Entrepreneurs, voici comment réduire rapidement vos coûts avant les tarifs de 25% de Trump
François Normand|Publié à 10h03 | Mis à jour à 11h05
Les tarifs douaniers visent à favoriser les achats locaux dans une économie, au détriment des entreprises étrangères. (Photo: Adobe Stock)
ANALYSE ÉCONOMIQUE. Les entreprises qui exportent sur le marché américain font face à une grande menace: en 2025 ou en 2026, l’administration Trump compte imposer des tarifs de 25% sur toutes les importations aux États-Unis. À moins que votre produit soit unique, la seule manière de ne pas perdre des clients est de réduire rapidement vos coûts et vos prix pour demeurer concurrentiel.
Ce ne sont pas les exportateurs canadiens qui paieront cette taxe, mais les importateurs aux États-Unis qui achètent des produits au nord de la frontière. Gardons aussi en tête que des tarifs douaniers visent à favoriser les achats locaux dans une économie, au détriment des entreprises étrangères.
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Aussi, les importateurs américains auront sensiblement deux options:
- Cesser d’acheter certains produits au Canada qui seront devenus trop dispendieux pour se rabattre sur des biens similaires fabriqués aux États-Unis ;
- Continuer d’acheter des produits canadiens nichés et assez uniques, et ce, pour soit refiler la taxe de 25% aux consommateurs américains (des particuliers et/ou des entreprises) ou accepter de réduire leur marge bénéficiaire afin de ne pas trop faire augmenter les prix.
Comment réduire vos coûts rapidement d’ici à la possible imposition de tarifs?
Nous avons récemment posé la question à deux spécialistes, Éric Trudeau, conseiller d’affaires principal à la Banque de développement du Canada (BDC), et François Gingras, vice-président à l’innovation à Investissement Québec (IQ).
Ils proposent plusieurs stratégies pour réduire vos coûts d’environ 10% sur un horizon de 6 à 12 mois, et ce, dans les trois grandes activités des entreprises (les approvisionnements, la production et la commercialisation).
En août, Donald Trump proposait encore des tarifs de 10%. C’est par la suite qu’il a parlé d’une fourchette pouvant aller jusqu’à 20%, avant de promettre des droits de douane de 25% sur les produits canadiens.
Les approvisionnements
1. Revoyez chaque année la compétitivité de vos fournisseurs: les relations d’affaires sont certes précieuses, mais les fournisseurs doivent avant tout vous en donner pour votre argent et vous aider à réduire vos coûts.
2. Évaluez mieux la quantité de matière première dont vous avez besoin dans un procédé: cette stratégie permet de réduire vos coûts d’approvisionnement (pour de l’acier, par exemple) et de réduire les pertes en usine.
3. Rapprochez-vous de vos fournisseurs sur une base géographique: cela permet de réduire vos coûts de transport, mais à la condition que ces nouveaux partenaires n’aient pas des prix plus élevés. Bref, globalement, ça doit vous coûter moins cher, si on tient compte de tous les coûts, incluant les délais et les coûts supplémentaires de transport dans le cas d’un fournisseur basé en Asie.
La production
4. Numérisez vos procédés et automatisez des tâches répétitives: cette approche réduit les coûts assez rapidement. Vous pouvez aussi vous doter d’un progiciel de gestion intégrée (ou ERP) pour être encore plus efficace. Toutefois, les réductions de coûts prendront plus d’un an à se matérialiser, étant donné la complexité à utiliser l’outil à son plein potentiel.
5. Réaménagez la configuration de votre chaîne de production: ce réaménagement réduit les pertes de temps et les coûts de manutention. Il peut aussi réduire le nombre d’étapes dans un procédé sans faire de compromis sur la qualité (par exemple, de cinq à quatre), ce qui permet aussi de faire des économies.
6. Attaquez-vous au problème de qualité des produits: rappeler un produit défectueux est un casse-tête et entraîne aussi des coûts supplémentaires. Par conséquent, si vous améliorez votre processus de contrôle de la qualité, vous réaliserez nécessairement des économies.
La commercialisation
7. Réduisez si possible votre budget de publicité: ces dépenses sont certes importantes, mais elles ne sont pas nécessairement essentielles pour accroître vos ventes.
8. Rapprochez-vous de vos points de distribution, c’est-à-dire de vos clients: on peut ouvrir de mini-entrepôts sur son territoire ou faire affaire avec un fournisseur de services 3 PL (third-party logistics).
9. Faites une meilleure rotation des stocks, soit le nombre de fois que vous vendez et vous remplacez vos stocks au cours d’une année: cette efficacité réduira vos frais d’entreposage, car vous aurez besoin de moins d’espaces de stockage. De plus, une meilleure rotation des stocks améliorera vos liquidités. Vous aurez donc une nouvelle marge de manœuvre, par exemple pour réduire un peu vos prix de vente.
Bien entendu, ces solutions ne sont pas une panacée. En revanche, si vous les mettez toutes en place, vous avez de bonnes chances de réduire vos coûts d’environ 10%, selon les deux spécialistes.
Certes, Ottawa tentera de négocier avec la nouvelle administration Trump pour faire réduire ces tarifs, voir les éliminer.
Après tout, nous avons un accord de libre-échange avec les États-Unis.
Cela dit, il est sans doute plus avisé de travailler sur ce que vous contrôlez: vos coûts.
Et si Donald Trump ne met finalement pas sa menace d’imposer des tarifs de 25% sur les importations canadiennes à exécution? Eh bien, votre entreprise sera encore plus compétitive — du reste, il faut toujours essayer de réduire ses coûts.
Et plus attrayante aux yeux des importateurs aux États-Unis.
