Jocelyn Couture, président de Tink, a cofondé l’entreprise en 1995, avec Marcel Tremblay. (Photo: courtoisie)
SPÉCIAL 300 PME. Près de 30 ans après avoir lancé l’agence de marketing numérique Tink, Jocelyn Couture relève le défi ultime de tout entrepreneur : céder la place avec grâce. Une étape facilitée par la stabilité de l’entreprise et la présence de bons repreneurs.
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Nombre d’employés: 155 Longévité du dirigeant: 29 ans Position au classement: 170e |
Jocelyn Couture, président de Tink, a cofondé l’entreprise en 1995, avec Marcel Tremblay. En 1999, son frère Michel Couture se joint à eux et devient coactionnaire l’année suivante. Ces trois piliers ont fait de Tink une boîte florissante qui compte le gratin du Québec inc. parmi ses clients, de Metro à la Caisse de dépôt et placement du Québec, en passant par le Fonds de solidarité FTQ, le Mouvement Desjardins, Jean Coutu et Cascades.
Bien qu’il soit enthousiasmé par son projet, Jocelyn Couture a jugé essentiel dès le départ de garder un équilibre avec sa vie personnelle. Il faut dire qu’en 1995, il venait d’avoir sa première fille et sa conjointe occupait elle-même un emploi assez prenant. Il jugeait donc essentiel de démarrer l’entreprise avec un partenaire solide.
« Je voulais pouvoir partir en congé ou en vacances de temps à autre la tête tranquille, en sachant que l’entreprise était entre de bonnes mains, confie-t-il. En plus, Marcel était très fort sur le côté technique du numérique, alors que moi, ma force était le développement des affaires, la finance et l’administration. Nous étions complémentaires. »
Des années de croissance
On entend souvent des témoignages d’entrepreneurs dont l’entreprise est passée à deux doigts de la faillite avant de se relancer (ou pas) en apportant des changements radicaux. Ce n’est pas l’histoire de Tink. Dès sa fondation, l’entreprise a profité de la forte demande des années 1990 pour amasser un bon fonds de roulement, qui l’a aidée à traverser des moments plus difficiles, comme l’éclatement de la bulle technologique au début des années 2000 et la crise financière de 2008.
« Nous servons beaucoup de clients dans le secteur financier, donc c’est sûr que la crise de 2008 a constitué pour nous une période de décroissance, se rappelle-t-il. Nous avons dû mettre des employés à pied, mais deux ans plus tard, nous avions repris notre croissance. »
Actuellement, il note un certain ralentissement des projets, surtout dans les entreprises de taille moyenne. Le contexte économique les rend beaucoup plus prudentes. Mais pas au point d’affecter la croissance de Tink, qui se poursuit.
Comment Jocelyn Couture explique-t-il la durée de son entreprise et sa remarquable stabilité, dans un secteur qui a connu beaucoup de consolidations et d’acquisition par des actionnaires étrangers ? « Nous sommes demeurés dans notre domaine, malgré des demandes pour réaliser des campagnes plus traditionnelles, ou encore pour élaborer des logiciels, répond-il. Nous sommes restés à l’affût des nouvelles technologies et avons cherché à bien les adapter aux besoins de nos clients. »
La prochaine étape
Près de 30 ans après la création de l’entreprise, le moment est par ailleurs venu d’assurer son avenir. Les dirigeants ont exploré pendant un temps la possibilité de vendre, mais ont finalement opté pour un repreneuriat en interne. La démarche s’est accélérée depuis quatre ans. En mars 2021, huit cadres sont devenus actionnaires, s’ajoutant aux trois fondateurs et à trois vice-présidents qui étaient actionnaires depuis 2012.
Les trois fondateurs ont cédé la moitié de leurs actions, dans une transaction financée par Desjardins. Desjardins Capital est alors entré dans l’actionnariat de Tink. Au cours du printemps 2024, Marcel Tremblay et Michel Couture ont quitté la boîte. « Nous avons mis en place une nouvelle structure, avec notamment Antoine Desjardins au poste de chef des opérations, et nous avons créé un conseil d’administration », explique Jocelyn Couture.
Aujourd’hui, les trois fondateurs conservent environ le tiers des parts de l’entreprise, qu’ils entendent céder au cours des 12 à 18 prochains mois. La nouvelle équipe gère déjà la quasi-totalité des opérations, alors que Jocelyn Couture fait plus du coaching, en plus de tenir des discussions stratégiques, par exemple sur de possibles
acquisitions ou l’arrivée d’investisseurs.
« C’est difficile, pour un entrepreneur, d’abandonner les opérations aux mains de la relève et de les laisser prendre les décisions en se retirant tranquillement, admet-il. En même temps, c’est stimulant de voir que l’entreprise a un bel avenir. »
Ces nouveaux dirigeants auront leurs propres défis à surmonter, comme s’assurer que la cohésion dans l’équipe se maintiendra malgré la montée du télétravail. Quant à lui, Jocelyn Couture siège déjà à des conseils d’administration et à des comités consultatifs. Il compte bien continuer de mettre son grain de sel dans l’entrepreneuriat au Québec.