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SPÉCIAL PME. « Il y a dix ans, une experte en entrepreneuriat m’a dit : tu diriges ou tu présides ta compagnie. Si tu veux prendre de l’expansion, tu ne fais pas les deux », raconte Anik Forest, présidente d’Archex, une PME montréalaise spécialisée dans le design et la fabrication de kiosques d’exposition.
C’est ainsi que Mme Forest a appris les règles de base de la délégation en entreprise. « Cette personne m’a fait comprendre qu’il fallait que je délègue. Que je m’assure d’être entourée de bons partenaires d’équipes qui peuvent faire fonctionner l’entreprise même si je ne suis pas là. Autrement, il deviendrait impossible que l’entreprise puisse être vendue à un autre », explique celle qui a hérité en 2008 du poste de présidente auparavant occupé par son père. Mme Forest était déjà vice-présidente et directrice générale d’Archex depuis 2001.
L’entrepreneure, qui avait l’habitude de tout contrôler, a alors pris le temps de rencontrer chacun de ses cinq directeurs — ventes, opérations, production, administration et estimations — pour leur faire part de ses nouvelles intentions.
Depuis ce changement de culture entrepreneuriale, le chiffre d’affaires cette PME montréalaise, qui emploie entre 25 et 30 personnes selon les périodes de l’année, a doublé. Il dépasse maintenant les 5 M$.
Non seulement les revenus annuels ont doublé, les profits ont décuplé, souligne Mme Forest. « En faisant davantage confiance à mon équipe, l’entreprise est devenue encore plus rentable. Mais le travail n’est pas terminé. Il m’arrive encore de vouloir m’immiscer dans les dossiers de mes dirigeants. Je dois alors me poser la question : est-ce que ma réaction est opérationnelle ou stratégique ? Ce recul me permet de ne pas revenir dans mes anciennes habitudes. »
Faire preuve d’humilité
Démissionneriez-vous de votre poste de président pour assurer le futur de l’entreprise que vous avez fondée ? C’est ce qu’a fait Stéphane Guérin en 2016 lorsqu’il a cédé à Philip Boumansour son siège de PDG de l’entreprise DashThis. M. Guérin a indiqué vouloir désormais s’occuper que de recherche et développement au sein de l’organisation, sans titre de directeur.
Ce geste d’humilité a propulsé la PME de Québec parmi les grands de l’industrie du web. « Notre solution, qui permet d’intégrer les données provenant de l’ensemble des outils de marketing numérique — Google Analytics, AdWords, Facebook, LinkedIn… — en un seul tableau de bord se retrouve aujourd’hui dans plus de 70 pays », indique Antoine Paré, chef des opérations chez DashThis.
De 8 employés en 2016, l’entreprise en compte aujourd’hui 36. Et encore une fois cette année, DashThis s’illustre (64e) parmi les 500 entreprises ayant la meilleure croissance au pays selon le classement Growth 500 : Les Leaders de la croissance, publié par Canadian Business, Maclean’s et L’actualité. « En fait, notre succès repose sur notre capacité de savoir s’entourer de personnes bien meilleures que nous, fait remarquer M. Paré. Nous croyons fortement à la responsabilisation de chaque employé ; ici, tout le monde joue un rôle dans le processus décisionnel. Nous les incitons à trouver des solutions pour nos clients et c’est eux qui les exécutent. » Et malgré la pénurie de main-d’œuvre, la PME « réussit à trouver des perles rares », conclut son chef des opérations.