L’épuisement des gestionnaires, un défi supplémentaire pour 2022
Le courrier des lecteurs|Édition de janvier 2022(Photo: 123RF)
Un texte de Pierre Graff, PDG du Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec (RJCCQ)
SANTÉ AU TRAVAIL. Serait-ce la vague de trop pour les gestionnaires? Il semble que oui. Le problème réside dans le fait que les leaders ne peuvent le montrer à leur équipe! Un cercle vicieux qui va affecter de manière exponentielle leur santé mentale.
Le point de bascule
Le 3 janvier dernier devait en principe être une rentrée au bureau joyeuse suivant les congés de fin d’année mais, rapidement, on s’aperçoit que la magie de Noël n’a pas nécessairement opéré partout.
En échangeant avec un entrepreneur à la tête d’une centaine d’employés, celui-ci m’interpelle en me disant: “Pierre, tu imagines ce qui arrive à un restaurateur qui avait jusque-là peut-être réussi à garder son équipe? Je ne saurais plus quoi leur dire!”.
Cette réalité terrible qui frappe les entrepreneurs dans le secteur de la restauration met en lumière un enjeu qui touche particulièrement tous les gestionnaires. À une époque où le leadership est le leitmotiv, garder ses troupes motivées présente un nouveau défi au quotidien.
Des gestionnaires à bout de souffle
Après avoir vécu le passage au virtuel et les vagues successives, la possibilité de se retrouver enfin au bureau marquait pour les gestionnaires, au-delà d’un certain retour à la normale, une occasion de souffler.
Ils auraient pu bénéficier de l’enthousiasme naturel de leurs équipes de se retrouver et de divers moyens de se rapprocher de leur monde, en plus de prendre le pouls sur le terrain. Il n’en sera rien.
On assiste très possiblement à la vague de trop.
Trouver des solutions pour éviter un effet domino
Dans un contexte de forte pression sur les ressources humaines, un scénario où les gestionnaires tomberaient comme des mouches serait catastrophique autant pour ces professionnels qui, comme tous les humains ont le droit d’être malade, mais aussi pour les entreprises dont la productivité et la croissance seraient forcément menacées.
La résilience des professionnels et des entrepreneurs est admirable depuis deux ans. Toutefois, il faut absolument donner une chance aux personnes qui souffrent réellement dans le contexte virtuel d’éviter une dégradation de leur état de santé.
Le Regroupement des jeunes chambres de commerce du Québec pourra contribuer en supportant par exemple la création de groupes d’échanges sur les bonnes pratiques entre gestionnaires au sein de son réseau.
On pourrait aussi penser à d’autres pistes pour aider nos gestionnaires:
- autoriser les gestionnaires et les professionnels vaccinés à se réunir au bureau immédiatement une fois par semaine en respectant les mesures sanitaires sur place
- mieux publiciser les ressources pour obtenir du soutien psychologique de manière anonyme (numéro de téléphone, site web)
- créer une subvention sur la forme du PACME pour les gestionnaires afin qu’ils aient accès plus facilement à des formations sur les meilleures pratiques en temps de crise
- mettre en place des initiatives de sensibilisation pour démystifier les enjeux de santé mentale et discuter de moyens pour diminuer la pression reposant sur les épaules des gestionnaires
En cas d’épuisement, il n’y a pas de solution miracle malheureusement. Pour 2022, je nous souhaite donc de prendre soin les uns des autres, d’être à l’écoute et d’accepter le fait que tout le monde peut être vulnérable.