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Dominic Gagnon

Innovation entrepreneuriale

Dominic Gagnon

Expert(e) invité(e)

Écoutez vos clients, pas votre égo!

Dominic Gagnon|Publié à 12h00 | Mis à jour à 12h03

Écoutez vos clients, pas votre égo!

Photo: 123rf.com

EXPERT INVITÉ. Soyons honnêtes, l’entrepreneuriat est presque devenu un spectacle.

On glorifie les entrepreneurs comme des superhéros, on partage leurs photos de voyage (ou devant leur ordinateur avec un latté), et tout le monde veut sa dose de projecteurs. Résultat? Certains passent plus de temps à faire des égoportraits qu’à bâtir de vraies entreprises.

Je dois l’avouer, je suis un peu épuisé de cette quête de visibilité et qu’on justifie souvent tout ça par «c’est bon pour les affaires, ça apporte de la visibilité». Et je peux comprendre, parce que, moi aussi, j’ai combattu (et je combats encore) mon égo. La ligne est mince entre avoir confiance en soi et laisser son égo prendre le contrôle. Et quand on tombe du mauvais côté de cette ligne, ça peut coûter très cher, que ce soit en temps, en argent et en opportunités.

C’est justement en discutant avec un jeune entrepreneur que j’ai eu envie d’écrire ce texte. Il avait toutes les qualités pour réussir: de l’énergie, des idées et une belle vision. Mais il avait un gros problème: son égo. Ce problème, je l’ai vu chez beaucoup d’entrepreneurs, et il mérite qu’on s’y attarde, parce que l’égo est, à mes yeux, le pire ennemi d’un entrepreneur et nous empêche souvent de développer un produit dont les gens ont vraiment besoin!

Quand l’égo dicte nos choix

L’égo, c’est cet ennemi sournois qui se cache derrière nos décisions, nos certitudes, et parfois même nos échecs. Il nous pousse à croire qu’on a raison, même lorsque les faits disent le contraire. Il nous empêche de remettre en question nos idées et nous convainc que si quelque chose ne fonctionne pas, c’est la faute des autres, jamais la nôtre. Je pense que la grande majorité des entrepreneurs flirtent au minimum avec l’égo. Cependant, certains comprennent son danger et d’autres en deviennent complètement dépendants.

C’était justement le problème de ce jeune entrepreneur que j’ai rencontré, que je vais appeler Alex. Son égo l’avait amené à construire un produit technologique basé uniquement sur sa vision, sans jamais réellement consulter ses clients potentiels. Il avait passé des mois à perfectionner sa plateforme, persuadé que plus elle serait complexe et avancée, plus elle plairait. Mais il avait oublié l’essentiel: une entreprise, peu importe le domaine, existe pour répondre à un besoin. Si personne ne ressent ce besoin, peu importe à quel point votre produit est «génial», il ne se vendra pas et s’il ne se vend pas, vous n’avez rien!

La fausse promesse des idées de génie

Beaucoup d’entrepreneurs, surtout au début de leur parcours, tombent dans le piège de la «grande idée». Ils croient qu’une bonne idée suffit pour bâtir une entreprise qui aura du succès. Ils rêvent de ce moment d’illumination, cette fameuse «idée de génie» qui changera tout. Mais voici une vérité difficile à avaler: une idée, aussi brillante soit-elle, ne vaut rien si elle n’a pas un marché.

Une des plus grandes erreurs que font les entrepreneurs, c’est de confondre leur enthousiasme personnel pour une idée avec une demande réelle du marché. Vous trouvez votre idée géniale? Super. Mais est-ce que vos clients potentiels la trouvent utile? Est-ce qu’ils sont prêts à payer pour elle? Si vous ne pouvez pas répondre à ces questions avec des faits concrets, votre entreprise repose sur du sable.

Et c’est là que l’égo devient dangereux. Il vous empêche de poser ces questions parce que, au fond, vous ne voulez pas entendre des réponses qui pourraient remettre en question votre idée. C’est peut-être pour cette raison que vous faites la tournée des incubateurs qui joueront volontiers au «cheerleader» de votre projet?

Écouter, un antidote à l’égo

La clé pour éviter ce piège, c’est l’écoute. Et je ne parle pas de faire un sondage rapide auprès de vos amis ou de vos parents (de toute manière, ils ne sont pas vos clients). Je parle d’écouter réellement vos clients potentiels. Quels sont leurs problèmes les plus urgents? Qu’est-ce qui les empêche de dormir la nuit? Quelles sont les solutions qu’ils utilisent déjà, et pourquoi ne les trouvent-ils pas satisfaisantes?

Quand j’ai creusé avec Alex, il est rapidement devenu évident que son produit ne répondait pas aux vrais problèmes de ses clients. Il avait conçu une solution complexe pour un problème qui, pour eux, n’en était pas vraiment un. En revanche, il y avait d’autres besoins auxquels il n’avait jamais pensé, simplement parce qu’il n’avait pas pris le temps de demander.

L’égo a cette capacité sournoise de nous faire croire qu’on sait déjà tout. Que l’on comprenne parfaitement nos clients, leurs besoins, et pourquoi notre solution est «exactement» ce qu’il leur faut. Toutefois, voici la réalité: supposer, c’est souvent se tromper.

Le problème avec les suppositions, c’est qu’elles nous poussent à construire des solutions basées sur ce que nous pensons être vrai, au lieu de vérifier ce qui est réellement vrai. Résultat? Du temps et de l’argent gaspillés sur des produits ou des services qui passent complètement à côté de la cible.

Une solution simple: commencez petit et écoutez

La solution pour éviter ces pièges, c’est de commencer petit. Dans le monde des jeunes pousses, on parle souvent de «MVP» (produit minimum viable). Un MVP, ce n’est pas juste une version simplifiée de votre produit. C’est une manière de tester vos hypothèses sur le terrain, avec de vrais clients. L’objectif n’est pas de lancer un produit parfait, mais d’apprendre rapidement ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas.

Quand Alex a finalement lancé une version simplifiée de sa plateforme et qu’il a commencé à écouter les retours de ses utilisateurs, il a découvert des choses qu’il n’aurait jamais pu deviner seul. Par exemple, il a appris que ses clients potentiels n’avaient pas besoin d’une solution complète, mais plutôt d’un outil simple qui pouvait s’intégrer à leurs systèmes existants. Le problème: son égo l’a poussé à poursuivre dans sa direction plutôt que de corriger le tir.

Laissez votre égo à la porte

Mettre son égo de côté, ce n’est pas quelque chose que l’on fait une fois et c’est réglé. C’est un effort constant. En tant qu’entrepreneurs, nous investissons tellement de temps et d’énergie dans nos idées qu’il est difficile de les remettre en question. Mais si vous voulez réussir, il faut accepter que vous n’ayez pas toujours raison.

Si vous êtes entrepreneur ou aspirez à le devenir, posez-vous ces questions: est-ce que votre égo est en train de saboter vos chances de succès? Êtes-vous vraiment à l’écoute de vos clients, ou êtes-vous simplement en train de valider ce que vous voulez entendre?

La prochaine fois que vous prenez une décision, demandez-vous: est-ce que je fais cela pour mes clients ou pour mon égo? Parce qu’au final, le marché n’en a rien à faire de votre égo. Il ne se soucie que de ses besoins!