Entreprises, et si vous adoptiez une approche «autochtonisée»?
Ken Rock|Mis à jour le 07 novembre 2024Dans les cultures des Premières Nations, les décisions ne sont pas prises en fonction des gains immédiats, mais dans une perspective intergénérationnelle. (Photo: Adobe Stock)
EXPERT INVITÉ. Quand Manon Jeannotte et moi avons eu l’idée, il y a maintenant trois ans, de créer l’École des dirigeantes et dirigeants des Premières Nations, nous étions convaincus de la nécessité d’amener les cultures et les savoirs autochtones dans la formation des leaders de nos communautés. Je me rends compte aujourd’hui que nous avions vu juste, mais que nous avions sous-estimé une autre dimension qui m’apparaît aujourd’hui avoir autant d’importance: l’apport des cultures et des savoirs des Premières Nations à la gouvernance des organisations et des entreprises non autochtones.
Les exemples de personnes issues des communautés autochtones qui siègent à des conseils d’administration sont de plus en plus nombreux. On peut penser au Chef Ghislain Picard, qui assume présentement la présidence du Conseil d’administration du Musée McCord Stewart, à Roberta Jamieson, qui siège à celui de Deloitte Canada ou à Jean Paul Gladue, qui siège au Conseil d’administration de Suncor.
Ce n’est pas surprenant. Dans un monde où la complexité des défis économiques, environnementaux et sociaux ne cesse de croître, les entreprises et les organisations doivent adopter de nouveaux modèles de gouvernance pour prospérer. C’est ici que les savoirs et les cultures des Premières Nations apportent une plus-value unique, en intégrant notamment des principes de circularité et de vision holistique.
La prise de décision collective: un modèle d’inclusion
L’un des piliers des cultures autochtones est l’importance de la consultation et de la prise de décision collective. En intégrant ces pratiques dans la gouvernance des entreprises, celles-ci peuvent renforcer l’inclusion et l’équité. Chaque voix, qu’elle soit celle d’un dirigeant ou d’un employé, trouve sa place et les décisions sont enrichies par une diversité de perspectives. Cela permet non seulement de prévenir les biais, mais aussi de renforcer le sentiment d’appartenance au sein des équipes.
Une approche durable et éthique
Les Premières Nations ont inventé le concept de développement durable. Le principe de respect des générations futures dans la prise de décision est fondamentalement enraciné dans nos traditions ancestrales. Appliquer ces notions à la gouvernance des organisations permet de réinventer les pratiques en matière de gestion des ressources, d’approvisionnement et de responsabilité environnementale. Une approche «autochtonisée» incite les entreprises à s’engager dans des stratégies à long terme, où les profits sont équilibrés avec la préservation de l’environnement et le bien-être des communautés.
La résilience et l’adaptation: des compétences clés
Les communautés autochtones ont développé au fil des siècles une résilience face aux changements climatiques, aux pressions extérieures et à la transformation de leur environnement. Cette capacité à s’adapter tout en préservant leur identité est une force précieuse pour les entreprises qui naviguent dans un contexte de changement rapide. En intégrant ces enseignements, les organisations peuvent mieux se préparer aux incertitudes et trouver des solutions innovantes face aux crises.
La gouvernance en vue des générations futures
Dans les cultures des Premières Nations, les décisions ne sont pas prises en fonction des gains immédiats, mais dans une perspective intergénérationnelle. Ce souci des générations futures peut inspirer les entreprises à repenser leurs stratégies à long terme, en intégrant des critères de durabilité sociale et environnementale dans leur modèle d’affaires.
En somme, les savoirs et les cultures des Premières Nations offrent un cadre de gouvernance qui met l’accent sur l’inclusion, la durabilité et l’éthique. En adoptant ces principes, les entreprises peuvent non seulement améliorer leur performance, mais aussi contribuer à un avenir plus juste et respectueux des ressources naturelles et des communautés.
Et si vous cherchez des candidats pour enrichir votre gouvernance, je vous invite à aller jeter un coup d’œil dans la liste des quelque 800 participantes et participants de l’École des dirigeantes et dirigeants des Premières Nations.