Près d’une faillite d’entreprise sur deux au Canada serait attribuable à des faiblesses de gestion financière. (Photo: 123RF)
SPÉCIAL PME. Des clients qui tardent à payer, un bris d’équipement inattendu, un besoin pressant d’agrandir ou de déménager… Êtes-vous sûr que votre PME a les moyens de survivre aux imprévus ? Selon Statistique Canada, près d’une faillite d’entreprise sur deux au pays est attribuable à des faiblesses de gestion financière. Et l’incapacité à gérer le fonds de roulement est souvent montrée du doigt.
«Une saine gestion du fonds de roulement est généralement l’indicateur principal de la santé financière d’une entreprise», soutient Boyan Ivanov, planificateur financier chez BMO Groupe financier. Elle montre la capacité de planification et de constance de l’entreprise. Dans l’univers financier, poursuit-il, ce fonds agit un peu comme la cote de crédit des entreprises. Cote que le gestionnaire fait fluctuer selon ses comportements et ses habitudes.
«Le fonds de roulement, c’est l’oxygène dont a besoin toute entreprise pour opérer. À défaut d’en avoir, l’entreprise rate des occasions d’affaires… et finit par étouffer», ajoute Sophie Bazinet, directrice du Centre d’entrepreneurship de Montréal de la Banque de développement du Canada (BDC). «Vos clients doivent connaître vos politiques de crédit, vos modalités de paiement ainsi que vos exigences en matière de dépôt.»
Si votre PME doit investir dans de nouvelles immobilisations, mieux vaut se tourner vers du financement que d’utiliser le fonds de roulement pour régler ces acquisitions en totalité, recommande Mme Bazinet. «Il vaut mieux recourir à un emprunt à long terme qui permet à l’entreprise de respirer, c’est-à-dire de rembourser un nouvel actif à un rythme établi et de garder suffisamment d’argent pour les imprévus.»
En fait, indique-t-elle, la recette d’une saine gestion n’a rien de très compliqué. «C’est de la planification pure et simple entre les entrées et les sorties monétaires. Cette planification peut se faire au mois, à la semaine et même au jour le jour, selon les finances de l’entreprise.»
À ce propos, Mme Bazinet recommande de garder un oeil sur les rapports financiers. «Ce sont bien plus que des documents comptables : ce sont des outils de travail stratégiques pour la croissance de l’entreprise», insiste-t-elle.
L’objectif, enchaîne M. Ivanov, est de maintenir un budget réaliste. «J’encourage toujours mes clients à prévoir un scénario plus ambitieux afin de bien comprendre les valeurs à risque tels les montants à recevoir qui tombent en recouvrement, les délais de paiement, les escomptes sur facturation qui peuvent être payés d’avance ainsi que les besoins monétaires pour les opérations, les ajustements saisonniers», conseille-t-il. Tant que les réserves liquides de l’entreprise sont suffisantes, précise-t-il, c’est un signe positif.
Trucs pour augmenter ses liquidités
«L’important, c’est d’être en mesure d’accélérer les comptes clients», indique Lucien St-Amand, vice-président, services bancaires aux grandes entreprises et secteur public chez Desjardins. Un des moyens d’accélérer les rentrées d’argent, dit-il, est d’accepter les paiements par carte de crédit.
M. St-Amand recommande aussi aux entreprises de payer leurs fournisseurs par carte de crédit plutôt que par chèque. «Il a été démontré que chaque fois qu’une entreprise émet un chèque, il lui coûte entre 50 $ et 90 $ en frais de gestion et de traitement. La carte de crédit permet pour sa part de bénéficier d’un délai de paiement. En plus d’un délai avant le prochain relevé, l’entreprise a 21 jours de plus pour acquitter le paiement sans intérêt.»
Autre conseil pour augmenter les liquidités d’une entreprise : recourir à l’affacturage. «Plusieurs entrepreneurs ont comme perception que ce type de gestion des comptes clients par des spécialistes du recouvrement et du contentieux ne s’adresse qu’aux PME en difficulté. Ce qui n’est plus le cas», soulève M. St-Amand.
Depuis trois ans, Desjardins a justement développé ce type de service, entre autres pour les PME en croissance. L’affacturage leur permet d’obtenir plus rapidement – généralement dans les 24 heures après la vente – les liquidités liées à ladite vente, au lieu de patienter le temps du délai de paiement traditionnel, qui peut s’étendre de un à trois mois. Le coût de financement est légèrement supérieur à celui d’une marge de crédit, précise M. St-Amand. L’affacturage est cependant plus avantageux que les autres sources de financement telles que du capital de développement, car il est plus flexible et moins coûteux, conclut-il.