L'entreprise Normandin a été finaliste aux prix Mercuriades 2021 dans la catégorie Santé et sécurité au travail. (Photo: courtoisie)
SANTÉ ET SÉCURITÉ AU TRAVAIL DANS LES PME. La quasi-totalité des entreprises (94 %) sondées par le Conseil du patronat du Québec en avril dernier déclarait avoir un enjeu d’embauche de personnel. Et ce, peu importe leur taille, leur secteur d’activités ou leur région. Si la politique de santé et sécurité au travail (SST) d’une entreprise ne constitue pas LA réponse unique à ce défi, elle peut toutefois exercer une influence non négligeable.
« Je suis convaincu que c’est un des éléments qui peut favoriser la rétention du personnel, avance Alain Ponsard, conférencier, formateur et coach en SST. Une organisation bienveillante qui incite à prendre soin de soi et des autres aura généralement des employés intrinsèquement plus motivés. »
Le professeur associé à l’école de gestion de l’Université de Sherbrooke Michel Pérusse renchérit en brandissant un article signé par trois chercheurs américains (Robert Cleveland, Harvey Cohen et Michael J. Smith) pour le compte du National Institute for Occupational Safety and Health – le pendant américain de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) québécoise. « Il démontre que les entreprises qui ont la meilleure performance en santé et sécurité sont aussi celles qui ont la plus grande longévité de la main-d’œuvre, résume-t-il. Autrement dit, quand les conditions de travail sont saines, cela tente moins les salariés d’aller voir ailleurs. »
La publication de cet article date… de 1979 ! Or, pour celui qui se spécialise en SST depuis près de 50 ans, le constat reste toujours autant d’actualité, à l’heure où les jeunes générations se montrent beaucoup plus soucieuses de leur qualité de vie. « Les nouveaux venus dans le monde du travail commencent à poser des questions sur la SST dès l’entrevue d’embauche, observe-t-il. Un phénomène relativement récent qui montre que la prévention peut aussi être un facteur d’attrait. »
« Dire que la SST est un sujet important ne suffit pas, il faut le prouver concrètement sur le plancher », ajoute Louis Veilleux, président de Normandin, une PME Saint-Valérien-de-Milton, en Montérégie, finaliste aux prix Mercuriades 2021 dans la catégorie Santé et sécurité au travail. Ce dernier ne parle d’ailleurs pas « d’employé », mais de « membre d’équipe » dans son entreprise. « C’est très différent, explique-t-il. On ne se regarde pas de haut, mais les yeux dans les yeux, à la même hauteur. »
L’enjeu grandissant du personnel opérationnel
La pénurie de main-d’œuvre aide indirectement à faire prendre conscience aux entreprises de l’importance de se doter d’une culture de SST. « Devant la difficulté à recruter, elles se rendent de plus en plus compte de la nécessité de ne pas perdre leurs équipes à cause de maladies ou de blessures », assure Michel Pérusse. Selon lui, présenter les données SST sous l’angle du nombre d’heures de travail perdues plutôt que celui du taux d’incidence ou du degré de gravité des accidents a ainsi un impact immédiat sur la direction.
« La pénurie de main-d’œuvre est présentement l’un de mes principaux arguments de prospection commerciale », remarque d’ailleurs Sacha Declomesnil, président fondateur de la PME montréalaise Umanistic, qui vend des exosquelettes destinés à soulager les employés qui fournissent efforts physiques répétitifs. « [Notre produit] aide à la protection, mais aussi à la rétention des employés », assure-t-il.