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Peut-on être un entrepreneur vulnérable et financé?

Katia Tobar|Mis à jour le 13 juin 2024

Peut-on être un entrepreneur vulnérable et financé?

La sortie du livre a été l’occasion pour Dominic Gagnon de revenir sur la faillite de sa première entreprise et sur les difficultés qu’il a rencontrées pendant la pandémie de COVID-19. (Photo: Katia Tobar)

L’entrepreneur Dominic Gagnon semblait avoir un message à faire passer mardi soir lors du lancement de son livre, Et si l’entrepreneuriat rendait fou, au Square BDC. Un message aux institutions financières et aux syndics en insolvabilité.

«J’aimerais qu’ils s’impliquent, au minimum qu’ils en parlent [de la santé mentale des entrepreneurs]», a-t-il souhaité.

Lors d’un panel animé par Marine Thomas, rédactrice en chef de Les Affaires, le président et fondateur de Connect&GO a échangé avec Isabelle Hudon, présidente de la Banque du développement du Canada (BDC) à propos des défis en santé mentale que rencontrent les entrepreneurs, du risque de dévoiler leur vulnérabilité et de voir les opportunités de financement s’envoler.

«J’ai encore ce stress-là, j’ai encore trop souvent l’impression que me montrer vulnérable va me nuire», a-t-il confié.

La sortie du livre a été l’occasion pour Dominic Gagnon de revenir sur la faillite de sa première entreprise et sur les difficultés qu’il a rencontrées pendant la pandémie de COVID-19 au cours de laquelle il a dû congédier plusieurs membres de son équipe. Avec une grande émotion, il a raconté la fois où sa femme l’a trouvé étendu sur le plancher après avoir bu 26 onces de whisky. Le père de deux enfants a avoué avoir songé deux fois au suicide, et à la fraude à l’assurance-vie «pour sauver sa famille».

S’il a pu se relever, c’est grâce au soutien de son équipe à laquelle il a parlé de son TDAH et de sa détresse psychologique.

Il conseille aujourd’hui aux entrepreneurs en difficulté de s’ouvrir à leur entourage et «d’arrêter de cultiver des mythes.»

«Le plus grand actif de l’entrepreneuriat, c’est l’entrepreneur. Il faut investir en nous.»

Les «chouchous» de la BDC

À la suite d’un sondage sur la santé mentale des entrepreneurs, la BDC a mis en place un projet pilote offrant anonymement à 500 dirigeants de PME des séances de psychothérapie.

«Ce qui nous distingue des banques, c’est notre bienveillance», assure Isabelle Hudon.

Sans la pression de rendements trimestriels, la BDC se targue de pouvoir offrir à ses clients un soutien non financier, notamment en ce qui concerne les «comptes spéciaux».

«Nos chouchous [les entrepreneurs en difficulté financière], on les invite dans cette équipe, dans un environnement de bienveillance avant que ça aille trop mal, et on les garde entre 18 et 24 mois, explique-t-elle. On accentue notre volonté de vouloir leur succès.»

La femme d’affaires a observé au cours de sa carrière que plus on monte au sommet, plus on vit un sentiment de solitude. Elle a confié avoir été confrontée au suicide de plusieurs de ses amis, dont un, il y a quelques mois, une personnalité publique qui «devait faire face à l’image qu’il avait créée de lui-même et nourrir cette image -là».

Aux entrepreneurs en détresse, elle conseille: «Entourez-vous, on ne réussit rien seul. Ayez le courage d’en parler. Il y a plus de personnes que vous le pensez qui seront là pour vous aider.»

Si vous êtes en difficulté et avez des pensées suicidaires, composez le 1 866 277-3553 (1 866 APPELLE).