Organisateurs d’événements, offrez-vous une subvention!
Claudine Hébert|Édition de la mi‑septembre 2024Mis en place d’abord par Destination Victoriaville en 2013, ces divers incitatifs (ou fonds) — dont les budgets annuels peuvent varier de 50 000 $ à près de 150 000 $ — ont gagné près d’une dizaine de destinations au Québec. (Photo: courtoisie)
RÉUNIONS ET CONGRÈS. Outre les stratégies misant sur les aptitudes de persuasion des champions locaux, les incitatifs financiers accordés aux organisateurs d’événements d’affaires et sportifs, constituent, ces jours-ci, l’autre facteur non négligeable qui influence le choix d’une destination par rapport à une autre.
Mis en place d’abord par Destination Victoriaville en 2013, ces divers incitatifs (ou fonds) — dont les budgets annuels peuvent varier de 50 000 $ à près de 150 000 $ — ont gagné près d’une dizaine de destinations au Québec. Sherbrooke a désormais le sien depuis 2015. Laval, Saguenay, Rivière-du-
Loup, Trois-Rivières, ainsi que des organismes tels que Tourisme Outaouais et Tourisme Lac-Saint-Jean ont également emboîté le pas dans cette direction. En fait, cette stratégie monétaire est à tel point répandue que celles et ceux qui n’en ont pas admettent qu’il s’agit d’un réel désavantage concurrentiel.
« C’est souvent la première question qu’on nous pose, à savoir si nous avons une aide financière ou pas », avoue Janie Bolduc-Jacob, coordonnatrice du tourisme d’affaires à Tourisme Laurentides. Question à laquelle son organisme répond par la négative. Ce qui commence à devenir un inconvénient lors des soumissions et des négociations pour ses membres, dit-elle. Ce que confirme la directrice des ventes au Manoir Saint-Sauveur. « Depuis la pandémie, ce sont minimum de trois à quatre contrats par année que l’on perd au profit d’un hôtel d’une autre région où ces programmes existent », partage Carole Tétrault, directrice des ventes du Manoir Saint-Sauveur.
Un désavantage qui est surtout palpable au sein du marché associatif, tient-elle toutefois à préciser. « Les quelques milliers de dollars que les autres destinations proposent à ces organisations font souvent une différence pour le transport des participants et les autres dépenses liées à la tenue de leur rendez-vous annuel », constate la gestionnaire.
Tourisme Drummondville ne dispose pas de cette carte dans son jeu non plus. « Par conséquent, l’absence de ce petit coup de pouce ajoute un défi supplémentaire dans nos négociations auprès du milieu associatif », reconnaît Caroline Milot, propriétaire de l’Hôtel et Suites Le Dauphin, à Drummondville. « Il faut, poursuit-elle, miser davantage sur la qualité de notre produit et de nos services pour nous distinguer. » N’empêche que les hausses des taux d’intérêt et l’augmentation des coûts de la main-d’œuvre depuis la pandémie favorisent une « guerre de prix » entre les hôtels et les destinations, déplore-t-elle. Elle estime qu’au moins de six à huit événements associatifs filent entre les doigts de son équipe des ventes faute de programme incitatif au sein de sa destination.
Des nuitées et des activités…
À quoi ressemblent ces programmes qui, sauf exception, sont essentiellement financés par les Villes elles-mêmes ? Prenons celui que propose le pionnier d’entre eux, le Fonds Destination Victoriaville. En place depuis près de 12 ans, ce fonds est constitué d’un montant annuel de 125 000 $.
« L’an dernier, ce sont plus de 25 organisations (associations et entreprises) qui ont bénéficié de notre aide financière », signale Kim Savoie, directrice du tourisme à Destination Victoriaville. Initialement, ces organisations devaient tenir leur événement pour une première fois à Victoriaville pour bénéficier d’une quelconque aide. « Nos critères ont cependant changé. Tout organisme associatif qui génère plus de 150 nuitées (la barre est fixée à 30 nuitées et plus pour les entreprises) peut désormais être admissible à notre fonds », explique la gestionnaire. Une organisation qui signe et confirme la tenue de son événement pour les trois prochaines années peut même percevoir une subvention garantie pour les événements des deux années suivantes, note-t-elle. Afin de toucher l’aide maximale fixée à 15 000 $ par événement, l’organisation doit générer 350 nuitées et plus et inclure au moins deux activités dans la région au programme du rendez-vous, avise Kim Savoie.
… et des fournisseurs locaux
À Sherbrooke, les organismes associatifs, d’affaires et sportifs peuvent bénéficier d’un montant allant jusqu’à 8000 $, issu du Fonds d’aide aux congrès et aux événements. Ici aussi, la condition d’une première visite ne tient plus. En revanche, le rendez-vous doit générer plus de 200 nuitées et ne pas avoir eu lieu en ville depuis au moins cinq ans. « L’offre est bonifiée si l’organisation préconise des fournisseurs locaux, en plus de favoriser des critères de développement durable. Un montant de 1000 $ s’ajoute si le rendez-vous est d’envergure nationale ou internationale », indique Catherine Arguin, déléguée congrès à la nouvelle Division de l’attraction, rétention, promotion et structures touristiques au Service du développement économique de la Ville de Sherbrooke.
« En 2023, un total de près de 90 000 $ a été versé à plus d’une quinzaine d’entre elles », fait savoir la déléguée Arguin. Cette aide a permis d’alléger les charges liées à l’organisation et de bonifier, dans plusieurs cas, les événements par l’ajout d’une activité ou d’un conférencier vedette.
Des retombées palpables
En Outaouais, le Programme de soutien aux événements et congrès est, lui aussi, très apprécié par les organisations provinciales et nationales qui choisissent la région comme lieu de rendez-vous, soutient André Groulx, directeur événements d’affaires et développement à Tourisme Outaouais. Sans vouloir dévoiler le budget annuel, le gestionnaire indique qu’une somme de plus de 186 000 $ a été attribuée pour des événements prévus en 2024, 2025 et 2026. « Nous estimons que ces rendez-vous, qui totalisent pour le moment près de 12 500 nuitées, ont le potentiel de générer des retombées de près de 4,4 millions de dollars pour la région, affirme le directeur. À nos yeux, c’est un bon investissement. »