Les entreprises tardent à planifier leur fête de Noël
Claudine Hébert|Édition de la mi‑septembre 2022Deux clients sur trois ont signalé à Hugues Pomerleau vouloir connaître la nature des mesures sanitaires que favorisera la Santé publique au lendemain du prochain scrutin avant de signer quoi que ce soit. (Photo: 123RF)
RÉUNIONS ET CONGRÈS. Parce que le spectre d’une énième vague de la COVID-19 et de ses variants continue de planer dans l’air, la majorité des entreprises tardent encore à planifier leur fête de Noël de 2022. « Plusieurs attendent de voir ce qui se passera au lendemain des élections provinciales », affirme Hugues Pomerleau, PDG de l’agence événementielle et de production qui porte son nom.
Traditionnellement, les très grandes entreprises ayant recours aux services des Productions Hugues Pomerleau — PME présente dans plus d’une quinzaine de villes au Québec — ont déjà bouclé leur événement au 31 mars. Qu’il s’agisse du choix de salle, de l’animateur ou du type d’activité privilégiée pour l’événement, tout est habituellement réglé à cette date, avise le dirigeant de l’agence. Or, cette année, à peine un tiers de ces organisations ont effectué leur réservation, poursuit-il.
« En fait, deux clients sur trois m’ont signalé vouloir connaître la nature des mesures sanitaires que favorisera la Santé publique au lendemain du prochain scrutin avant de signer quoi que ce soit. Bien que certains clients aiment croire que le pire est derrière nous, plusieurs craignent l’application de nouvelles mesures plus contraignantes cet automne », partage l’entrepreneur qui affiche plus de 22 ans de métier dans l’événementiel.
À la tête d’une organisation qui emploie près de 850 sous-traitants (chansonniers, humoristes, magiciens, musiciens, techniciens, animateurs…), Hugues Pomerleau organise bon an, mal an plus de 2000 célébrations pour des entreprises de toutes tailles. Plus de 80 % des revenus de l’agence relèvent justement des festivités de bureau qui se tiennent durant le temps des fêtes.
« Au cours des deux dernières années, précise-t-il, ce sont plus de 800 contrats qui ont été reportés en raison des mesures de la Santé publique et des hésitations de la part des hauts dirigeants à rassembler leurs troupes pour festoyer dans une même salle. »
On va s’adapter
À Mega Fun Animation, qui dessert les marchés de Montréal et de Québec, on se dit prêt à toute éventualité. « Nous allons continuer de nous adapter aux mesures sanitaires qui seront en place cet automne. Nous avons appris à vivre avec le virus », soutient Vanessa Métivier, directrice de la coordination de cette PME qui propose des formules d’animation de soirée clé en main aux entreprises de 60 à 500 employés.
Son entreprise, dit-elle, a justement développé des stratégies de célébration qui peuvent s’appliquer, que l’on soit en mode COVID ou non. Ainsi, tous les intervenants qui effectuent un discours disposent de leur propre microphone. Même si la majorité des clients souhaitent la présence d’un plancher de danse, l’option souper-spectacle sert de plan B dans la plupart des contrats, note-t-elle.
Vanessa Métivier tient également à préciser qu’aucune organisation ayant fait appel à leurs services pour la période des fêtes 2022 n’a choisi une formule 100 % virtuelle. « Les gens veulent un vrai party comme il se faisait avant la pandémie », indique-t-elle.
Pas de virtuel, mais…
La formule virtuelle n’a pas la cote non plus auprès de la clientèle de Relèvénement, une organisation événementielle située à Québec. Par contre, le concept hybride survit, observe Marc-Olivier D’Amours, un des deux associés de l’entreprise.
Bien avant la COVID-19, de un à deux dirigeants utilisaient déjà cette formule hybride afin de diffuser le contenu de leur discours à distance, indique-t-il. Or, au moins le quart de sa cinquantaine de clients y aura recours lors de la prochaine période des fêtes, ajoute cet expert. « Les entreprises qui disposent de bureaux ou d’équipes satellites réalisent qu’il peut être tout aussi agréable de multiplier les fêtes dans les villes où se trouvent leurs employés que de concentrer tous les participants sous le toit d’une même salle », indique Marc-Olivier D’Amours.
Selon lui, la formule hybride permet ainsi aux entreprises d’économiser des frais de transport et d’hébergement. Sans oublier que certains employés sont heureux « de pouvoir participer à la fête sans avoir à chambouler leur train de vie familial », explique le gestionnaire.
La facture sera plus salée
Enfin, qu’importe dans quelles circonstances et conditions les entreprises pourront célébrer Noël en 2022, la facture risque d’être plus élevée que les années précédentes. « Les techniciens que l’on payait 20 $ de l’heure exigent désormais le double », signale Hugues Pomerleau. Il faut dire que les salaires de cette industrie n’avaient presque pas évolué depuis les 20 dernières années, plaide-t-il à leur défense. « Il y a du rattrapage dans l’air. »