La manipulation d’instruments tranchants est loin d’être le seul risque auquel les employés d’Olymel sont exposés dans le cadre de leur travail. L’entreprise accorde beaucoup d’importance aux enjeux ergonomiques.
SANTÉ ET SÉCURITÉ AU TRAVAIL. Série 3 de 3 – La santé et sécurité du travail (SST) représente un coût important pour les entreprises. Pour les aider à faire des gains en la matière, Les Affaires présente trois cas d’employeurs ayant mis en place des mesures efficaces de prévention.
Toutes les nuits, des employés d’Olymel doivent démonter, nettoyer et remonter pratiquement tous les équipements utilisés en usine pour procéder à la transformation de la viande. Essentielle pour assurer la salubrité des aliments, cette procédure représente toutefois un réel défi en matière de prévention des accidents de travail.
«Le nettoyage des équipements est une activité extrêmement risquée, car elle consiste à manipuler des équipements qui contiennent des lames, des couteaux, des courroies et des chaînes d’entraînement», explique Louis Banville, vice-président, Ressources humaines chez Olymel.
Dans l’industrie de la transformation alimentaire, des procédures du genre, il en existe des dizaines, et toutes comportent des risques spécifiques. Un véritable casse-tête pour les professionnels responsables d’assurer la santé et la sécurité du personnel. Pour compliquer les choses, Olymel emploie 13 000 travailleurs répartis dans plus d’une trentaine de sites partout au Canada. Au fil des acquisitions, l’entreprise a dû intégrer une foule de processus opérationnels et de pratiques de santé et sécurité au travail (SST) différentes. À partir de 2006, elle a donc entrepris de mettre en place des initiatives plus robustes et uniformes.
Le premier programme mis sur pied, nommé SCORE (stratégie, communication, observation, rétroaction, évaluation), est un système d’audit qui attribue une note à chacun des processus de gestion des risques SST de l’entreprise, de façon à fixer les exigences de bonnes pratiques. «Ça nous permet de déterminer sur quels éléments on a le plus de contrôle, et sur lesquels on doit faire des efforts supplémentaires», souligne M. Banville.
Le programme AGIR (accentuer la gestion intégrée des risques), quant à lui, vise à déterminer les risques spécifiques que comportent chacun des postes de travail de l’entreprise et à trouver des moyens de les contrôler. La démarche se fait en collaboration avec les préventionnistes, les ressources humaines, les superviseurs et les employés affectés à ces postes.
Selon la nature des risques qui ont été déterminés, plusieurs solutions peuvent être envisagées, comme l’élaboration de procédures de travail standardisées, l’installation d’équipements de sécurité additionnels ou encore l’amélioration de la formation du personnel.
Les gestes répétitifs, ces ennemis
La manipulation d’instruments tranchants est loin d’être le seul risque auquel les employés d’Olymel sont exposés dans le cadre de leur travail. Depuis quelques années, l’entreprise accorde beaucoup d’importance aux enjeux ergonomiques.
«La majorité des lésions professionnelles dont sont victimes nos employés est liée aux mouvements répétitifs. Ces derniers sont inhérents à la nature du travail dans les activités de désossage à grand volume. Cela nous oblige à être vigilants par rapport aux méthodes ergonomiques», mentionne M. Banville.
L’entreprise a notamment travaillé avec une firme spécialisée pour modifier les postes de travail utilisés par les employés et revoir la conception de certains équipements.
À l’usine de Vallée-Jonction, on a par exemple procédé à l’installation d’un convoyeur motorisé pour la palettisation. Cet équipement permet de réduire la fatigue musculaire et les douleurs lombaires des employés assignés au chargement des remorques. À l’usine de Saint-Damas, l’ajout d’un capteur aux postes de ficelage des poulets évite aux travailleurs de devoir appuyer 2 700 fois par jour sur une pédale pour actionner le mécanisme.
Depuis quelques années, des physiothérapeutes font aussi des visites régulières dans les différentes installations d’Olymel pour conseiller les employés qui doivent réaliser des tâches répétitives sur les bonnes pratiques à adopter.
Tous ces efforts ont porté fruit. De 2007 à 2017, Olymel a réussi à réduire de 50 % le nombre de lésions professionnelles au sein de l’entreprise, et de 60 % le nombre de jours d’absence des employés. Les cotisations versées à la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) et aux autres régimes provinciaux d’indemnisation des accidents de travail sont pour leur part passées de 21 M$ en 2007 à 10 M$ en 2017.
Rien n’est jamais gagné
Olymel a récemment connu une très forte croissance qui a mené à l’embauche de 1 700 nouveaux employés depuis juillet 2017. «Dans une entreprise manufacturière, l’arrivée aussi massive de nouveaux employés, qui doivent tous être formés, nous amène un lot de défis en matière de SST, soutient M. Banville. Je ne vous cacherai pas qu’on a constaté une augmentation des lésions professionnelles dans certains établissements. Ce n’est pas dramatique, mais ça nous fait voir que rien n’est jamais gagné.»
Avec son équipe, ils sont donc retournés à la table à dessin pour remédier à la situation. «On doit s’assurer de se concentrer, d’affiner nos techniques de formation et d’intégrer nos mécanismes de prévention aux procédés opérationnels. On n’a pas la prétention de penser qu’on est des champions en SST. C’est un défi continu.»