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L’intelligence artificielle, le nouvel assistant d’Énergir

Emilie Laperrière|Mis à jour le 13 juin 2024

L’intelligence artificielle, le nouvel assistant d’Énergir

« On a constaté l’intérêt grandissant de toutes les organisations pour cet outil », raconte le directeur conseil, architecture technologique et intelligence artificielle Mathieu Guesdon, qui se charge de mettre en œuvre des solutions IA au sein de la compagnie. (Photo: courtoisie)

SPÉCIAL 300. Gains de temps, de productivité et d’argent : sans tout révolutionner, l’intelligence artificielle (IA) donne un sérieux coup de pouce aux équipes d’Énergir depuis près d’un an. Et ce n’est que le début.

Le déploiement du fameux ChatGPT a marqué le début de l’intégration de l’IA au sein de l’entreprise de distribution de gaz naturel. « On a constaté l’intérêt grandissant de toutes les organisations pour cet outil », raconte le directeur conseil, architecture technologique et intelligence artificielle Mathieu Guesdon, qui se charge de mettre en œuvre des solutions IA au sein de la compagnie.

Le potentiel d’optimiser le travail a séduit Énergir. « L’IA générative peut nous aider dans des tâches assez simples, comme rédiger une fiche de poste pour le recrutement », illustre-t-il. Il n’en fallait pas plus pour se lancer dans l’aventure.

 

Des milliers de documents à sa portée 

Depuis l’été dernier, Mathieu Guesdon et sa troupe ont démarré quelques projets d’IA générative. L’un d’eux facilite grandement la vie de l’équipe de réglementation. 

Les membres de ce département doivent en effet naviguer parmi des milliers de documents accumulés au fil des années, auxquels ils doivent se référer d’un point de vue légal. Pour accélérer leur recherche, l’entreprise a implanté un GPT privé qui catalogue l’ensemble de ces documents.

« Certaines décisions de la Régie de l’énergie remontent très loin dans le passé, explique Mathieu Guesdon. C’est difficile de se rappeler que tel jugement a été pris pour tel projet, surtout que ce ne sont pas tous les employés qui ont plus de 20 ans d’expérience. Ça leur donne une base de connaissances. » 

Ce dispositif, à qui on peut poser des questions, permet en outre de trouver et de contextualiser rapidement l’information, et de citer des sources plus facilement. « On pensait réserver cet outil à la réglementation, mais on s’est vite rendu compte que ça pouvait profiter à d’autres départements, par exemple au service à la clientèle », remarque Mathieu Guesdon.

 

Des relevés automatisés 

Chaque jour, Énergir procède à des relèves de ses compteurs. Certaines d’entre elles sont hors normes, et dépassent les limites. « Des gens devaient vérifier manuellement si le client avait vraiment très peu ou trop consommé d’énergie ou si c’était un défaut du compteur », explique Mathieu Guesdon. En se basant sur l’historique de consommation et d’autres données, l’entreprise a pu calculer un « score de confiance », qui permet d’automatiser une grande partie du traitement des cas dits anormaux. 

Énergir est maintenant beaucoup plus efficiente. « Tout le temps qui a été ainsi gagné a été réinvesti dans des tâches à valeur ajoutée, comme d’améliorer les interactions avec les clients », souligne l’expert techno.

 

Un pas à la fois 

Ce changement dans les façons de faire ne s’est pas produit du jour au lendemain. « On l’a amené étape par étape, en suivant une feuille de route. La direction avait la volonté de procéder à une transformation numérique de notre organisation, qui allait dans la même direction que l’utilisation de l’IA : améliorer la maturité des employés sur tous les aspects numériques. » 

La protection des données est un enjeu crucial en matière d’IA, et celui-ci a soulevé bien des questions chez Énergir. « Ça a été notre principal défi, mais on l’a surmonté », estime Mathieu Guesdon. Afin de renforcer sa capacité à mener à bien ses projets, le distributeur s’est entouré d’une firme externe pour l’épauler dans l’adoption de l’IA. 

Mathieu Guesdon et son équipe ont pris le temps d’expliquer les solutions aux salariés. Ils ont aussi déployé une norme sur l’utilisation de l’IA générative, en plus d’offrir des ateliers et des capsules informatives.

Les employés qui ont un intérêt peuvent rejoindre la communauté de pratiques, qui compte pour l’instant 160 membres. Ces passionnés se rencontrent chaque mois pour partager des retours sur les projets, les interrogations de leurs collègues, mais également des articles de presse pertinents. 

Tout le personnel a désormais accès à Copilot, l’assistant virtuel intelligent de Microsoft. Près de la moitié des 1600 employés l’utilisent, selon Mathieu Guesdon. « Il peut aider à réviser un courriel ou à créer une formule Excel, par exemple. »

Énergir planche aujourd’hui sur une autre idée d’apprentissage machine, cette fois pour perfectionner ses prévisions de consommation. « Il y a des gains monétaires à faire en économisant sur l’acquisition de gaz. » Même un faible pourcentage d’amélioration aura un impact important vu le volume impliqué. 

Certaines tâches répétitives, comme l’audit de sécurité, devraient aussi être automatisées dans un avenir rapproché. « On a modernisé nos technologies dans les dernières années, relève Mathieu Guesdon. On a donc aujourd’hui plus de place pour l’innovation, dont l’IA fait partie. »