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Simplifier l’accès aux chiropraticiens: simple et bénéfique

Le courrier des lecteurs|Publié le 26 octobre 2023

Simplifier l’accès aux chiropraticiens: simple et bénéfique

La surcharge administrative des médecins les empêche de voir des patients et la réglementation bloque les chiropraticiens pour faire une différence. (Photo: 123RF)

Un texte de François Vincent, vice-président pour le Québec à la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante et de Guillaume Corbin, chiropraticien et président de l’Association des chiropraticiens du Québec


COURRIER DES LECTEURS. La Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI) parle souvent du problème du fardeau administratif et de la réglementation qui représente un poids pour les PME québécoises, et avec raison, son poids freine la croissance.

Comme nous avons démontré en début d’année lors de notre Semaine de sensibilisation à la paperasserie, c’est un enjeu qui ne touche pas seulement les entrepreneurs, mais aussi tous les citoyens. 

Une étude de la FCEI prouve que les médecins canadiens consacrent collectivement environ 18,5 millions d’heures par année à de la paperasserie et des tâches administratives superflues, soit l’équivalent de 55,6 millions de consultations. Au Québec, on parle de 4,4 millions d’heures par année consacrées au travail administratif, ce qui représente 13 millions de consultations! Résumé en une phrase : la paperasserie empêche les médecins de faire ce qu’ils font de mieux: soigner leurs patients.  

C’est peut-être moins connu, mais la paperasserie empêche également les chiropraticiens de voir et de soigner des patients. 

En effet, à l’heure actuelle au Québec, les délais auxquels font face les accidentés du travail pour obtenir un rendez-vous médical sont souvent longs. Ceux-ci entraînent des retards dans la prise en charge, augmentent les risques de douleur chronique et prolongent aussi les délais pour un retour au travail. 

Pour qu’un accidenté du travail bénéficie des soins chiropratiques, il doit obtenir obligatoirement une prescription d’un médecin. Nous voici revenus à la case départ. La surcharge administrative des médecins les empêche de voir des patients et la réglementation bloque les chiropraticiens pour faire une différence. 

Pourtant, une analyse comparative des juridictions canadiennes démontre que les travailleurs accidentés peuvent consulter directement un chiropraticien dans l’ensemble des autres provinces canadiennes. Alors, pourquoi pas au Québec ? L’étude Chiropractors’ characteristics associated with their number of workers’ comprensation patients démontre que les chiropraticiens québécois traitent en moyenne cinq travailleurs accidentés par an, alors que nos homologues ontariens en traitent neuf. 

Nous pensons donc que les chiropraticiens québécois ont la capacité d’accueillir davantage de travailleurs accidentés. D’ailleurs, une récente étude de la FCEI montre que 74 % des entrepreneurs de l’Ontario et 69 % de ceux du Québec appuient la reconnaissance mutuelle des normes d’inscription aux commissions d’indemnisation des accidents du travail, qui faciliterait le travail dans d’autres provinces sans que ce ne soit associé à remplir de la paperasse. 

L’analyse des données ontariennes a montré que les travailleurs accidentés qui ont initialement consulté un chiropraticien ont bénéficié de périodes d’indemnisation plus courtes par rapport à ceux qui ont consulté un médecin en première ligne. D’ailleurs, l’Association des chiropraticiens du Québec a repris les résultats de notre province voisine et l’a adapté au contexte québécois. Leur estimation est plus que parlante : si les travailleurs accidentés québécois souffrant de douleur au dos — le siège de lésions le plus fréquent selon l’Institut de recherche Robert-Sauvé en santé et en sécurité du travail — avaient un accès direct aux soins chiropratiques, des économies potentielles de 11,8 millions de dollars annuellement uniquement en indemnités salariales pourraient s’ensuivre. 

Les arguments pour aller de l’avant sont nombreux et plusieurs ministères gagneraient avec ce changement, tant les ministères de la Santé, que celui du Travail et de l’Économie. En ce sens, nous tenons à souligner l’ouverture politique qu’a démontrée le ministre du Travail, Jean Boulet, le 13 octobre dernier dans sa réponse à la question au feuilleton du député, Joël Arseneau. Le Ministre y indique que la CNESST entreprendra des travaux réglementaires en 2024 et que la possibilité de mettre à contribution de nouveaux intervenants à titre de « professionnels de la santé » y sera étudiée. Cela a le potentiel d’améliorer directement l’accès aux soins chiropratiques aux accidentés du travail. 

En effet, ce sont des économies en indemnités salariales. Ce sont des travailleurs accompagnés plus rapidement pour se remettre en santé. Ce sont des médecins qui sont déchargés en partie pour voir plus de patients. Ce sont des règles qui s’adaptent avec ce qui est fait dans les autres provinces canadiennes. 

Alors, qu’attendons-nous pour passer à l’action?