Le patron d’Airbnb voit du potentiel dans le Canada rural
La Presse Canadienne|Publié le 29 avril 2021Des coins auparavant moins populaires attirent de plus en plus de touristes selon le patron d'Airbnb. (Photo: 123RF)
Au début de la pandémie de COVID-19 l’an dernier, Airbnb a vu ses affaires ralentir à un niveau record, le géant de la location de logements étant inondé d’appels pour des annulations, qui ont mené à la mise à pied de 1900 travailleurs.
Mais sous ce nuage de morosité, le grand patron de l’entreprise, Brian Chesky, a observé des éclaircies dans des coins du Canada qui attirent rarement les nuées de touristes que l’on peut voir à Toronto, à Vancouver ou à Montréal.
« Puisque les gens ne pouvaient pas traverser les frontières, ils ont été forcés de décider de rester chez eux ou de voyager dans leur propre pays, ce qui a eu pour effet de vraiment pousser les gens à redécouvrir le pays dans lequel ils vivent », a fait valoir M. Chesky lors d’une table ronde médiatique plus tôt cette semaine.
Cela signifie que les citadins qui se rendaient habituellement aux États-Unis, en Europe ou encore plus loin ont sauté dans une voiture et se sont dirigés vers des zones rurales à quelques heures de chez eux. M. Chesky croit que cette tendance s’est enracinée, stimulant le tourisme dans les petites communautés.
Pendant ce temps, la société basée à San Francisco, en Californie, voit les affaires reprendre aux États-Unis grâce à la vaste campagne d’immunisation et à une récente annonce de l’Union européenne qui souhaite accueillir des touristes américains vaccinés dès cet été.
Au Canada, c’est une autre histoire, concède-t-il. Les deux dernières semaines ont été marquées par des appels à resserrer les frontières, par l’interdiction des vols en provenance de l’Inde et du Pakistan et par de nouvelles directives limitant certains déplacements interprovinciaux.
Une bonne partie du pays est toujours confinée en attendant que les efforts de vaccination progressent.
« La reprise au Canada est absolument plus lente, reconnaît M. Chesky. Les Canadiens sont plus réticents à voyager. »
Et ceux qui sont prêts à voyager tendent à être plus âgés et déjà vaccinés, relève-t-il. Le pays a enregistré une augmentation de près de 50 % des recherches sur Airbnb pour les séjours estivaux par des clients âgés de 60 ans et plus au cours du mois de mars par rapport au mois de février.
Airbnb a remarqué une récente hausse du nombre de personnes à la recherche de locations pour le printemps et l’été à Queens, Chéticamp et West Hants, en Nouvelle-Écosse ; à Caledonia Mountain, au Nouveau-Brunswick ; et à Dunville, à Terre-Neuve. Les régions de Naramata, Telegraph Cove et Okanagan Falls en Colombie-Britannique ainsi que Louiseville au Québec sont également prisées.
« Les voyages sont en train de muter, passant des mêmes 20 ou 30 villes à partout », avance M. Chesky.
Ces temps-ci, les propriétaires ruraux représentent 20 % des hôtes canadiens sur Airbnb et ils ont engrangé des revenus totalisant 217,1 millions $ depuis le début de la pandémie, rapporte-t-il.
Des défis de taille se dressent toutefois devant la plateforme depuis les dernières années. L’entreprise doit se plier à de nouvelles réglementations exigeant parfois que les hôtes vivent dans les propriétés qu’ils répertorient et s’enregistrent auprès des autorités. Une lutte a aussi été lancée contre les utilisateurs qui louent des espaces pour organiser des fêtes turbulentes.
L’entreprise a mis sur pied une ligne téléphonique ouverte 24 heures sur 24 pour recueillir les plaintes, une occupation maximale de 16 personnes a été établie et une nouvelle politique exige que les clients de moins de 25 ans aient reçu de bonnes critiques sur l’application pour pouvoir réserver des logements entiers dans leur région.
Les réservations de logements entiers pour une seule nuit le soir du Nouvel An et de l’Halloween ont aussi été interdites, tandis que 40 propriétés en Ontario et 45 autres à Montréal ont été suspendues de la plateforme.
« Nous travaillons très fort, affirme M. Chesky. Mais nous sommes dans 100 000 communautés, donc je ne veux pas présumer que nous serons toujours parfaits. »