«Nous avons fermé notre centre de distribution à Québec en 2015 lors d’une restructuration, ce qui signifiait licencier des employés qui étaient avec nous depuis 30 ou 40 ans, souligne Marie-Christine Bourdon. C’était une décision déchirante, mais qui devait être prise.» (Photo: courtoisie)
SPÉCIAL 300 PME. En une dizaine d’années à la tête de Beauté Star, Marie-Christine Bourdon a changé profondément son modèle d’affaires pour répondre aux évolutions du marché. Elle a également pris des décisions difficiles pour le bien de l’entreprise.
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Nombre d’employés: 137 Longévité du dirigeant: 10 ans Position au classement: 200e |
Pendant longtemps, on ne trouvait les produits de soins capillaires haut de gamme que dans les salons de coiffure. Ce n’est plus le cas maintenant. On en voit dans des pharmacies, dans de grandes chaînes comme Sephora et bien sûr du côté du géant Amazon.
Les co-présidentes du distributeur de produits de coiffure Beauté Star, les sœurs Marie-Christine et Marie-Danielle Bourdon, ont dû innover devant cette tendance. Elles ont modifié leur modèle d’affaires pour devenir aussi un détaillant. L’entreprise a présenté sa nouvelle image de marque et son nouveau rôle en février 2020. La pandémie de COVID-19 a ralenti le virage, mais la vision est maintenant bien implantée.
La valeur-conseil
Dorénavant, 13 des 25 boutiques situées au Québec, au Nouveau-Brunswick et en Ontario sont ouvertes aux consommateurs, en plus des professionnels. L’entreprise a aussi lancé en 2020 un site Internet transactionnel accessible au grand public. Mais un tel tournant vers le B2C ne pouvait s’effectuer sans préserver leur clientèle professionnelle, qui aurait pu s’inquiéter de voir leur distributeur devenir un compétiteur.
« Nous avons créé le programme “En beauté avec vous”, justement pour associer nos clients professionnels à ce virage », souligne Marie-Christine Bourdon. Ce programme permet à un coiffeur qui n’a pas en stock un produit que son client recherche de lui remettre un code promotionnel. Le client peut ensuite s’en servir pour commander des articles sur le site de Beauté Star. Le salon reçoit en retour une commission de 25 % sur la vente, sous la forme de points qu’il peut employer pour acheter lui aussi des produits Beauté Star.
La dirigeante ajoute que son entreprise mise beaucoup sur la valeur du conseil. Beauté Star souhaite faire profiter de ses 50 ans d’expérience à ses clients « Un coiffeur est toujours présent dans nos boutiques pour conseiller les gens au sujet des soins appropriés pour eux et les aider à comprendre comment bien les utiliser, précise Marie-Christine Bourdon. Notre avantage concurrentiel, c’est le conseil. »
L’héritage familial
Être dirigeante, c’est justement savoir s’adapter efficacement aux tendances du marché et pouvoir vaincre les obstacles. Depuis qu’elle a pris les rênes de l’entreprise avec sa sœur il y a une dizaine d’années, la co-présidente a dû surmonter la pandémie, l’inflation et l’arrivée de nouveaux concurrents agressifs.
Mais cette dynamique qui n’est pas de tout repos ne constituait pas une surprise pour elle. L’entreprise a été fondée par ses parents France Bédard Bourdon et Gaétan Bourdon en 1978. « Toute mon enfance, je les ai vus travailler d’arrache-pied, sans compter les heures, et affronter les hauts et les bas de la vie d’entrepreneur, confie-t-elle. J’ai aussi occupé plusieurs postes dans différents départements de l’entreprise à partir du début de l’adolescence. »
Elle-même ne pensait pas prendre ce chemin au départ. Elle rêvait plutôt de devenir avocate. « La juge France Charbonneau, qui a notamment présidé la fameuse Commission Charbonneau, était notre voisine et je l’admirais beaucoup, raconte-t-elle. Mais finalement, lorsque le temps est venu de m’inscrire à l’université, j’ai choisi la voie des affaires. »
Des décisions difficiles
Comme beaucoup de repreneuses d’entreprises familiales, elle a ressenti la pression de bien faire et de préserver le projet des parents. Elle a parfois dû prendre des décisions difficiles pour y arriver. « Nous avons fermé notre centre de distribution à Québec en 2015 lors d’une restructuration, ce qui signifiait licencier des employés qui étaient avec nous depuis 30 ou 40 ans, souligne Marie-Christine Bourdon. C’était une décision déchirante, mais qui devait être prise. »
En tant que PDG, elle doit aussi s’habituer à travailler avec la montée du télétravail et les attentes un peu différents de la nouvelle génération. « Nos employés ne doivent venir au bureau que deux jours par semaine et nous avons même une nouvelle cheffe du commerce en ligne qui vit dans l’Ouest canadien trois mois par année, donc comme gestionnaires, nous devons nous adapter à cette réalité », avance-t-elle.
Au cœur de tous ces changements, et pour bien affronter les vents de face qui ne manquent jamais de se lever, elle compte beaucoup sur la communication avec ses équipes. « On doit savoir dialoguer, mobiliser et surtout écouter, affirme-t-elle. On ne peut pas tout faire seul. On doit s’appuyer sur les personnes qui ont envie de ramer dans la même direction que nous. »