Trump promet des droits de douane de 25% sur les produits canadiens
AFP|Publié à 19h58 | Mis à jour à 21h15Donald Trump (Photo: Getty Images)
Washington — Donald Trump a confirmé lundi que ses premières mesures économiques après son investiture en janvier seraient d’augmenter les droits de douane sur les produits venant de Chine, mais aussi du Canada et du Mexique, décisions qu’il justifie par les crises liées aux opiacés et à l’immigration.
- Trump, une menace économique incertaine
- Tarifs douaniers: Trump pourrait exempter des industries, dont l’aéronautique
- Quel est le prix de votre machine à laver?
« Le 20 janvier, pour l’un de mes nombreux premiers décrets, je signerai tous les documents nécessaires pour imposer au Mexique et au Canada des droits de douane de 25% sur TOUS les produits entrant aux États-Unis », a écrit le président élu dans une publication sur son réseau Truth Social.
« Cette taxe restera en vigueur jusqu’à ce que les drogues, en particulier le fentanyl, et tous les immigrants illégaux arrêtent cette invasion de notre pays! », a-t-il ajouté, appelant le Canada et le Mexique à agir. « D’ici là, il est temps qu’ils payent le prix fort. »
Dans un post séparé, il a annoncé une augmentation des taxes douanières de 10%, qui vient s’ajouter à celles existant déjà et à celles supplémentaires qu’il pourrait décider, sur « tous les nombreux produits arrivant de Chine aux États-Unis ».
Il a expliqué avoir souvent évoqué le problème de l’afflux de drogues, notamment de fentanyl, un des principaux responsables de la crise des opiacés aux États-Unis, avec des dirigeants chinois qui lui ont promis de punir sévèrement, « jusqu’à la peine de mort », les « trafiquants ».
« Mais ils ne sont jamais allés au bout des choses », a-t-il regretté.
Des raisons de sécurité nationale peuvent être invoquées pour déroger aux règles fixées par l’Organisation mondiale du commerce (OMC), mais les pays se gardent généralement de recourir à cette exception comme un outil régulier de politique commerciale.
L’augmentation des droits de douane, qu’il a souvent décrite comme son « expression préférée » durant sa campagne, est une des clés de la future politique économique du président élu, qui n’a pas peur de relancer les guerres commerciales, notamment avec la Chine, commencées lors de son premier mandat à coups de décrets, comme la loi américaine l’y autorise.
À l’époque, il avait justifié cette politique par le déficit commercial entre les deux pays et des pratiques commerciales chinoises qu’il estimait déloyales, accusant aussi Pékin de vol de propriété intellectuelle.
La Chine avait répliqué par des droits de douane aux conséquences néfastes pour les agriculteurs américains notamment.
L’administration de Joe Biden avait maintenu certains droits de douane sur les produits chinois et en avait imposé de nouveaux en ciblant certains produits.
«Préoccupation»?
La désignation la semaine dernière au poste de secrétaire au Commerce de Howard Lutnick, PDG de la banque d’investissement Cantor Fitzgerald et vif contempteur de la Chine, a confirmé la volonté de Donald Trump de tenter de faire plier ses partenaires commerciaux pour obtenir de meilleurs accords et relocaliser la production aux États-Unis.
Les économistes alertent sur le potentiel inflationniste d’une telle hausse des droits de douane. Le American Action Forum estime que l’inflation s’éloignerait des 2% dans un premier temps, avant que les prix ne se stabilisent à nouveau, à un niveau plus élevé cependant. Ces mesures pourraient aussi avoir un impact négatif sur l’emploi, selon les experts.
Concernant la Chine, il a promis des droits de douane pouvant aller jusqu’à 60% pour certains produits, voire 200% sur les importations de véhicules assemblés au Mexique.
Donald Trump souhaite aussi réintroduire des droits de douane de 10 à 20% sur l’ensemble des produits entrant aux États-Unis et l’Union européenne s’est d’ores et déjà dite « prête à réagir » en cas de nouvelles tensions commerciales.
Le Mexique « n’a aucun motif de préoccupation », avait tenté de rassurer la présidente Claudia Sheinbaum au lendemain du scrutin américain.
Les États-Unis sont un partenaire commercial clé pour le Mexique et le Canada, et les trois pays sont liés depuis trente ans par un accord de libre-échange, renégocié sous la pression de Donald Trump lors de son premier mandat.
La capacité des deux voisins des États-Unis « à ignorer les menaces du président élu est limitée » tant ils en dépendent, estime Wendy Cutler, vice-présidente de l’Asia Society Policy Institute, cercle de réflexion américain.