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Donner au suivant en équipe

Claudine Hébert|Édition de la mi‑septembre 2022

Donner au suivant en équipe

Parmi le personnel du Manoir D'Youville, plus d’une dizaine d’autistes travaillent en cuisine et dans les jardins, où ils cultivent et récoltent les fruits et légumes. (Photo: courtoisie)

RÉUNIONS ET CONGRÈSQu’il s’agisse de discuter en équipe, de consolider les liens, de festoyer ou de se rassembler, être altruiste fait du bien au moral. Imaginez quand, en plus, ces ralliements génèrent des bénéfices au sein des collectivités où ils ont lieu! Trois suggestions de sortie à forte portée sociale.

 

Se réunir au profit de la santé mentale

Au Manoir D’Youville, les organisations ne chérissent pas seulement un lieu enchanteur, bordé par la rivière Châteauguay et le lac Saint-Louis. « Elles choisissent de venir en aide à une dizaine d’organismes en santé mentale », expose le directeur général de l’endroit, Jean-Martin Côté.

Depuis 2011, ce centre de villégiature de 114 chambres situé sur l’île Saint-Bernard, à Châteauguay, est géré par la Fondation Compagnom. L’organisme sans but lucratif verse l’entièreté de ses profits aux initiatives régionales qui favorisent une meilleure santé mentale. Parmi le personnel du Manoir, plus d’une dizaine d’autistes travaillent en cuisine et dans les jardins, où ils cultivent et récoltent les fruits et légumes. L’établissement préconise également les fournisseurs et les produits locaux. « Notre objectif est de présenter une hôtellerie dont la mission sociale est la même que celle des Sœurs grises, qui ont occupé ces lieux pendant plus de 200 ans », explique le dirigeant du complexe.

Ce souci en matière de tourisme durable a été récompensé en 2021. Le bistro La Traite, qui figure parmi les produits du centre de villégiature, a obtenu la mention Traveller’s Choice, décernée par le voyagiste Tripadvisor. Cette mention est remise à seulement 10 % des restaurants recensés dans le monde entier, souligne fièrement le directeur général.

Composé d’une dizaine de salles, dont les capacités varient de 15 à 145 personnes, le Manoir déploie ses charmes pour attirer les gens d’affaires. Une clientèle qui représentait à peine 5 % des revenus il y a cinq ans. « Aujourd’hui, elle constitue plus de 20 % de nos profits. Et nous sommes sûrs qu’avec notre modèle d’affaires, ces clients généreront bientôt 50 % de nos revenus », poursuit le gestionnaire.

Afin d’attirer davantage d’entreprises et d’organismes qui souhaitent donner au suivant, près de 2 millions de dollars (M$) seront injectés au cours des trois prochaines années pour renouveler le décor des chambres de l’établissement. Déjà 500 000 $ ont servi à rafraîchir les espaces communs. Un projet de spa est aussi dans les cartons de l’équipe de gestion.

 

Faire du bien à sa collectivité

Depuis 2016, les entreprises et organismes beaucerons disposent aussi d’un lieu de rencontre qui carbure à l’économie sociale. Situé à Saint-Jules, le village Aventuria a non seulement pour mission de revitaliser sa toute petite collectivité d’à peine 500 âmes, mais elle donne aussi un solide coup de pouce à des centaines de familles de la MRC Beauce-Centre dans la région de Chaudière-Appalaches.

Cette destination est aménagée sur le site d’une ancienne école primaire, fermée en 2001. Tous les profits sont versés à l’organisme Club Parentaide. Outre l’école, transformée en centre communautaire, le complexe est doté d’un parcours aérien, d’un village animé, d’une quinzaine de tyroliennes et d’une salle panoramique (O Sommet). Cette dernière peut accueillir jusqu’à 200 personnes en formule cocktail et fait déjà l’objet d’un agrandissement. Construite en 2019 et évaluée à 1 M$, toute l’infrastructure a été entièrement financée grâce aux dons en argent et en matériaux des gens de la région, précise son directeur général Éric Poulin.

Les projets de rénovation ne s’arrêtent pas là. Plus de 2 M$ sont prévus pour aménager une salle à manger distincte de 45 places ainsi qu’une vaste cuisine qui servira de restaurant-école pour une quinzaine d’élèves. Endossant des valeurs d’inclusion et de collaboration, ce projet a été rendu possible grâce à un partenariat avec le Centre de services scolaire de la Beauce-Etchemin.

Un autre projet de près de 3 M$ prévoit la construction d’une dizaine de chalets en nature, suffisamment spacieux pour huit personnes. L’OSBL, qui s’autofinance à 100 % depuis 2016, souhaite livrer ces chalets au courant de l’été 2023.

Grâce à ces investissements majeurs, la direction du village Aventuria souhaite tripler sa clientèle d’affaires, qui représente actuellement plus de 10 % des quelque 20 000 visiteurs annuels.

 

Et si on faisait du ménage en équipe ?

Entreprendre une corvée de nettoyage n’est généralement pas la plus « sexy » des activités à laquelle souhaite prendre part un individu. Sauf peut-être si l’initiative, effectuée dans un contexte festif, génère des retombées positives pour sa communauté. C’est la formule que propose l’organisme québécois PurNat.

Découragé de voir des pistes et des parcs jonchés de déchets, Marcel Poiré, un ex-planificateur financier à la retraite amateur de vélo de montagne, a décidé de s’impliquer dans la protection de l’environnement. Depuis 2013, lui et son fils Jean-Raphaël ont mis sur pied un concept clé en main qui invite les entreprises et leurs employés à participer à des corvées de nettoyage au sein de leur collectivité.

« Dépotoirs illégaux, berges de cours d’eau, forêts, parcs, cours d’école : les entreprises sélectionnent les lieux qu’elles souhaitent assainir. Nous, on leur fournit l’équipement nécessaire, comme les gants de caoutchouc, bacs et autres, ainsi qu’une équipe de superviseurs pour mener les travaux qui se déroulent généralement sur une journée », explique le président de PurNat, Marcel Poiré. Cette formule, dit-il, s’inspire d’un modèle qui a déjà existé dans l’État de l’Oregon, aux États-Unis.

Depuis sa création à l’île d’Orléans, l’OSBL mène une quinzaine de corvées par année, principalement au Québec et en Ontario, de mai à octobre. En 2022, le marché de la Colombie-Britannique s’est ajouté. Jusqu’à présent, près de huit millions de kilogrammes de déchets ont été ramassés au fil des ans.