi.
À une époque où les médias sociaux constituent une partie de notre identité, il est difficile de s’en séparer:
- Pour l’individu moyen, ils sont une manière de rester connecté sur le monde.
- Pour l’entrepreneur, ils lui permettent de propulser son entreprise.
- Pour d’autres, ils consistent en une source infinie d’apprentissages.
Cela dit, je crois toutefois que pour rester sain d’esprit et équilibré envers notre utilisation des médias sociaux, il faut être aux aguets des différents pièges dans lesquels trop de gens tombent.
L’économie de l’attention et l’entrepreneuriat en 2024
En création de contenu, combien de fois avez-vous entendu quelqu’un vous dire qu’il vous fallait une bonne accroche (un hook), car sinon personne n’écouterait votre vidéo.
Cette compétition que nous avons tous entre nous pour gagner l’attention du public me fascine beaucoup. En effet, elle module nos comportements et nos actions. Elle nous amène à penser que l’humain du numérique n’écoute plus de vidéos de plus que quelques secondes.
Pourtant, ce n’est aucunement le cas. Même que selon moi (et plusieurs statistiques), Youtube est LA plateforme à considérer pour les prochaines années. Des documentaires comme KAIZEN du Youtubeur Inoxtag le démontrent clairement.
D’une durée de plus de 2 heures 26 minutes, ce chef d’œuvre totalise maintenant plus de 38 millions de visionnements en 2 mois.
C’est donc dire que nous tombons tous dans ce piège. Nous voulons du contenu qui se consomme rapidement, parce que nous pensons que c’est la chose à faire pour avoir l’attention des gens. Vraiment?
De mon côté, j’attends toujours qu’une entreprise décide de bâtir une campagne de marketing d’influence complète avec comme point de départ: Youtube.
Imaginez par exemple suivre une créatrice de contenu qui se prépare pour son marathon pendant 1 an à travers une vidéo Youtube commanditée par plusieurs marques axées autour du sport.
Dans la vidéo, on pourrait y retrouver une histoire unique, mais aussi plusieurs extraits qui se transformeraient facilement en courtes vidéos pour d’autres plateformes numériques.
Je suis persuadé que beaucoup seraient investis dans ce contenu et achèteraient des produits mis de l’avant dans cette campagne numérique.
Au Québec présentement, le Groupe Abbatiello (Pizza Salvatoré) a très bien compris ce concept. Ils ont autoproduit une websérie à propos de leur quotidien diffusée notamment sur TikTok. Au moment d’écrire ces lignes, en 25 vidéos (d’une durée de 4 à 6 minutes chacune), ils cumulent autour de 2 500 000 visionnements au total et ont plus de 33 000 abonnés sur leur page.
L’attention est l’un des meilleurs actifs qu’une entreprise puisse avoir. Et elle est de plus en plus difficile à atteindre, non pas parce que notre cerveau est moins attentif (oui certes), mais parce qu’il y a tout simplement trop de choses à regarder.
Alors, il faut repousser les barrières créatives pour se démarquer efficacement.
L’humain derrière la plateforme et l’importance de s’investir pour de vrai
Dans une ère où l’intelligence artificielle est partout, dans une économie qui nous fait toujours aller plus vite: ne tombez pas dans le piège de vouloir tout, tout de suite, avec vos médias sociaux.
J’ai la chance d’enseigner le marketing d’influence et la création de contenu à des groupes de professionnels et d’étudiants. À chaque fois que je rencontre de nouvelles personnes, je suis sidéré de constater à quel point chacune d’elle veut, tout plus vite.
- Quand vais-je faire mes premières ventes grâce aux médias sociaux?
- Quand vais-je pouvoir devenir influenceur?
- Comment attirer les meilleurs employés à travailler pour moi?
À chaque fois, j’ai l’impression que cette quête absolue de la réussite sur les médias sociaux éloigne les gens du secret le plus facile à mettre en place pour y arriver: s’investir pour de vrai.
Vous voulez générer des ventes? Alors, montrez-moi que votre entreprise en vaut la peine.
Vous voulez devenir influenceur? Alors, mettez votre création de contenu au service de l’art et montrez au monde entier votre créativité.
Vous voulez attirer les meilleurs employés chez vous? Alors, arrêtez de nous montrer juste le beau, montrez-nous le vrai.
Ce billet ne se veut pas cynique, au contraire. Derrière chaque plateforme, il y a un humain qui recherche une connexion qui transcendera son téléphone.
