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Montréal ne devrait pas augmenter sa présence sur le marché immobilier, plaide l’IEDM

Charles Poulin|Mis à jour le 27 juin 2024

Montréal ne devrait pas augmenter sa présence sur le marché immobilier, plaide l’IEDM

L’étude soutient qu’il serait «contre-productif» que la Ville se substitue aux promoteurs privés. (Photo: 123RF)

La Ville de Montréal ne devrait pas augmenter sa présence dans le marché immobilier, plaide l’Institut économique de Montréal (IEDM). Lui faire jouer un rôle plus important au sein du marché du logement par le biais des logements sociaux constituerait une mauvaise affectation de ressources qui aurait des conséquences négatives, estime l’organisme.

L’IEDM rappelle que dans le cadre de son Plan d’urbanisme et de mobilité 2050, l’administration Plante vise à retirer du marché 20% du parc immobilier projeté de Montréal, ce qui signifie un ajout de 161 000 logements financés et gérés par la Ville.

Dans une nouvelle étude dévoilée ce matin, intitulée La Ville de Montréal ne devrait pas intervenir sur le marché du logement, l’auteur Gabriel Giguère, analyste senior en politiques publiques à l’IEDM, estime que la mauvaise gestion du logement social par la Ville et des «effets néfastes de ses propres politiques et de la bureaucratie imposée aux promoteurs privés ne plaident pas en faveur d’une plus grande implication dans le secteur du logement.»

Contre-productif

L’étude soutient qu’il serait «contre-productif» que la Ville se substitue aux promoteurs privés. La crise actuelle de disponibilité des logements et propriétés demande une forte augmentation de la construction résidentielle à Montréal, et l’IEDM tranche que les efforts de l’administration municipale seraient plus rentables s’ils étaient dirigés à aider les promoteurs.

«La Ville s’emploie activement à leur mettre des bâtons dans les roues, rendant plus difficiles le développement et la construction à Montréal, estime l’auteur. Les retards dans le processus de planification et de construction accroissent l’incertitude et les risques encourus par les promoteurs.»

Il note que les délais d’obtention de permis ont grimpé au cours des cinq dernières années. Gabriel Giguère calcule qu’ils ont augmenté, en moyenne sur l’île de Montréal, de 120 jours au cours de cette période. Dans l’arrondissement Ville-Marie, remarque-t-il, les délais sont passés de 210,1 jours à 539,8 jours.

Il cite également le règlement 20-20-20 qui, même avec les modifications supprimant l’obligation de construire des logements sociaux dans les nouveaux bâtiments, «impose de fait une taxe sur la construction de nouveaux logements dans les zones ciblées».

«Tous ces obstacles réglementaires privent les promoteurs de la possibilité de décider de la meilleure allocation des ressources dans le secteur du logement de la métropole, ce qui fait inévitablement grimper le prix des logements, tranche-t-il. Compte tenu de l’inabordabilité croissante des logements à Montréal, la dernière chose dont on a besoin est que l’administration actuelle élargisse son rôle au sein du marché du logement. Elle doit plutôt cesser d’entraver les efforts des promoteurs immobiliers et leur permettre de construire davantage de logements.»

Déficit d’entretien

L’étude mentionne également le déficit d’entretien grandissant dans le parc de logements sociaux appartenant à la Ville comme une raison de ne pas augmenter sa présence dans le marché.

«Bien que la mairesse Valérie Plante souhaite accroître l’implication de la Ville et remplacer une plus grande portion du marché, l’administration éprouve déjà des difficultés à remplir son rôle actuel, beaucoup plus modeste dans le dossier du logement, avance Gabriel Giguère. Elle n’a notamment pas été en mesure de gérer adéquatement les logements sociaux qui sont déjà sous sa responsabilité.»

Selon ses calculs, Gabriel Giguère calcule que depuis 2019, la proportion de ces logements sociaux en mauvais état a augmenté de façon spectaculaire, passant de 47,6% à 79,2%. Quant à la proportion de ces logements en «très mauvais état», elle a presque quintuplé, passant d’environ 10% à 48,5%.

«Comme la Ville ne parvient pas à garantir le bon état du parc de logements dont elle est actuellement responsable, lui faire jouer un rôle plus important au sein du marché du logement constituerait une mauvaise affectation de ressources tout en entraînant des conséquences négatives pour la situation globale du logement à Montréal», conclut-il.

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