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Retour au bureau: ne balayez pas du revers de la main la grogne

Catherine Charron|Publié à 10h55 | Mis à jour à 11h00

Retour au bureau: ne balayez pas du revers de la main la grogne

Pire, ça peut les démobiliser, dit Alexandra Lamoureux, associée de Boite Pac. (Photo: 123RF)

FLEX TON TRAVAIL. «Je me demande si le retour au bureau est une façon de masquer la culture véridique d’une entreprise. Sommes-nous vraiment une culture basée sur les résultats ou souhaitons-nous que nos employé.e.s soient là pour “être là”. Pourquoi venir s’enfermer dans des bureaux gris brun sans fenêtre quand je peux travailler sur ma petite table à café au plein soleil de mon solarium… Qu’est-ce que j’y gagne?» – Aurelle

Non, les employeurs ne ramènent pas au bureau leurs employés pour les enquiquiner. Ceux-ci ne doivent pas pour autant faire fi de la valeur que les membres de leur équipe accordent au travail à distance, et balayer du revers de la main leur mécontentement, prévient Alexandra Lamoureux, consultante B Corp pour la firme de service-conseil Boite Pac.

Au contraire, l’experte encourage un échange entre les parties afin d’identifier des modalités qui augmenteront la création de valeur. La mission sera toutefois couronnée de succès seulement si tous mettent un peu d’eau dans leur vin.

«Nos employés sont précieux, on n’a pas le choix de faire des compromis par moment. Toute organisation qui constate que de tels questionnements émergent devrait s’activer», prescrit la formatrice.

Réflexion nécessaire

Un peu de préparation en amont s’impose de part et d’autre.

Afin d’être entendu, l’employé doit s’assurer de tenir des propos nuancés. Il ne doit donc pas tomber dans le piège de glorifier le télétravail, indique la consultante. Malgré ses nombreux bienfaits, il «engendre son lot de problèmes comme l’hyperconnectivité, l’isolement ou l’inaction prolongé», rappelle-t-elle.

Mêmes les adeptes du travail à distance les plus endurcis devraient faire l’exercice d’identifier les raisons qui les amèneraient à remettre plus souvent les pieds au bureau: là réside peut-être une piste de solution pour faciliter les retours.

Pour leur part, les dirigeants interpellés devraient comprendre et connaître les raisons derrière la politique de retour au bureau. Pour ce faire, Alexandra Lamoureux suggère d’utiliser la méthode des pelures d’oignon, un concept que la facilitatrice américaine Priya Parker a introduit dans son livre The Art of Gathering. L’humilité est ici de mise.

«Chaque fois que l’on souhaite rassembler des gens, il faut se demander pour quel but. Lorsqu’on pense l’avoir identifié, on doit se demander à nouveau pourquoi jusqu’à ce qu’on parvienne à trouver la vraie réponse. Si c’est par souci de productivité, est-ce que le bureau est réellement le meilleur endroit ou le meilleur outil pour le faire?», illustre-t-elle.

Alexandra Lamoureux invite les employeurs à faire preuve de transparence au moment de présenter le fruit de cette réflexion, en l’amenant de la sorte : «Nous avons cerné un enjeu. On a exploré les solutions A,B et C, mais on a finalement choisi de ramener les employés au bureau pour X,Y et Z.»

Ce canevas démontre d’après elle que l’organisation a réfléchi et qu’elle a envisagé d’autres options.

Oser aller plus loin

Si, malgré tout, l’employé est toujours en désaccord avec la politique de son organisation, il peut tenter de la challenger.

«On peut par exemple proposer d’ajouter de la valeur aux journées en présentiel, comme en ramenant tous les membres d’une même équipe en même temps pour collaborer, tenir des ateliers de remue-méninges ou encore des séances de coaching», énumère-t-elle.

Chose certaine, il est tout à l’honneur des employeurs de se pencher sur cette épineuse question, croit Alexandra Lamoureux. «Arrêtons de sauter à la conclusion que [ce penchant pour le travail n’est nourri que] pour faire du lavage.»

L’employeur ne doit surtout pas se désintéresser de ces préoccupations, car le besoin qui sous-tend — comme le désir de flexibilité — ne disparaîtra pas de lui-même. Pire, il pourrait démobiliser. La consultante invite plutôt les employeurs à devenir des alliés du bien-être des membres de leur équipe, ce qui, inévitablement, dopera leur performance.

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