Le couple fondateur, Marie-Pier Grenier et Adrien Bernier Nadeau, vit depuis cinq ans sur l’eau à temps plein. (Photo: courtoisie)
TOURISME D’AFFAIRES ET D’AGRÉMENT. L’entreprise La belle vie Sailing propose des vacances tout inclus sur une auberge à voile qui se déplace tous les jours, de port en port. Elle attire de plus en plus de clients et de personnes attirées par un tourisme plus écologique. Récit.
Le couple fondateur, Marie-Pier Grenier et Adrien Bernier Nadeau, vit depuis cinq ans sur l’eau à temps plein ; ils naviguent entre les plus belles îles des Caraïbes en hiver et dans la baie des Chaleurs en été. Bien qu’idyllique, le mode de vie de ces entrepreneurs nomades reste rempli de défis. « Chaque fois que nous parlions à nos proches de vacances à la voile dans les Caraïbes ou d’expérience sur un voilier habitable, nous pouvions lire l’incompréhension dans leurs yeux », relatent Marie-Pier et Adrien dans leur livre « La belle vie Sailing. L’art de vivre à voile », paru fin mars aux Éditions de l’Homme. « Toutefois, face au sérieux de notre démarche et devant notre motivation à nous créer un mode de vie pour être heureux, tant personnellement que professionnellement, ils n’ont pu faire autrement que de nous appuyer dans notre projet. »
Il n’a pas été aisé de convaincre les banques de financer le lancement de cette entreprise de croisière à la voile qui a requis, entre autres, l’achat d’un voilier de 120 000 $. Mais, bien qu’il s’agissait de leur première aventure entrepreneuriale, le couple a révélé un beau combo de compétences.
Marie-Pier est l’amiral en chef de La belle vie Sailing. « Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours travaillé pour obtenir ce que je voulais. » Dès son premier emploi, à l’âge de 14 ans, elle a commencé à économiser son argent pour être capable, au cours de son cégep, de récolter une mise de fonds suffisante pour faire l’acquisition de son premier condo.
Après des études en administration des affaires, puis une maîtrise au MBA en gestion internationale, elle a travaillé comme consultante en entrepreneuriat pour l’incubateur accélérateur de Québec Le Camp. Cette expérience professionnelle, mélangée avec l’amour et les connaissances de la voile d’Adrien, le capitaine du voilier, et saupoudrée d’un grand désir de changement et de liberté professionnelle, a mené le couple à tout quitter pour se lancer dans le monde des voyages à la voile. « Ce n’est pas un mode de vie fait pour tout le monde. Cela demande plusieurs sacrifices ainsi que des compromis, et nécessite beaucoup de préparation. Ce n’est pas toujours aussi merveilleux que Facebook, Instagram et YouTube le prétendent. Mais, pour nous, même les moments plus difficiles, qui sont des sources inépuisables d’apprentissage, en valent la peine. »
Avis de tempête
Ce fut le cas lors de la pandémie, qui a frappé cinq mois seulement après l’accueil de leurs tout premiers clients à bord. Comme ils se trouvaient en Martinique à ce moment-là et que toutes les frontières étaient fermées aux touristes, ils n’ont pas eu un seul client pendant deux ans. « Notre richesse a été notre temps, se souvient Marie-Pier. Nous en avons profité pour aller chercher du financement et réaliser des travaux de réparation majeurs sur le bateau afin de le vendre et d’acquérir un multicoque nous permettant d’accueillir jusqu’à six voyageurs. » Ils ont également lancé une série de balados sur la vie en mer et travaillé sur différents projets, comme la participation à une tournée musicale en voilier intitulée « La virée du Saint-Laurent ».
Depuis la fin de la pandémie, le couple a enfin pris son rythme de croisière avec près de 300 clients par année, tous des Québécois pour le moment. Ils ont tous en commun de vouloir goûter à ce mode de vie de nomades des mers, que ce soit lors d’une semaine de vacances (volet Voyage) ou bien en apprenant eux-mêmes à naviguer en Gaspésie l’été (volet École de voile de l’entreprise). « Il y a un engouement croissant pour ce qu’on appelle la « sailing life », semblable à la « vanlife », mais en mer, remarque Marie-Pier. Les gens rêvent également d’une vie plus écologique en voyant notre bateau autosuffisant. »
Est-ce pour autant envisageable de vivre toute sa vie sur l’eau ? Adrien conclut, le regard porté, imagine-t-on, sur la mer azur : « Je n’ai aucune idée de ce que je ferai ni d’où je serai sur la planète dans deux, cinq ou dix ans et… j’aime ça. Certains ne peuvent supporter cette incertitude, ce flou, alors que, de mon côté, ça me tient vivant et ça garde mon esprit ouvert aux multiples possibilités que la vie m’apporte. »