Boulangerie Pagé: au coeur du village de Saint-Sauveur depuis 121 ans
Initiative de journalisme local|Publié à 7h00 | Mis à jour à 7h03Aujourd’hui, la Boulangerie Pagé offre plus de 200 produits différents, dont environ 50 sortes de pains différents. (Photo: Nordy - Davy Lopez via Simon Cordeau, Initiative de journalisme local)
La Boulangerie Pagé fait du pain au centre du village de Saint-Sauveur depuis 1903. «En 2023, on a souligné les 120 ans», rappelle fièrement le propriétaire Steeve Julien.
«J’avais regardé dans les archives de la Ville. Je trouvais ça intéressant d’avoir l’histoire de Pagé. Tout était écrit à la main. Ici, c’était la petite maison d’un notaire à l’époque. Un jour, M. Édouard Pagé avait l’intention de démarrer une boulangerie. Il achète la bâtisse pour la somme de 2 500$. Son père lui dit: “Tu es fou. Jamais tu vas réussir à rembourser ça.” C’était trop cher! Mais il est parti et a suivi son idée», raconte M. Julien.
Une entreprise familiale
À l’époque, tout est produit directement dans la boulangerie. « Il y avait les fours, le garage. Les pâtes, les biscuits, tout se faisait ici. » M. Julien indique que le menu était alors petit et se limitait à une douzaine de produits. « Ils avaient quelques pains, quelques croissants, quelques beignes, quelques tartes, et des tourtières aussi. Au niveau de la qualité, c’était très bien, mais relativement simple. »
Édouard Pagé a eu deux fils qui, au fil du temps, ont embarqué dans l’entreprise. « Puis l’un des deux, peut-être qu’il était plus vieux, a lâché. L’autre, Philippe Pagé, a continué. Et je pense qu’il n’avait pas de relève. Donc mon père a racheté en 1999 », continue l’actuel propriétaire.
Son père avait aussi une boulangerie à Saint-Sauveur : Les Moulins La Fayette. « Il trouvait Philippe très sympathique. Il lui a dit : « Si un jour tu vends, fais-moi signe » », se souvient M. Julien.
Grandir
Quand son père achète la Boulangerie Pagé, il réalise qu’il a beaucoup d’espace pour produire, en plus de son autre boulangerie, dans les Factories, qui est assez grande. « Mon père avait la vision de franchiser son concept des Moulins La Fayette. Ça s’est mis à ouvrir : deux, puis trois, puis quatre. Aujourd’hui, il y en a 31, des Moulins La Fayette », raconte M. Julien.
Mais à travers cette expansion, la Boulangerie Pagé conserve son identité. « On aurait pu tout changer. Elle fait partie des Moulins La Fayette, mais elle garde son nom propre. Pagé, ç’a toujours été populaire et très connu. Les gens arrêtaient beaucoup. On se le fait encore dire toutes les semaines. Les gens passent : « Quand on allait au chalet à Saint-Adolphe, à Morin-Heights, à Piedmont, on arrêtait tout le temps ici ». Et ça perdure encore ! Sur 100 ans d’histoire, ça fait quelques générations qui sont passées ici », souligne le propriétaire.
Cela dit, la transition n’a pas été sans heurt lors du rachat de la boulangerie, se souvient M. Julien. « Sur le coup, les gens étaient un peu déçus. Ils étaient bien habitués à la famille Pagé et ils aimaient ça. On pouvait comprendre. Mais à peine 6 ou 8 mois après, tranquillement, en amenant d’autres choses, les gens étaient super contents. Et ç’a continué depuis. »
« Le même savoir-faire »
Puis, la production a été centralisée à un seul endroit, plus grand, pour combler les besoins des succursales. « Tout est fait à la main, de manière artisanale. Mais tout est fait là-bas, pour standardiser les recettes. Donc tout est fait là-bas, pour standardiser les recettes. C’est important, quand on croque dans le chausson aux pommes, que ce soit le même, qu’on aille dans une boutique à Québec ou à Saint-Sauveur. On retrouve le même goût et le même savoir-faire. »
Les produits sont ensuite expédiés dans les différents magasins, mais sont finalisés sur place. « On fait la pousse et la cuisson ici. Donc on a toute la fraîcheur, les odeurs et le goût. Le matin, tout est frais. Et ça nous permet aussi de recuire plusieurs fois dans la journée, selon la demande et l’achalandage. »
Les quantités cuites sont ajustées selon les journées et les périodes de l’année pour rencontrer la demande. « Saint-Sauveur est très touristique. C’est sûr, tout de suite quand il se passe quelque chose au village, on le ressent, surtout s’il fait beau. Mais on a quand même une grosse clientèle locale, qui est là toute l’année », précise M. Julien.
Quand la production a été centralisée, cela a aussi libéré beaucoup d’espace à la Boulangerie Pagé. « Mon père avait eu l’idée de faire un petit marché ici. Maintenant, il y a une boucherie, une fromagerie, même une fleuriste, du nougat, une excellente pizzeria, etc. On se complète bien et on est une belle destination. »
Connaître son village
Steeve Julien s’est joint à l’entreprise vers 2008. «Je me suis associé avec mon père. J’ai fait 7-8 ans avec lui. Et il y a 9 ans maintenant, en 2015, j’ai racheté au complet avec ma femme», raconte-t-il. Il continue ainsi une longue tradition familiale, puisque sa famille avait déjà une boulangerie dans les années 1970, avant de venir au Québec. «On est Français. Mais il y a longtemps qu’on est à Saint-Sauveur. Je suis arrivé ici quand j’avais 8 ans. Je suis allé à l’école ici et j’ai grandi ici. Donc je connais très bien mon village.»
Aujourd’hui, la Boulangerie Pagé offre plus de 200 produits différents, dont environ 50 sortes de pains différents. «Quand on a fusionné avec Les Moulins La Fayette, on a vraiment ouvert l’éventail, avec une grosse gamme de tartes, de gâteaux et de viennoiseries. On a développé les goûts, les textures et l’agencement des produits.»
Certains clients viennent seulement pour manger un sandwich, d’autres précisément pour tel pain ou telle viennoiserie, d’autres encore pour plein de choses variées. «Aussi, on fait maintenant des bons cafés. C’est quand même assez large», indique le propriétaire.
Même si la Boulangerie Pagé existe depuis plus de 120 ans, M. Julien souligne qu’il ne prend rien pour acquis. «Non, c’est un travail tous les jours. C’est un point que je dis et que je répète tout le temps à mes employés. Le service, l’accueil, les produits, la texture, les goûts: ce sont toutes des choses importantes pour moi.»
Par Simon Cordeau, Initiative de journalisme local, Journal Accès