Reitmans: désir d’abolition d’actions à droits de vote multiples
La Presse Canadienne|Publié le 31 octobre 2023En perte de vitesse pendant une décennie, les restrictions sanitaires auront accéléré les difficultés du détaillant qui s'était placé sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies en mai 2020. (Photo: La Presse Canadienne/Ryan Remiorz)
Une firme de gestion de portefeuille demande au détaillant Reitmans d’améliorer ses communications avec les actionnaires et d’abolir sa structure à deux catégories d’actions.
La firme torontoise Donville Kent croit que l’action de l’entreprise montréalaise est sous-évaluée, même si elle est «bien gérée». Son gestionnaire de portefeuille, Jesse Gamble, critique toutefois le conseil d’administration qui empêcherait cette valeur de ressurgir, selon lui. «Leur approche en matière de marchés des capitaux et la façon dont ils traitent les actionnaires minoritaires sont mauvaises et dépassées», écrit-il dans une note à ses clients.
La famille Reitmans détient le contrôle de la moitié des droits de vote des actionnaires, selon des documents réglementaires déposés en mai dernier.
Jesse Gamble a écrit une lettre aux membres du conseil pour réclamer une série de changements, dont la fin des deux catégories d’actions et la migration du titre vers le TSX.
«Avec le décès du PDG de longue date, Jeremy Reitman, et la présence du premier dirigeant qui ne fait pas partie de la famille, nous croyons qu’il est temps de faire entrer la société dans une nouvelle ère, écrit-il dans une lettre d’abord rendue publique par Reuters. La justification de conserver un fondateur ou un visionnaire à la barre avec deux catégories d’actions ne tient plus la route.»
Il donne l’exemple de la société Magna, qui a connu un élan boursier après avoir aboli sa structure de capital à deux actions en 2010.
Le gestionnaire de portefeuille estime que la famille Reitmans contrôlerait 21% des votes de la société après la conversion des actions. Il ajoute que la famille pourrait conserver le contrôle si la société rachète 32,4 millions d’actions. Cela représenterait un investissement de 79 millions de dollars, selon lui.
«Ce serait une bonne allocation du capital quand on tient compte de l’évaluation et de la force du bilan et des flux de trésorerie.»
Jesse Gamble croit que la présence d’une catégorie d’actions procurant des droits de vote multiples est un obstacle de taille à l’inclusion du titre à l’indice S&P/TSX. Une présence au TSX permettrait d’attirer un plus grand nombre d’investisseurs et d’augmenter la liquidité de l’action. «De nombreux investisseurs n’investissent que dans des entreprises faisant partie du TSX.»
Il demande aussi à la société de mieux communiquer avec les investisseurs. Il déplore notamment l’absence de conférence téléphonique trimestrielle pour répondre aux questions des analystes. «Nous croyons qu’une meilleure communication avec les actionnaires contribuera à ce que le marché constate quelle grande occasion d’investissement est Reitmans.»
Il n’a pas été possible d’obtenir une réaction de l’entreprise au moment d’écrire ces lignes.
L’action de Reitmans a perdu près de 90% de sa valeur depuis son sommet de 2007.
En perte de vitesse pendant une décennie, les restrictions sanitaires auront accéléré les difficultés du détaillant qui s’était placé sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC) en mai 2020. La société est sortie de la procédure de restructuration en janvier 2022, forte de l’appui de 98% des créanciers à son plan d’arrangement.