(Photo: STIQ)
SECTEUR MANUFACTURIER. Le STIQ vient de publier son dixième Baromètre industriel, qui porte sur l’année 2018, et l’organisation fait quatre constats importants quant au secteur manufacturier.
Le premier : un renouvellement de la clientèle qui ralentit. Plus précisément, l’an dernier, seulement 25 % des entreprises sondées indiquaient que plus de 10 % de leur chiffre d’affaires avait été généré par de nouveaux clients. C’est le plus bas taux depuis dix ans. Entre 2010 et 2017, c’est plutôt 39 % des entreprises, en moyenne, qui répondaient par l’affirmative. Environ 500 PME de 10 à 500 employés ont été interrogées.
Si cette observation peut sembler problématique, le STIQ n’y voit pas nécessairement de grand défi pour l’instant. Au contraire. Le PDG du STIQ, Richard Blanchet, souligne une croissance soutenue dans les ventes : en 2018, 63 % des entreprises ont rapporté avoir vu leur chiffre d’affaires augmenter d’au moins 5 %. C’est 8 % de plus que la moyenne 2010-2017. «Les PME nous le disent, explique M. Blanchet. Elles ont un carnet de commandes bien rempli, elles doivent même parfois refuser de l’ouvrage, alors elles se concentrent sur leurs clients existants plutôt que d’en chercher de nouveaux, avec les coûts, les retards et l’incertitude que cela entraînerait.»
Un essor des partenariats
Sans surprise, le Baromètre confirme que la pénurie de main-d’oeuvre persiste et s’aggrave. C’est le second constat. En 2018, 42 % des entreprises sondées disaient avoir accru leur personnel d’au moins 5 %, un sommet depuis cinq ans. Et 83 % des répondants considéraient le problème de recrutement de main-d’oeuvre spécialisée comme très important ou assez important, un autre sommet. «Pour les employés, c’est merveilleux, reconnaît M. Blanchet. On embauche ! Mais pour les entreprises, c’est plus difficile. En moyenne, en 2019, les firmes estiment qu’elles auront 7,9 postes à combler, ce qui représente 15 % de leur main-d’oeuvre.»
Troisième constat : les partenariats sont d’importants vecteurs de croissance. «Les clients nous le disent souvent : il faut arrêter de se voir comme des compétiteurs et travailler ensemble pour innover ou affronter la concurrence partout sur la planète», dit M. Blanchet. Le Baromètre a permis de chiffrer les actions et le sentiment des entreprises à cet égard. La moitié des entreprises, par exemple, a établi au moins un partenariat au cours des trois dernières années. Un peu moins du tiers des firmes disent l’avoir fait pour soumissionner sur de gros contrats, et un peu moins du quart, pour développer de nouveaux produits. La stratégie semble porter ses fruits. Parmi les entreprises qui ont établi un partenariat, 84 % disent en avoir tiré des bénéfices. «Ce sont de bonnes nouvelles», se réjouit M. Blanchet.
Le quatrième et dernier des plus importants constats du STIQ concerne les technologies. Selon l’étude, environ le quart des entreprises n’a encore intégré aucune des dix technologies numériques recensées par le STIQ. Celles-ci sont relatives à l’industrie 4.0 et vont de la surveillance [de la production] en temps réel à l’impression 3D, en passant par l’interconnexion des équipements. Le fossé est toutefois grand entre les petites et les grandes entreprises : parmi celles de 100 à 500 employés, 45 % disent avoir intégré six technologies ou plus ; parmi celles de 10 à 19 employés, seulement 12 % répondent pareillement.
«Les gens sont conscients de l’importance du virage numérique, dit M. Blanchet. Oui, les petites entreprises sont moins avancées. Mais ont-elles les moyens d’investir ? Pour elles, implanter une technologie, ça peut coûter cher. Il ne faudrait pas tout de suite leur jeter la pierre.»