Amyot Gélinas: diriger «sans compter les heures»
Philippe Jean Poirier|Édition de la mi‑octobre 2024À la lecture de sa feuille de route, on comprend que Patrice Forget n’a jamais « compter les heures » ni pour sa firme ni pour ses causes sociales. (Photo: courtoisie)
SPÉCIAL 300 PME. Depuis sa nomination à la tête du cabinet comptable Amyot Gélinas en 2020, Patrice Forget a imprégné un important changement de culture visant le bien-être des employés et l’équilibre travail-vie privée. En cordonnier mal chaussé, l’associé de longue date (depuis la création du bureau en 1994) concède avoir lui-même beaucoup de difficulté « à ralentir ». Portrait d’un homme « passionné » de comptabilité et de causes sociales.
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Nombre d’employés: 134 Longévité du dirigeant: 4 ans Position au classement: 208e |
À la lecture de sa feuille de route, on comprend que Patrice Forget n’a jamais « compter les heures » ni pour sa firme ni pour ses causes sociales. Au début des années 2000, quand les associés fondateurs d’Amyot Gélinas ont mentionné vouloir ouvrir un bureau à Mont-Tremblant, le CPA auditeur a « levé la main » et « déménagé sa petite famille » pour démarrer ce bureau. Par la suite, il a participé à l’ouverture des bureaux de Saint-Jérôme, de Sainte-Adèle, de Rivière-Rouge, de Blainville et plus récemment de Repentigny. Pendant deux ans, les week-ends, il a donné des conférences en Europe à titre de président du club d’entraide Richelieu International, quand il n’était pas trésorier ou président du club de hockey junior de sa région.
« Un de mes défis, par rapport à l’image que je projette comme président et chef de la direction, c’est de présenter un meilleur équilibre travail, vie personnelle et loisirs », avoue l’homme de 61 ans. « Je me le fais dire encore aujourd’hui dans nos sondages organisationnels : le personnel et les associés aimeraient que je donne l’exemple que c’est possible être associé sans l’obligation de faire 50, 60 heures par semaine. »
Or, si l’actuel dirigeant d’Amyot Gélinas se fait servir ce genre de rappel à l’ordre, c’est qu’il demeure, somme toute, un leader qui a su s’adapter à son époque. Dès sa nomination comme PDG en janvier 2020, il a introduit dans son organisation un « indice de bonheur » et il s’est mis en tête de l’améliorer, année après année. À ce jour, Patrice Forget estime avoir déployé une quarantaine d’initiatives touchant aux conditions de travail et au bien-être des employés, incluant : heures supplémentaires payées à temps et demi, possibilité d’avoir un contrat de travail de 35, 37,5 ou 40 heures par semaine, vendredi de congé pendant l’été, activités sociales rémunérées et ainsi de suite.
« Si notre cabinet n’avait pas évolué, nous n’aurions pas pu retenir notre personnel et poursuivre notre croissance, dit-il. Au niveau des CPA auditeurs, il y a une grande compétition interbureaux. » Le PDG se félicite d’avoir un taux de rétention élevé, avec 7 des 11 associés actuels issus du recrutement universitaire. Il souligne aussi avoir levé le pied sur les heures de travail : l’été dernier, il a pris la plupart de ses vendredis de congé. « Pour y arriver, il faut en faire une priorité », insiste-t-il.
Avoir la confiance de déléguer
En prenant un pas de recul, Patrice Forget voit un autre élément qui a grandement changé dans son milieu de travail : la manière d’exercer le leadership. « Dans le temps, on attendait d’un leader qu’il nous montre le chemin. C’est lui qui déterminait 100 % des orientations du cabinet et, ensuite, il nous demandait de l’épauler pour réaliser les projets. Aujourd’hui, ça ne fonctionne plus comme cela. Les gens veulent sentir qu’ils participent à la prise de décision. »
Sur ce point, le CPA auditeur ne sent pas trop dépaysé. « La gestion m’a toujours attiré, raconte-t-il. En plus de mon bac en sciences comptables, j’ai fait des certificats en ressources humaines et en gestion de la main-d’œuvre. Donc, déléguer et m’entourer d’une équipe forte, c’était sans doute un peu plus naturel pour moi que pour la génération des associés fondateurs qui m’ont précédé, Michel [Amyot] et Christian [Gélinas], plus axée sur un leadership individuel. »
À plusieurs égards, les mandats accomplis par Patrice Forget suggèrent l’exercice d’un leadership « collaboratif ». Pour démarrer de nouveaux bureaux, il a dû apprendre à déléguer des responsabilités. Étant donné son implication de « haut niveau » dans des organismes d’entraides, il a pris l’habitude de répartir ses tâches avec ses collègues. Lors de sa nomination comme PDG, il a créé un lac-à-l’épaule annuel pour discuter des orientations du cabinet avec ses directeurs et ses associés. « Si on n’est pas capable de faire confiance aux gens qui nous entourent, à la fin de la journée, on manque de temps pour tout faire », fait-il remarquer. Tout compte fait, malgré ses résolutions de ralentir, on sent que le CPA auditeur a encore beaucoup à accomplir.