Le calendrier estival d’HOM Mini chalets, en Outaouais, s’est rempli plus de trois mois à l’avance cette année. (Photo: courtoisie)
TOURISME D’AFFAIRES ET D’AGRÉMENT. La folie des chalets n’est pas réservée qu’au marché de la vente, elle est aussi très présente sur le marché de la location à court et à moyen terme. Dès qu’il a été question que la frontière canado-américaine ne rouvre pas de sitôt, plusieurs entreprises de location de chalets ont été prises d’assaut par les vacanciers. Le site Chaletsalouer.com a par exemple enregistré plus de 17 000 visiteurs en une seule journée le 31 janvier dernier. «Un record d’achalandage pour un mois de janvier», signale Jean-François Demers, fondateur de la plateforme de location qui existe depuis 19 ans.
Depuis le début de l’année, ce site, qui regroupe plus de 3000 chalets dans toute la province, connaît d’ailleurs une augmentation de trafic de visiteurs de plus de 14% en comparaison avec la même période en 2020, calcule son fondateur.
Qui dit augmentation de trafic en ligne dit aussi chalets qui partent vite. Ce que confirme Martin Poitras, copropriétaire de HOM Mini chalets, en Outaouais. Ses deux chalets équipés avec spa et terrasse, qui surplombent le lac McGregor, à Val-des-Monts, sont réservés du mois de mai jusqu’à la fin septembre pour de courts séjours. Un calendrier estival qui s’est rempli plus de trois mois à l’avance, mentionne le gestionnaire.
Lueur d’espoir tout de même pour les retardataires:un projet de 2,2 millions de dollars prévoit la construction de six autres chalets avant le début de l’été. Les réservations pour les nouveaux gîtes HOM s’amorceront à la fin du mois d’avril. Sauf que la liste d’attente compte déjà une centaine de noms, avertit Martin Poitras. Faut-il pour autant jeter la serviette si on n’a pas déjà réservé un petit coin de paradis pour l’été qui vient ? «Il y aura toujours un chalet à louer quelque part», soutient Nathalie Plourde, présidente d’Exit Chalets. En affaires depuis 2007, cette agence de location propose une quinzaine d’adresses, notamment à Val-David, Sainte-Lucie-des-Laurentides, Sainte-Adèle et Saint-Donat. «Il faut seulement être prêt à réviser ses critères de location», insiste-t-elle. Ce qui peut signifier devoir sacrifier la vue sur l’eau, changer de région ou modifier ses dates de réservation.
Même discours de la part de Martin Gagnon, propriétaire et opérateur de Vieux Loup de mer – Chalets hôteliers, à Rimouski. Depuis l’ouverture de ce complexe, en 1999, le calendrier de la quinzaine de chalets recyclés a toujours affiché complet en juillet et en août. «Mais avec la pandémie, on constate que les vacanciers osent davantage réserver en mai et en juin, ainsi qu’en septembre et en octobre. La clientèle visite désormais nos chalets hors des périodes de pointe de l’été», indique son gestionnaire.
Le nouveau luxe Par ailleurs, Martin Gagnon n’est pas étonné d’assister à l’engouement pour ce type d’hébergement. «Les vacanciers réalisent que le chalet, c’est le “nouveau luxe”, constate-t-il. Les gens découvrent qu’en louant un chalet, ils profitent d’un environnement unique où, complètement autonomes, ils vivent de nouvelles expériences à leur rythme.»Et c’est encore mieux, ajoute-t-il, si la destination offre une valeur ajoutée. L’été dernier, en raison des mesures sanitaires qui encourageaient les vacances en bulles familiales, son complexe rimouskois, voisin du Parc national du Bic, a mis sur pied une épicerie gourmande à l’entrée de son poste d’accueil. Cette petite boutique improvisée met en vedette les produits locaux, notamment des plats préparés par la cheffe Colombe Saint-Pierre (Chez St-Pierre, au Bic) et par l’équipe de l’épicerie-boutique L’Ardoise, de Rimouski. Sans oublier les charcuteries de Fou du Cochon, une entreprise de La Pocatière. Cette initiative s’est soldée par une augmentation de revenus de près de 10 % pour l’entreprise Vieux Loup de mer. D’ailleurs, signale Martin Gagnon, ce service va demeurer en place même après la pandémie.
Des chalets classifiés Enfin, il est fort possible que les vacanciers aient à composer avec une diminution du nombre de chalets à louer. Des propriétaires forcés au télétravail peuvent avoir décidé de profiter eux-mêmes de leur bien… ou encore sont en attente de leur classification.
Depuis le 1er mai 2020, tous les propriétaires de chalets, de maisons et d’appartements doivent se conformer à la règlementation de la Corporation de l’industrie touristique du Québec (CITQ). Cette règle oblige désormais les propriétaires qui louent leurs espaces à détenir une attestation de classification de la CITQ sous la forme d’un avis écrit et d’un numéro d’établissement. Ce document, qui fait office de permis, est accompagné d’un panonceau attestant le nombre d’étoiles attribué par les classificateurs de la CITQ. Et gare à ceux et celles qui veulent défier cette règle. Selon le ministère du Tourisme, une personne qui offre de l’hébergement touristique sans détenir une attestation de classification de la CITQ est passible d’une amende de 2500 $à 25 000 $— jusqu’à 50 000 $pour une société.
Ce changement règlementaire a aussi fortement affecté les propriétaires et locataires qui offraient leurs appartements sur la plateforme Airbnb. L’offre montréalaise en est un bel exemple. Il y a un peu plus d’un an, la plateforme affichait plus de 11 000 appartements à louer sur l’île. Depuis l’entrée en vigueur du nouveau règlement, elle n’en affiche plus qu’environ 300.