Plus les procédés sont complexes, moins l’humain a la capacité naturelle de les analyser, et plus l’IA risque de pouvoir apporter des améliorations qui seraient passées inaperçues. (Photo : Getty Images)
SECTEUR MANUFACTURIER. L’intelligence artificielle (IA) promet des gains de productivité réels dans bien des sous-secteurs manufacturiers. Mais est-ce pour vous? Comment vous lancer?
D’emblée, Marc-André Bourque admet que les industries de type «procédé», soit celles qui requièrent une lourde infrastructure, comme les industries de l’acier, de la production alimentaire et de la fabrication de papier, risquent de profiter davantage de l’IA que les petits fabricants. Président de Meliore, une firme de conseil quantitatif, il explique que les gains de productivité réalisés permettent souvent à ces industries de libérer de la capacité de production représentant des centaines de milliers de dollars.
«Pas besoin d’apporter de grandes améliorations pour générer de gros bénéfices», dit M. Bourque. C’est que plus les procédés sont complexes, moins l’humain a la capacité naturelle de les analyser, et plus l’IA risque de pouvoir apporter des améliorations qui seraient passées inaperçues.
Pour un petit manufacturier, par contre, où l’intensité de main-d’oeuvre est plus élevée, les gains peuvent être parfois plus difficiles à monétiser.
«Si vous avez cinq employés et qu’on arrive à améliorer les processus de sorte à en sauver un demi, c’est un gain énorme, en matière de pourcentage», dit M. Bourque. Sauf qu’en réalité, l’entreprise ne veut ou ne peut pas toujours réduire ainsi sa main-d’oeuvre. C’est le cas, par exemple, si un employé fait deux tâches en même temps, et qu’une de ces deux tâches est automatisée.
M. Bourque dit donc être sélectif quant aux projets qu’accepte son entreprise. Ainsi, avant d’accepter un mandat, Meliore visite l’usine du client potentiel afin d’observer les possibilités d’amélioration de productivité – si elles existent – qui risquent de mener à de vraies économies. Les processus ciblés sont souvent les mêmes : planification de la production, contrôle de la qualité, gestion de la main-d’oeuvre, gestion des procédés. Les gains sont parfois impressionnants.
Il affirme que les projets d’IA qu’il réalise permettent d’améliorer la productivité de 5 % à 30 %. «C’est énorme, dit-il. Oui, nous choisissons nos projets. On ne peut pas aider une entreprise dont les processus sont trop simples. Mais quand nous acceptons un mandat, nous garantissons un rendement de l’investissement de 200 %. On parle d’une période de six mois pour la récupération de l’investissement.»
Des données gaspillées
Plusieurs entreprises sont enthousiastes à l’idée de se lancer dans des projets d’IA. Parmi celles-ci, nombreuses sont celles qui comprennent, avec raison, que les données sont primordiales à la mise en oeuvre de telles initiatives. Mais comme toute chose, un projet réussi en intelligence artificielle ne s’improvise pas.
Beaucoup de manufacturiers décident ainsi de commencer à accumuler des données dans la vague intention de s’en servir plus tard, raconte M. Bourque. «Sauf que, quand, plus tard, l’entreprise rencontre un expert en IA, celui-ci réalise souvent qu’il manque telle ou telle donnée avant de pouvoir lancer le projet.»
M. Bourque encourage donc les entreprises à ouvrir la porte aux projets en IA, mais à le faire de façon stratégique et rigoureusement planifiée : «Si vous n’avez aucune donnée, mieux vaut lancer un projet précis maintenant et colliger celles dont vous avez besoin, plutôt que de collecter aléatoirement des données dans l’espoir qu’elles servent un jour. Car dans un tel cas, vous risqueriez simplement de collecter des données qui se révéleront inutiles.»