Alexandre Tarini, vice-président à la chaîne d’approvisionnement à Olymel (Photo: courtoisie)
TRANSFORMATION ALIMENTAIRE. Le transformateur de porc et de volaille Olymel exporte ses produits dans plus de 60 pays. Il est engagé dans un processus de refonte majeure de sa logistique de distribution et de transport afin de la rendre plus optimale.
Olymel compte une douzaine de centres de distribution pour son marché nord-américain. Il travaille actuellement à centraliser ces activités au sein d’un seul centre, situé à Boucherville. « Cette approche nous permettra de réduire le nombre de réapprovisionnements, ce qui limitera les doubles manutentions, les bris de caisse, les retards et les ruptures, en plus de diminuer les émissions de gaz à effet de serre engendrées par les déplacements des camions », explique Alexandre Tarini, vice-président à la chaîne d’approvisionnement.
Le centre nord-américain de Boucherville devrait être fonctionnel en mars 2025. L’entreprise convertira également son ancien site de distribution de la même municipalité en centre de congélation et d’exportation de produits congelés. Ce dernier devrait entrer en activité à l’automne 2025.
L’entreprise assure qu’elle conservera des usines importantes dans la région de Saint-Hyacinthe, où elle est présente depuis plus de 30 ans. En ce qui concerne la distribution, seules les équipes responsables de l’approvisionnement pour l’est du Canada demeureront à Saint-Hyacinthe, afin de favoriser la proximité avec les sites de production.
Bien maîtriser le changement
Ce changement majeur implique une restructuration importante du transport. Olymel effectue environ 5000 voyages de camion par semaine, dont la moitié est assumée par sa flotte privée Transport Transbo, dont les bureaux sont à Saint-Simon-de-Bagot. Transport Transbo s’occupe surtout de l’approvisionnement entre les sites de production et de distribution d’Olymel, pour assurer une plus grande fluidité.
« Nous ne pourrons plus faire démarrer ces camions de Saint-Simon ou de Drummondville à partir du moment où notre distribution sera centralisée à Boucherville, admet Alexandre Tarini. Cela signifie que nos chauffeurs devront faire des trajets plus longs qu’avant en voiture pour se rendre à leur travail. Nous devons bien communiquer les raisons de ce changement avec nos camionneurs. »
Le changement pose aussi certains défis avec d’autres partenaires d’affaires, notamment des entrepôts pour lesquels Olymel représentait une bonne part du chiffre d’affaires. « Ces partenaires savent qu’en raison de la consolidation, nous n’aurons plus autant besoin de leurs services à l’avenir, mais entre-temps, nous devons nous assurer qu’ils nous gardent de l’espace, souligne Alexandre Tarini. Nous devons bien gérer cette transition avec eux. »
Gérer les coûts
Au cours des dernières années, la question des coûts a été centrale dans le transport. La demande très élevée pour les services de transporteurs et l’inflation, notamment sur les salaires et les coûts de l’essence, avaient fait grimper les prix. Pendant ces années-là, Olymel a également dû rouvrir ses conventions collectives pour revoir les échelles salariales afin d’offrir des rémunérations de départ plus attractives, dans un contexte où le recrutement était plus difficile dans le transport.
Alexandre Tarini soutient que la situation s’est améliorée au cours des derniers mois. Un certain ralentissement de l’économie a réduit la demande pour les services de transport, ce qui a fait baisser les prix. « Le fait d’avoir notre propre flotte de camions représente en outre un avantage quand nous discutons avec des transporteurs externes, affirme Alexandre Tarini. Cela nous assure d’être à l’affût de l’évolution réelle des coûts dans l’industrie du camionnage, ce qui nous aide lorsque nous négocions des ententes. »
La hausse des taux d’intérêt et l’inflation ont aussi parfois obligé l’entreprise à revoir ses calculs par rapport à son projet d’optimisation de la distribution. « Cependant, ces hausses rendaient cette optimisation encore plus nécessaire, puisqu’elle permettra de libérer de l’argent qui sera investi dans les projets de l’entreprise », estime le PDG, Yanick Gervais.
Le risque canadien
Par ailleurs, le transport de l’approvisionnement en intrants et de l’exportation sur certains marchés, notamment asiatiques, n’ont pas été simples ces dernières années. Blocage des voies ferroviaires, glissement de terrain, feux de forêt, grèves dans les ports ou les chemins de fer, tout semblait conspirer à nuire aux exportateurs québécois.
Le marché de niche d’Olymel à l’exportation, c’est le Japon. Or, ses usines sont situées au Québec, donc ses produits doivent d’abord traverser le Canada d’est en ouest. L’entreprise doit pouvoir compter sur les chemins de fer et le port de Vancouver, ce qui n’est toujours possible. « Il y a tellement eu de problèmes depuis quelques années que nos clients nous parlent maintenant du “risque canadien”, déplore Alexandre Tarini. Ils s’attendent à un approvisionnement constant qu’il devient parfois difficile d’assurer pour des raisons hors de notre contrôle. »