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Carboneutralité: entreprises et universités s’associent

Dominique Talbot|Publié le 27 avril 2023

Carboneutralité: entreprises et universités s’associent

La directrice générale du CIRAIG, Sara Russo Garrido, ne voit pas de contradiction à ce que des entreprises connues pour leur lourde empreinte carbone s’associent à son organisation. (Photo: Dominique Talbot)

Quatre universités québécoises et européennes, ainsi que dix entreprises — dont plusieurs considérées comme de grandes pollueuses — s’associent pour former un consortium international afin d’accélérer la transition vers la carboneutralité.

Avec cette association initiée par le Centre international de référence sur l’analyse du cycle de vie et la transition durable (CIRAIG), créé à Polytechnique en 2001, les universités et les entreprises entendent «donner une nouvelle impulsion au développement et au transfert de connaissances et d’outils de quantification des performances environnementales et sociales» vers une économie carboneutre.

Le Consortium international de recherche sur l’analyse du cycle de vie et la transition durable regroupera donc Polytechnique Montréal, l’UQÀM, l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne ainsi que la Haute École Spécialisée de Suisse Occidentale.

Et aussi des entreprises comme TotalEnergies, ArcelorMittal, Michelin, LVMH, Solvay, Hydro-Québec, L’Oréal, le Groupe OCP, le Groupe Optel et Richemont.

La directrice exécutive du CIRAIG, Sara Russo Garrido, ne voit pas de contradiction à ce que des entreprises connues pour leur lourde empreinte carbone s’associent à son organisation.

«L’initiative vise à arriver à une durabilité dans notre société. On estime que pour y arriver, on ne peut pas seulement travailler avec des non-pollueurs. Au contraire, s’il y a de grands pollueurs, il faut les aider dans le développement de leurs outils, explique-t-elle. C’est certain que cela pose des questions d’ordre éthique, mais pour nous, c’est assez clair depuis le début du CIRAIG que s’il y a un travail à faire, ce n’est pas en s’alliant avec des entreprises qui ont déjà une excellente feuille de route qu’on y arrivera.»

Pour faire partie du consortium, les dix entreprises ont mis ensemble cinq millions de dollars sur cinq ans. Au-delà des contributions financières, le consortium ne demande pas d’engagements particuliers de ses membres en matière de réduction de GES.

Les entreprises doivent être prêtes «à embarquer dans un consortium où les partenaires partagent leurs pratiques et s’intéressent aux travaux qui se font autour d’eux. C’est basé sur la collaboration», explique simplement Mme Russo Garrido.

Une des missions du Consortium sera «d’orienter la prise de décisions en matière d’analyse du cycle de vie environnementale et sociale au sein des secteurs privé et public». Mais aussi, favoriser le transfert de nouvelles compétences.

«On n’a pas le choix de sortir de notre tour d’ivoire académique. On a un savoir qui se prête mal à rester simplement entre nous. […] Si nous les faisons seuls de notre côté, ce sont des projets qui valent beaucoup moins, dit Sara Russo Garrido. Par la nature de nos recherches et les intentions, le dialogue avec les industries polluantes est nécessaire.»

Consciente que quelques entreprises impliquées dans le Consortium sont devant les tribunaux pour divers délits en matière de protection de l’environnement, Mme Russo Garrido s’explique en insistant que «nous n’endossons pas non plus des décisions qui sont prises et qui sont clairement hors de notre contrôle. Il y a cette distinction à faire.»

 

«Nous avons compris les besoins de transformation»

«La sidérurgie est un secteur qui contribue beaucoup au réchauffement climatique, malheureusement», convient de son côté Anne-Laure Hettinger, responsable du Département R&D Développement durable chez ArcelorMittal.

L’entreprise dit vouloir réduire de 30% son empreinte carbone d’ici 2030 et atteindre la carboneutralité en 2050.

«Nous avons compris les besoins de transformation […] L’industrie de la sidérurgie doit faire d’importantes transformations au cours des 20 prochaines années. Alors toute aide est bonne à prendre. L’aide du CIRAIG, et d’autres évidemment, nous aidera à atteindre ces cibles.»

Pour expliquer l’investissement de TotalEnergies dans le consortium, Benjamin Jaumard, ingénieur cycle de vie chez la multinationale française, avance que «l’idée est de suivre les évolutions au niveau du cycle de vie pour être en ligne avec l’expertise académique. Et on s’engage aussi à avoir des partenariats avec eux. Ce qui est intéressant est d’utiliser leur expertise pour nos projets et nous amener vers une transition plus verte.»