Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires

Ecosystem s’enracine à l’étranger

Emilie Laperrière|Édition de la mi‑octobre 2023

Ecosystem s’enracine à l’étranger

André Rochette, fondateur d'Ecosystem (Photo: courtoisie)

SPÉCIAL 300 PME. Réduire l’empreinte carbone des bâtiments et la facture énergétique de ses clients, telle est l’ambition d’Ecosystem. Depuis plus de 20 ans, l’entreprise de Québec exporte son savoir. Après avoir percé le marché de Toronto, elle étend désormais sa présence aux États-Unis. 

L’incursion d’Ecosystem en sol étranger est née d’un certain « goût de l’aventure » de son fondateur et de l’envie de garder sa spécialisation tout en s’ouvrant sur le monde. 

Au début des années 2000, l’entreprise a été invitée à soumissionner sur un projet immobilier de CBC, à Toronto. « On s’est rendu compte qu’on était dans un secteur très niché, celui de la performance énergétique, de la réduction du gaspillage et de la rénovation des écosystèmes énergétiques dans les bâtiments existants. À Toronto, la quantité d’immeubles, et donc de clients potentiels, était beaucoup plus élevée qu’à Québec ou à Montréal, alors on s’est dit qu’on devait y être », explique le fondateur André Rochette. 

La géographie a décidé de la suite. Le dirigeant a étudié les villes de grande densité à plus ou moins une heure de vol de Québec où l’entreprise pouvait ouvrir un bureau. New York s’est imposée. En plus de Québec, Montréal, New York et Toronto, ses ingénieurs se retrouvent aujourd’hui à Boston, Washington, Columbus et San Diego. Au total, 84 des 199 employés font carrière en Ontario ou aux États-Unis, territoire qui représente 58% du chiffre d’affaires de l’entreprise. 

« On s’installe dans des villes où la réglementation est favorable à la décarbonation, soit par le biais de contraintes ou de subventions », précise-t-il. Ouvrir ces bureaux a procuré une stabilité économique à l’entreprise et lui permet de garder l’équilibre. Par exemple, lorsque certaines régions ont mis un frein à la construction durant la pandémie, d’autres ont poursuivi leurs activités.

 

Une culture commune 

Évidemment, l’implantation au-delà de nos frontières ne s’est pas réalisée sans heurts. Le plus important défi concernait la main-d’œuvre, selon André Rochette. « En tant qu’entreprise de services, il fallait compter sur des gens qualifiés sur place. Des gens qui connaissent notre culture et nos façons de faire, mais aussi la science du bâtiment. » 

Il ajoute que le plus difficile a été de s’assurer de choisir les bonnes personnes, ici au Québec, pour s’établir dans la région. Une grande responsabilité repose en effet sur leurs épaules : celle de partir le bureau du bon pied avant qu’une équipe locale prenne progressivement la relève. « On laisse les gens sur place prendre les décisions au quotidien, mais la culture est un élément non négociable », souligne l’entrepreneur. 

Cette culture a pris du temps à s’articuler. Il s’agit d’ailleurs d’une erreur qu’André Rochette n’aurait pas commise s’il avait su. « La culture se manifeste dans plein de détails. On a attendu trop longtemps — presque 20 ans — pour définir notre motivation, la raison qui nous pousse à nous lever le matin et à faire notre travail. C’est un exercice essentiel même s’il est difficile. » L’entreprise fondée en 1993 a depuis développé un processus rigoureux pour transmettre sa vision aux recrues.

 

Quelques surprises, mais pas de catastrophe

Comme Ecosystem fournit une expertise et qu’elle n’a par conséquent pas d’usine ou de ligne de production, elle n’a pas eu à faire face à des défis d’implantation. Elle a par contre dû s’adapter à des coûts de construction largement plus élevés que ceux auxquels elle est habituée. « Faire un projet à Québec ou à New York, ce n’est vraiment pas la même chose », illustre le fondateur. La réglementation, entre autres pour ce qui touche à la santé et sécurité, se révèle également plus stricte. 

La facilité relative de brasser des affaires aux États-Unis a surpris André Rochette, qui s’attendait à devoir affronter une montagne de complications. « Finalement, ce n’est pas plus difficile qu’ici, assure-t-il. Le marché est immense et les choses se passent vite. Pour une entreprise québécoise, exporter aux États-Unis représente un potentiel extraordinaire. »

 

Devenir un acteur de changement 

Joint-on le geste à la parole en matière de transition énergétique ? Pas assez, si l’on se fie à André Rochette. « On en parle beaucoup, mais on agit peu », constate l’homme d’affaires. 

Le nombre de villes qui mettent en place des réglementations contraignantes pour favoriser la transition énergétique est encore limité. Il va donc de soi qu’Ecosystem cible ces municipalités pour s’installer. « Aller où les gens veulent changer les choses, où le marché est dynamique, est bénéfique pour nous. » 

Au Québec, les faibles coûts de l’énergie ne favorisaient pas la rénovation des bâtiments pour les rendre plus performants. « Aujourd’hui, le coût du carbone augmente, les normes aussi. Nos clients peuvent donc profiter des solutions que nous avons développées il y a une trentaine d’années et compter sur des gens d’expérience. »

 

///

Voici les trois conseils d’André Rochette pour les entrepreneurs qui souhaitent suivre ses traces. 

1. Sachez pourquoi vous voulez exporter.

2. Ayez une base opérationnelle forte, incluant la maîtrise de l’élément qui vous différencie.

3. Entourez-vous, car tout est dans l’exécution !