Courchesne Larose compte actuellement 460 employés; c’est 205 de plus qu’en 2019. (Photo: courtoisie)
+80% variation 2019 à 2022 du nombre d’employés au Québec
230e dans le classement des 300 plus grandes entreprises du Québec
SPÉCIAL GRANDES ENTREPRISES. Lorsqu’il se présente, Frédéric Monette, vice-président aux opérations et à l’administration chez Courchesne Larose (231e), prend soin de souligner qu’il fait partie de la quatrième génération des Routhier à la tête de l’entreprise familiale. La précision dépasse l’anecdote. Elle témoigne de l’appartenance forte de la direction à l’histoire de l’entreprise et des valeurs profondes qu’elle souhaite partager avec ses employés.
« Depuis 104 ans, on traite les gens avec respect », lance d’entrée de jeu Frédéric Monette pour expliquer la capacité de l’entreprise à recruter du personnel, malgré la rareté actuelle de la main-d’œuvre. Le grossiste, importateur et exportateur de fruits et de légumes compte autour de 460 employés, 205 de plus qu’en 2019.
La capacité de progresser dans l’entreprise attire les candidats, croit le gestionnaire. Le pragmatisme dans la gestion des relations de travail avec son personnel syndiqué contribuerait aussi à sa réputation auprès des travailleurs. « Ce n’est pas parce qu’on a une convention collective qu’on va être rigide dans son application », soutient Frédéric Monette.
« On a rouvert la convention signée en 2015 ces dernières années pour s’adapter au marché », illustre le vice-président aux opérations. « C’était devenu des irritants pour eux, on a décidé de regarder ça avec eux pour ajuster la rémunération parce qu’on trouvait que ça devait se faire », indique-t-il avant de revenir sur l’importance que l’entreprise accorde au respect de son personnel. « On veut que nos employés n’aient jamais l’impression qu’ils se font avoir et que si ça ne fonctionne pas, on sera toujours là pour trouver une solution. »
Préparer l’avenir
Le recrutement de personnel demeurera un défi, observe pour sa part Vincent Messier-Lemoyne, chef de la direction financière, lui aussi membre de la grande famille de Courchesne Larose.
L’arrivée de travailleurs immigrants représente peut-être une partie de la solution, croit-il, mais certainement pas une réponse à l’ensemble du problème. « La robotisation, les investissements technologiques, se remettre en question sur l’utilité de certaines tâches ou de certaines fonctions, ce sont des réflexes d’amélioration continue qu’on doit perpétuer », estime-t-il.
« Embaucher, c’est long, c’est coûteux, c’est compliqué. Perdre des gens, c’est aussi très coûteux », poursuit le père de trois enfants qui insiste sur l’importance de miser sur la rétention du personnel. « Je pense que d’avoir des projets de croissance qui motivent les gens, qui les mobilisent, qui les valorisent leur permet de grandir ; c’est aussi une manière de garder son monde longtemps », dit le chef de la direction financière.
Loop
Discuter avec les gens de Courchesne Larose sans aborder le succès des jus Loop, dont l’entreprise est l’instigatrice, paraît impossible. La croissance du producteur de jus, extrait de fruits trop mûrs pour les supermarchés ou déclassés pour des raisons esthétiques, attire l’attention.
Une nouvelle usine d’une valeur de 11,2 millions de dollars vient d’être construite à Boisbriand, d’où sortiront bientôt 300 000 bouteilles de jus par semaine, six fois plus que dans les installations précédentes d’Anjou, dans l’est de Montréal. « C’est une réponse à ce que les gens attendent d’une entreprise aujourd’hui », explique Frédéric Monette, dont l’idée a germé au cours d’une formation sur le développement durable offerte par le gouvernement fédéral en 2014.
« Une des raisons pourquoi Loop est un succès, c’est qu’on est partis avec l’idée d’identifier nos forces et de laisser à des partenaires le soin d’utiliser les leurs », explique le gestionnaire. « On est bons en logistique, en importation de fruits et de légumes, on a les produits, mais on n’est pas une entreprise spécialisée dans la vente au détail », soutient Frédéric Monette, manifestement heureux de son association avec David Côté et Julie Poitras-Saulnier. « Eux voulaient faire du jus dans un esprit d’économie circulaire, nous on voulait réduire nos pertes. Ça a donné une entente assez féconde », ajoute en souriant Vincent Messier-Lemoyne.