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L’approche plurielle de Cycles Devinci

Emmanuel Martinez|Édition de la mi‑octobre 2021

L’approche plurielle de Cycles Devinci

(Photo: courtoisie)

SPÉCIAL PME. Cycles Devinci est dans l’oeil du cyclone depuis le début de la pandémie, en raison de l’engouement sans précédent pour les bicyclettes, couplé aux difficultés mondiales de la chaîne d’approvisionnement de son industrie. Pour faire face à ces turbulences, la PME de Saguenay mise sur une planification sans faille de la demande.

« Tout ce qui concerne les prévisions, c’est une priorité d’entreprise, affirme sans détour le directeur général, Francis Morin. On le fait avec une équipe consacrée aux prévisions. »

Cette unité multidisciplinaire compte environ cinq personnes en provenance des services des ventes, du marketing, de la production, de l’approvisionnement et de la direction. Leur travail a été fortement compliqué par la crise sanitaire mondiale, qui a eu pour effet de gonfler la demande de vélos en Amérique du Nord tout en créant un casse-tête d’approvisionnements des pièces faites en Asie.

« Compte tenu des fortes fluctuations du marché, je suis très content de mon équipe, affirme le dirigeant de Cycles Devinci. Plus un marché est stable, plus c’est facile d’être performant dans la prévision. A l’inverse, plus le marché est en forte croissance ou décroissance, plus c’est difficile. »

 

Trois piliers d’anticipation

La PME d’une centaine d’employés compte sur trois éléments d’analyse dans son processus d’anticipation: les données de marché, les précommandes, ainsi que

les capacités de production et l’approvisionnement des pièces.

« C’est suffisant pour faire de bonnes prévisions, note Francis Morin. Cela nous permet de réaliser un grand calcul pour évaluer la réalité. Cela dit, dans un marché en grande croissance, le défi, c’est de livrer les vélos. »

En matière de données, Cycles Devinci utilise les chiffres de vente fournis par un regroupement de détaillants de vélo indépendants des Etats-Unis. Elle s’appuie également sur les ventes des grandes chaînes et celles réalisées en ligne.

« Pour le Canada, il faut travailler plus fort pour obtenir ces données, parce qu’on n’a rien de centralisé comme aux États-Unis », mentionne le directeur général, qui est notamment en contact avec les détaillants qui vendent ses bicyclettes.

La PME examine aussi les analyses d’organismes spécialisés, comme Vélo Québec et Bicycle Retailer & Industry News. Ainsi, elle peut essayer d’anticiper quel segment de marché aura la cote : le vélo urbain, le vélo électrique ou celui de montagne. « On commence par se faire une tête avec ces données-là», explique le patron de Cycles Devinci.

Il évalue également les grandes tendances qui pourraient influer sur ses ventes. « On regarde les données sur le budget discrétionnaire des consommateurs et sur le développement des pistes cyclables. On examine aussi les priorités des consommateurs et les produits de substitution. » La tendance des voyageurs à vouloir demeurer au Québec au début de la pandémie leur a par exemple laissé croire que l’acquisition de vélo allait être au rendez-vous.

« Cette analyse ne nous permet pas de savoir combien de vélos on va vendre, mais plutôt de voir si le marché est porteur ou non, précise Francis Morin. Ce sont plusieurs recoupements qui nous donnent une idée du marché. »

L’entreprise consulte aussi ses fournisseurs stratégiques, qui pourront l’informer si les délais d’approvisionnement s’allongent en raison de la demande de l’industrie. Elle pourra ainsi avoir une idée si les concurrents commandent eux aussi

beaucoup de pièces. « Ce qu’on veut évaluer, c’est le taux de croissance de notre secteur », affirme-t-il.

Cycles Devinci se base également sur les précommandes de ses détaillants. «Je sais déjà où tous mes vélos s’en vont », mentionne le dirigeant, dont l’ensemble de la production 2022 est déjà prévendue.

Finalement, la PME met l’accent sur son approvisionnement en pièces en provenance d’Asie, qui a été bousculé par des fermetures d’usines à cause de la COVIDT9, de l’immense demande mondiale et des nombreux problèmes logistiques, notamment ceux liés au transport par conteneurs.

« L’approvisionnement est le facteur limitatif premier, parce que la demande est plus forte que l’offre des fournisseurs, remarque Francis Morin. C’est là qu’on met le plus d’énergie, car il y a beaucoup d’incertitude; c’est un problème généralisé dans notre industrie. On essaye de prévoir la nouvelle normale, quand l’offre des fournisseurs et la demande des clients reviendront à un certain équilibre. »