Josée Bilodeau (Photo: Marie-Ève Falardeau)
SPÉCIAL 300 PME. Si l’entreprise de portes et fenêtres Abritek a survécu au décès de son propriétaire en 2014 et à l’incendie qui a détruit sa première usine en 2022, c’est en grande partie grâce à son équipe tissée serrée. Gros plan sur une histoire de famille(s).
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Nombre d’employés: 125 Longévité du dirigeant: 10 ans Position au classement: 222e |
Josée Bilodeau a pris les rênes de l’entreprise de Saint-Georges à la suite du décès de son conjoint, Christian Dupuis, il y a aujourd’hui dix ans. « La place était déjà préparée, se rappelle-t-elle. Je n’avais pas de craintes face aux défis à relever. » Il n’empêche que la transition a été difficile sur le plan personnel. « Christian et moi, on a pensé l’entreprise ensemble. On prenait les décisions à deux. Son départ m’a déstabilisée. »
La nouvelle propriétaire a puisé sa force dans son entourage. « On travaille en équipe ici, souligne Josée Bilodeau. On appelle ça la famille Abritek. On dit souvent qu’on avance bien tout seul, mais qu’en gang, on avance plus vite. »
Elle estime qu’être une femme n’a pas pesé dans la balance quand est venu le temps de prendre la tête de l’entreprise. « Quand tu es passionnée par ce que tu fais, tu agis avec authenticité. Si les gens voient que tu es intègre et que tu vas foncer malgré l’adversité, ils vont te suivre », croit-elle.
Fenêtre sur la relève
Très humble, Josée Bilodeau refuse de s’accorder le crédit pour le succès de l’entreprise de 125 employés. Elle vante plutôt l’apport de ses quatre enfants, qui ont embarqué avec enthousiasme dans l’aventure familiale et ont chacun « fait leur place ».
Sa fille Bianca est désormais directrice générale, après avoir commencé sa carrière à la réception. Son fils Jonathan, lui, agit à titre de directeur du développement stratégique. « Ils se complètent bien », estime leur mère. Son autre fille, Catherine, est pour sa part directrice des ressources humaines. Son fils Samuel travaille de son côté à la production, et il prendra éventuellement un poste de gestion.
Les quatre enfants se préparent tranquillement à reprendre l’entreprise fondée par leur grand-père, Adélard Dupuis, en 1947. « On a entamé le processus il y a deux ans », précise la propriétaire. Abritek est accompagnée d’experts dans cette étape cruciale.
Pas de date butoir ou d’échéancier serré n’ont été imposés. La présidente veut attendre que le temps fasse son œuvre. « Le plus grand enjeu pour moi, c’est d’assurer la pérennité de l’entreprise. Je vais rester pour y voir. C’est une promesse que j’ai faite à Christian. » C’est également avec ses enfants qu’elle a procédé à une longue planification stratégique pour renouveler la mission, la vision et les valeurs de la PME. « On a décidé de poursuivre la croissance de l’entreprise, notamment en ajoutant des produits innovants pour répondre à la nouvelle réalité de notre marché. »
Abritek n’est d’ailleurs pas que l’affaire des Dupuis-Bilodeau. D’autres familles se sont jointes à l’entreprise au fil des ans. « Parmi nos employés, on compte des frères et des sœurs, quelques cousins, des neveux et des nièces et même des couples qui travaillent ici depuis plusieurs années. »
Repartir de zéro
Le 8 mai 2022, un feu a complètement rasé l’usine principale d’Abritek, plongeant l’entreprise beauceronne dans l’incertitude. « On a été obligés de repartir à zéro », raconte Josée Bilodeau. Elle ajoute que cette expérience a beau avoir été l’une des plus ardues de sa vie, elle a également été l’une des plus touchantes. « On a eu le soutien de nos employés, de nos fournisseurs. Tout le monde a mis la main à la pâte. »
La tragédie a en outre servi de catalyseur. Abritek en a profité pour agrandir ses installations de 42 000 pieds carrés, pour automatiser davantage ses opérations et regrouper tous ses services sous le même toit. La production des cadres de la porte-patio haut de gamme signée Abritek a par exemple été automatisée en 2024.
La PME a aussi revu sa façon de former son équipe. « Les ressources humaines ont voulu améliorer la vitesse d’intégration des employés puisque ça a un lien direct sur la rétention. Des processus ont été simplifiés, de nouvelles procédures ont été créées, et on a également choisi des personnes attitrées aux formations. »
Josée Bilodeau ne sait pas comment expliquer le succès d’Abritek autrement qu’en parlant d’un miracle. « À travers la tempête économique, on a tout le temps été bénis. On a même réalisé une année record en 2022, alors qu’on peinait à servir nos clients. »
En attendant de laisser l’entreprise entre les mains de ses enfants, Josée Bilodeau n’aura pas le temps de s’ennuyer. Abritek planche sur deux autres projets d’automatisation, dont un qui mécanisera à 100 % la salle de peinture. Elle doit également changer toute sa flotte de camions de livraison.
La propriétaire reste zen devant tout ce qu’il y a à faire. « Il faut garder la tête froide et prendre un défi à la fois. »