Éric Caire, ministre délégué à la transformation numérique, gouvernement du Québec (Photo: courtoisie)
SPÉCIAL INNOVATION. À l’occasion du Grand Rendez-vous de l’innovation québécoise (GRVIQ), le 18 novembre dernier, plusieurs membres du gouvernement provincial se sont réunis afin de présenter leurs plans pour favoriser l’innovation. Voici un aperçu de qu’ils préparent dans le cadre de la Stratégie québécoise de la recherche et de l’innovation, qui devrait être dévoilée au printemps 2022.
L’un des pans importants des plans du gouvernement est les zones d’innovation, soit des secteurs géographiques où des acteurs de la recherche et de l’industrie sont regroupés et collaborent sur des projets novateurs dans un domaine d’expertise qui caractérise le territoire en question. « C’est mon bébé, a affirmé le premier ministre François Legault durant son allocution au GRVIQ. On va annoncer des nouvelles bientôt. »
Le ministre de l’Économie et de l’Innovation, Pierre Fitzgibbon, a précisé que les projets de zones retenus parmi la trentaine de propositions reçues depuis l’annonce de ce programme en 2020 seraient probablement dévoilés d’ici la fin de l’année. Selon lui, ces zones marqueront le « début d’une nouvelle ère » pour la commercialisation des innovations, la collaboration entre chercheurs et entreprises, et la création de milieux de vie attractifs.
« On veut avoir des milieux où on va être capable d’aller chercher l’élite — pas juste du Québec, mais mondiale — des chercheurs », a ajouté Donald Martel, l’adjoint parlementaire du premier ministre pour les volets du projet Saint-Laurent et des zones d’innovation.
Selon la mise à jour économique présentée le 25 novembre par le ministère des Finances, le gouvernement provincial prévoit un montant de 100 millions de dollars pour lancer les premières zones.
Favoriser les STGM
Afin de stimuler l’innovation, le gouvernement a également indiqué, durant le GRVIQ, vouloir favoriser les études dans le domaine des STGM, soit les sciences, la technologie, le génie et les mathématiques.
François Legault y a notamment mentionné souhaiter donner un coup de pouce aux étudiants qui choisissent d’aller étudier notamment en technologie de l’information, en construction et en génie. Le but ultime est d’aider à résorber la pénurie de main-d’œuvre dans les secteurs qui dépendent de ces expertises, en contribuant à pourvoir des postes stratégiques.
« J’ai demandé [au ministre des Finances] Eric Girard de mettre l’accent là-dessus, a-t-il assuré. Il nous manque de monde ; il faut être capable de donner des incitatifs financiers aux gens qui acceptent d’aller étudier dans ces secteurs-là. Notre avenir dépend de ces personnes-là. »
Les détails révélés lors de la présentation de la mise à jour économique indiquent que Québec paiera les étudiants qui choisiront de se diriger en santé et services sociaux, en éducation, en services de garde éducatifs à l’enfance, en génie, en technologies de l’information et en construction.
Les bourses, qui seront octroyées après chaque session à temps plein réussie, totaliseront 1500 $ par session au collégial, soit un total de 9000 $ pour un programme d’étude de trois ans. À l’université, le montant sera de 2500 $ par session, pour un total de 15 000 $ pour un programme de trois ans ou de 20 000 $ pour un de quatre ans.
Selon le ministère des Finances, cette mesure, en vigueur dès la session d’automne 2022, devrait coûter 1,7 milliard de dollars d’ici 2025-2026.
Nouveau ministère
Lors du Grand Rendez-vous de l’innovation, le premier ministre a également rappelé la création à venir d’un ministère de la Cybersécurité et du Numérique. Celui-ci devrait notamment assurer la cohésion et la coordination de la transformation numérique, facilitant ainsi l’innovation dans toute la province.
« Pourquoi créer ce ministère ? Parce que le gouvernement a besoin de ce vaisseau amiral, a résumé Éric Caire, qui est actuellement ministre délégué à la Transformation numérique gouvernementale et qui est appelé à prendre la tête de ce nouveau portefeuille. Avec l’intelligence artificielle, l’Internet des objets, on a besoin d’expertise sans précédent, et on ne peut pas la diluer dans le gouvernement, il faut la regrouper. »
Éric Caire a toutefois expliqué à l’audience du milieu des affaires que ce ministère ne pourrait pas travailler en autarcie, puisque la mission du gouvernement n’est pas d’innover par lui-même. « La recherche et le développement, ce sont les milieux de recherche et les milieux entrepreneuriaux qui en sont responsables, a-t-il rappelé. Par contre, le gouvernement du Québec peut être un partenaire extraordinaire. Et ça, on va le développer ensemble avec le nouveau ministère. »
Le ministre a notamment parlé du Centre québécois d’excellence numérique, qui vise à faire le maillage entre le gouvernement et les futures zones d’innovation. « On veut s’assurer que, quand il y aura des projets d’innovation, des applications porteuses, on sera là comme partenaire pour aider les entreprises à les développer et à les mettre en application. »
Celui qui est également responsable de la protection des renseignements personnels a terminé son allocution en notant qu’il n’y aurait pas de transformation numérique si le public n’avait pas confiance en la cybersécurité. « Pour cette raison, le futur ministère souhaite être un partenaire de tous ceux qui cherchent l’innovation » en matière de numérique.
Allègement réglementaire
La question de la réglementation a également été abordée au GRVIQ. Youri Chassin, député de Saint-Jérôme et adjoint parlementaire du ministre de l’Économie et de l’Innovation pour le volet de l’allègement réglementaire, a indiqué qu’une série de lois était en préparation pour assouplir différentes règles qui limitent l’innovation dans certains secteurs.
Le projet de loi 103, qui vise entre autres à modifier des mesures réglementaires touchant les secteurs manufacturiers, est le premier en liste. Il vise à réduire le fardeau administratif des entreprises et à leur permettre de développer de nouveaux modèles d’affaires.
Enfin, le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean Boulet, a vanté la création par son ministère d’une plateforme numérique de maillage employés-entreprises nommée Québec emploi. « Celle-ci permet de faire un jumelage, un arrimage harmonieux entre les chercheurs d’emplois et les entreprises en se basant notamment sur l’intelligence artificielle et la géolocalisation », a-t-il souligné. Une mesure qui contribuera peut-être à résorber la pénurie de main-d’œuvre et, du même coup, permettra aux entreprises de continuer d’innover.