Flexpipe s’est réinventé durant la pandémie et propose maintenant des structures de protection pour encourager le respect des règles de distanciation sociale. (Photo: courtoisie)
SECTEUR MANUFACTURIER. Plusieurs entreprises manufacturières diversifient leurs activités pour limiter la chute de leurs revenus durant la pandémie, voire simplement survivre.
C’est le cas de Flexpipe, une PME de Farnham, en Montérégie, qui assemble des produits modulables pour la manutention de matériaux destinés aux constructeurs automobiles et aux fabricants d’avions, et qui vend des pièces de produits modulables.
La pandémie de COVID-19 a frappé de plein fouet l’entreprise, qui a un fournisseur stratégique à Tianjin, une ville côtière chinoise située au sud-est de Pékin.
Au plus fort de la crise en Chine, ce fournisseur (qui fournit 80 % des composants de Flexpipe) a fermé ses portes pendant un mois, pour rouvrir ensuite à 50 % de sa capacité en raison de la mise en quarantaine de certains employés.
Cette situation a forcé la PME à se retourner rapidement, en demandant à son autre fournisseur asiatique (qui fournit près de 20 % de ses composants), en Corée du Sud, d’accroître sa production afin de compenser la baisse des approvisionnements en provenance de la Chine. Un fournisseur canadien lui a aussi donné un coup de pouce. Au début du mois de mars, la PME de Farnham a ainsi pu tenir le coup. Sa situation a toutefois basculé le 23 mars, quand Québec a demandé aux entreprises non essentielles de se mettre sur pause jusqu’au 13 avril (une mesure prolongée jusqu’au 4 mai), sans parler de la fermeture d’usines de certains de ses clients aux États-Unis.
À la mi-avril, l’entreprise, qui comptait 45 employés avant la crise et générait des revenus oscillants entre 8 et 12 millions de dollars (M $), produisait à seulement 20 % de sa capacité.
«Nous sommes toujours en activité, car nous avons pu intégrer des chaînes d’approvisionnements dans des secteurs jugés essentiels et parce que nous commençons à développer de nouveaux marchés», raconte au téléphone son président Julien Depelteau.
Depuis quelques semaines, la PME fabrique des panneaux de protection de plexiglas pour la multinationale américaine FedEx, qui s’en sert pour protéger ses employés dans ses centres de triage aux États-Unis.
À la base, Flexpipe est une entreprise B2B. Or, pour générer de nouveaux revenus, elle n’a pas hésité à commercialiser un produit de rangement destiné aux consommateurs, le Tinktube. Il s’agit d’étagères faites avec des composants servant à fabriquer habituellement des produits modulables pour la manutention.
«On a commencé à en vendre sur Amazon, dit Julien Delpeau. Elles peuvent servir à ranger des choses dans un garage, voire de table à langer pour des enfants.»
Des blouses et des masques à la rescousse
La diversification des marchés permet aussi à Texel, une PME manufacturière dans le secteur du textile, de compenser ses pertes de revenus en raison de la pandémie.
Cette entreprise de Saint-Elzéar, dans Chaudière-Appalaches, fabrique des matériaux techniques pour les secteurs industriel, médical, de la filtration, de l’horticulture et de l’automobile.
Les revenus de l’entreprise, qui s’élèvent à 109 M $, ont notamment chuté dans le secteur du transport en raison de la fermeture d’usines des constructeurs automobiles en Amérique du Nord.
Texel a deux projets sur la table dans le secteur de la santé : fabriquer des blouses protectrices jetables et les fameux masques N95.
«Nous sommes en phase de prototypage pour les masques», explique Alex Alexis, chef de plateforme à Texel, en soulignant que la demande est très forte, tout comme celle pour les blouses protectrices jetables.
Texel est une division de l’entreprise américaine Lydall, qui a une autre division aux États-Unis qui fabrique des masques N95. Les fabricants américains de masques N95 peuvent continuer d’exporter leurs produits au Canada en vertu d’une entente conclue entre Ottawa et Washington au début du mois d’avril. Par contre, ils doivent approvisionner en priorité le marché américain, ce qui limite les exportations au Canada. C’est pourquoi la division canadienne de Lydall, Texel, est autorisée à développer ce segment de marché pour le marché canadien.
Pour autant, cela prendra encore un certain temps à la PME québécoise pour approvisionner les services de santé au Québec en masque en raison des normes et des protocoles à respecter, admet Alex Alexis.
«C’est un processus qui est lent, dit-il. Par contre, ce sera rapide pour nos blouses.»