L'écogîte pour quatre personnes, le Hobbit, de l’entreprise Entre cîmes et racines, situé à Bolton-Est, affiche complet 365 jours par année. (Photo:courtoisie)
TOURISME D’AFFAIRES ET D’AGRÉMENT. Proposer de l’hébergement en chalet, c’est bien. Mais si ce même chalet a ce petit quelque chose qui lui permet de se démarquer de la concurrence, c’est encore mieux. À preuve, la popularité sans cesse grandissante des hébergements insolites partout dans la province.
Le succès phénoménal du Hobbit, de l’entreprise Entre cîmes et racines, situé à Bolton-Est, dans les Cantons-de-l’Est, en est un bon exemple. Depuis sa construction, en 2011, cet écogîte pour quatre personnes, bâti en pierres et recouvert d’un toit végétal, affiche complet 365 jours par année. Il faut d’ailleurs s’y prendre de 12 à 18 mois à l’avance pour réserver cet «habitat troglodytique» inspiré de l’univers du «Seigneur des anneaux».
«Je croyais que la magie était pour s’estomper avec les années, mais cela n’a jamais été le cas. Tous les week-ends de 2022 sont déjà réservés depuis juillet 2021», indique François-Xavier Berger, directeur général et copropriétaire du domaine qui compte 14 écogîtes et six emplacements de camping, inauguré par son père Michaël et ses oncles Mario et René en 2002.
À elles seules, la location du Hobbit et celle de deux autres chalets du même genre ajoutés il y a trois ans — La Pierre de feu et Le Seigneur des bois — représentent le tiers des revenus annuels de la PME, qui atteignent le demi-million de dollars.
«Ce n’est pas l’envie qui manque d’ajouter d’autres chalets souterrains sur notre domaine forestier de 175 acres, soutient François-Xavier Berger. Pour le moment, le manque de main-d’œuvre et le coût élevé des matériaux refroidissent cependant nos ardeurs de construire ce type d’abris, qui avoisinent les 150 000 $.»
Vive les couleurs
Au camping Havana Resort, à Maricourt, également dans les Cantons-de-l’Est, ce sont les 14 «cabanas» pouvant accueillir des familles de quatre à six personnes qui font fureur auprès de la clientèle. Bien qu’ils soient entourés de plus de 300 emplacements de camping, ces petits chalets représentent, à eux seuls, le quart des revenus annuels de ce vaste complexe estival. Aménagées en 2016 au coût de 25 000 $ chacune, ces petites maisons colorées qui évoquent les demeures des Caraïbes ont toujours maintenu un taux d’occupation de plus de 95%, signale la copropriétaire des lieux, Ariane Perrier. Ces petits chalets affichaient d’ailleurs déjà complet pour tous les weekends de l’été 2022 avant même la fin du mois de janvier.
La direction songe à ajouter une soixantaine de chalets quatre saisons colorés sur son terrain de 300 acres d’ici la prochaine année. Chacun coûtera au bas mot 125 000 $ à construire.
Dormir sur l’eau
Du côté de Flotel, la recette de l’hébergement inusité repose pour sa part sur l’eau. Depuis juillet 2018, l’entrepreneur Bruno Lefebvre invite les aventuriers à dormir dans une de ses six chambres aménagées dans trois conteneurs flottants dans la baie Saint-François, à Salaberry-de-Valleyfield, en Montérégie. Bien que le taux d’occupation ne dépasse pas les 70% sur une base annuelle, le lieu affiche généralement complet de la fin juin à la fin septembre, indique son propriétaire.
Évalués à plus de 100 000 $ chacun, les hébergements pouvant accueillir jusqu’à trois dormeurs disposent d’une chambre, d’une salle de bain, d’un accès au plan d’eau et d’une terrasse sur le toit. Il n’y a toutefois pas de cuisinette ; seulement une cafetière et un miniréfrigérateur. «Ce ne sont pas des chalets, rappelle Bruno Lefebvre. L’objectif est d’offrir le confort d’une chambre d’hôtel dans des marinas où l’on trouve déjà un écosystème qui propose des services de restauration.»
Encouragé par la popularité de ses cabines campivallensiennes, l’entrepreneur est sur le point d’ajouter quatre autres cabines d’ici le 1er mai à la Marina 360 de Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix et quatre autres à la marina Saint-Tropez, à Saint-Blaise-sur-Richelieu, toutes deux en Montérégie. D’autres pourraient également être aménagées dans les marinas de Montebello et de Thurso, en Outaouais, au cours de la belle saison.
Aux petits oiseaux
La Côte-Nord n’échappe pas à la formule des hébergements pas comme les autres. Depuis 2016, les visiteurs qui fréquentent le Parc Nature de Pointe-aux-Outardes peuvent dormir sur place, dans un des cinq nichoirs d’oiseaux géants. «Je cherchais un concept qui n’existait nulle part au Québec, ni ailleurs dans le monde», souligne le directeur général, Denis Cardinal.
Construits tout près du quatrième plus grand marais salé de la province (après ceux de Cap-Tourmente, de l’Île Verte et du lac Saint-Pierre), où l’on a recensé pas moins de 230 espèces d’oiseaux, ces abris rendent hommage au merle bleu, au balbuzard pêcheur, à la chouette lapone, au grand pic et à l’hirondelle de rivage.
Ces chalets pour quatre personnes — et un pour 12 personnes — ont coûté 70 000 $ chacun à construire. Un investissement qui rapporte, soutient Denis Cardinal. Les réservations frôlent les 100% de juin à la fin octobre. Ces locations, note-t-il, représentent près de 25% des revenus autonomes que génère cet organisme à but non lucratif.
La popularité de ces nichoirs géants contribue également à l’affluence du parc, qui ne cesse de croître depuis 10 ans. «En 2012, à peine 1800 visiteurs fréquentaient notre parc de 2 km2. Des visiteurs qui passaient, tout au plus, deux heures sur le territoire. L’an dernier, ils étaient plus de 17 500 à franchir nos portes. Et plus 70% de cette clientèle est demeurée au moins deux nuits sur place», signale fièrement le directeur du parc.
Cette affluence n’est pas sans donner des ailes au développement de l’infrastructure récréotouristique outardéenne. Un projet de bâtiment d’accueil accessible l’hiver figure dans les cartons. Évalué à plus de 2 M$, ce nouvel édifice pourrait être accessible dès l’hiver 2023. La direction du parc a d’ailleurs déjà «hivernisé» ses nichoirs géants.
Puisque la formule hommage aux oiseaux fonctionne très bien, Denis Cardinal et son équipe songent également à bonifier l’offre d’hébergement d’ici l’an prochain. Ainsi, cinq œufs géants pourraient bientôt voir le jour. De nouvelles structures suffisamment spacieuses pour accueillir entre deux et trois personnes qui ne manqueront pas d’attirer l’attention.