Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires

La recette de Piecemeal pour se lancer en affaires

Kévin Deniau|Publié le 03 novembre 2021

La recette de Piecemeal pour se lancer en affaires

Christopher Wells, le cofondateur et président de Piecemeal. (Photo: courtoisie)

SE LANCER EN AFFAIRES. L’aventure entrepreneuriale ne se déroule jamais sur une autoroute rectiligne. Le chemin du succès s’apparente plus à un sentier sinueux et non balisé. Même si les experts du domaine esquissent une voie royale pour y arriver (détaillée dans les autres articles de ce dossier), chaque entrepreneur trace son propre chemin.

Découvrons celui emprunté par Christopher Wells, le cofondateur et président de Piecemeal, une jeune pousse montréalaise créée en juillet 2018. Cette finaliste de l’édition 2021 du Défi Start-up Les Affaires offre aux restaurants une plateforme de gestion de leurs opérations – inventaires, coûts de menu et des achats, horaires, etc. – et une place du marché qui offre un accès direct à des fournisseurs. Récit par étape.

 

Le prédémarrage : un expert du monde de la restauration aux commandes

Christopher Wells s’est lancé dans un secteur qu’il connaissait bien. Très bien, même. De la plonge à 14 ans à la direction générale de succursales McDonald’s ou Boston Pizza, il a effectivement occupé plusieurs rôles dans le monde de la restauration depuis une trentaine d’années. « Je me suis rendu compte que les grandes chaînes n’ont pas forcément les meilleurs produits, mais les meilleurs systèmes et outils, explique-t-il. Je voulais donc démocratiser l’accès à la technologie pour les restaurants indépendants. » 

Consultant et formateur à son compte pour les restaurateurs depuis 2010, il a décidé de créer Piecemeal pour répondre à ce besoin qu’il avait perçu sur le terrain. « Avoir une idée, c’est facile, constate-t-il aujourd’hui. Le plus dur, c’est de l’exécuter et d’avoir la rétroaction de tes clients. Je ne voulais surtout pas créer une solution qui se cherche un problème à résoudre. » 

Il a choisi de ne pas écrire de plan d’affaires à ses débuts. « Il faut le construire quand un investisseur ou une instance te le demande », estime-t-il, précisant avoir préféré chercher à recevoir de la rétroaction de ses clients le plus rapidement possible.

 

La composition de l’équipe dirigeante : deux associés complémentaires

« Dès que je disais le mot “restaurant” aux développeurs que je rencontrais, ils s’en allaient en courant », lance Christopher Wells dans un éclat de rire. Pourtant, il sait très bien qu’avec son profil commercial, il a besoin d’un associé axé sur la technique. « Les personnes à qui je parlais de Piecemeal me disaient que le projet nécessiterait 200 000 $ de programmation web et 800 000 $ de marketing. J’ai regardé autour de moi, je n’avais pas un million qui traînait, ironise-t-il. Je me suis donc dit qu’il serait mieux d’avoir un partenaire… » 

En 2018, Oz Trachtman, un développeur d’applications qui travaille déjà avec le monde de la restauration, le contacte alors qu’il est en train de créer des vidéos de formation pour des restaurants. « Il m’a montré les potentialités de l’intelligence artificielle pour le projet que je voulais faire, se souvient Christopher Wells. On a donc commencé à travailler ensemble, comme ça, un peu par hasard. » Un choix qu’il ne regrette pas. « On ne se connaissait pas du tout, mais, en trois ans, nous n’avons pas eu une seule chicane ! »

 

L’accompagnement au démarrage : deux accélérateurs valent mieux qu’un

Moins d’un an après sa création, Piecemeal est sélectionné pour faire partie des cohortes de deux accélérateurs montréalais : Next AI, spécialisé dans les projets liés à l’intelligence artificielle, et MT Lab, dédié au tourisme, au divertissement et à la culture. « Dès le début, je voulais rejoindre ces programmes pour le réseautage et la possibilité d’avoir des discussions poussées sur le développement de notre idée », note Christopher Wells. 

Une promesse remplie. « C’est grâce à nos conversations au sein des accélérateurs qu’on a trouvé notre modèle d’affaires », affirme-t-il. Piecemeal est en effet gratuit pour les restaurateurs indépendants, mais payants pour les chaînes et les groupes de restaurants. L’entreprise prélève par ailleurs un pourcentage sur les transactions effectuées sur sa place de marché de fournisseurs.

 

Le développement d’affaires : recrutement et financement en cours

Malgré la pandémie, Piecemeal a multiplié son activité par 10 depuis l’an passé, affirme Christopher Wells. « Des restaurants ont profité de cette période pour mieux s’organiser, fait-il valoir. Certains sont même passés au travers grâce à notre solution ! » La PME compte aujourd’hui cinq personnes et l’entrepreneur s’attend à en recruter trois plus d’ici la fin de 2022. 

Ce délai lui donne potentiellement le temps de faire un premier appel à des capitaux externes. « On a bénéficié de quelques bourses jusqu’à présent, mais on a essayé de retarder le plus possible notre première ronde de financement, pour ne pas être dilué trop vite, précise le cofondateur. Mais on va l’envisager dans les six prochains mois. »