Negar Moftakhari, gestionnaire de projet pour le Groupe MTY, qui détient Les Aliments Lucky 8 (Photo: courtoisie)
TRANSFORMATION NUMÉRIQUE. L’accompagnement au début, pendant et après un projet de transformation numérique augmente la probabilité qu’il soit fructueux.
Migrer vers une version plus récente de progiciel de gestion intégré est plus complexe qu’il n’y paraît. En effet, ces outils de gestion opérationnelle des ressources d’une entreprise sont de plus en plus dématérialisés. On accède à leurs différentes applications à distance, dans le nuage, par l’entremise d’un accès Internet. Cela représente de nombreux avantages par rapport aux versions traditionnelles sur site, c’est-à-dire sur les serveurs de l’entreprise, par exemple en ce qui a trait à la maintenance et aux corrections.
L’entreprise manufacturière Les Aliments Lucky 8 s’est récemment lancée dans un tel virage numérique à son usine de production alimentaire de Saint-Romuald, à Lévis. Le projet entamé aux premiers jours de l’été dernier doit s’achever dans les prochaines semaines. « Nous sommes actuellement en période de rodage avec la nouvelle plateforme », indique Negar Moftakhari, gestionnaire de projet pour le Groupe MTY, qui détient Les Aliments Lucky 8.
Les 80 employés de la PME spécialisée dans la production de mets préparés de tous types destinés surtout aux supermarchés ont donc accès depuis peu à de nouvelles fonctionnalités, par exemple pour mieux gérer les allergènes et faciliter la personnalisation des étiquettes. En principe, cette transformation numérique devrait se traduire par des gains de productivité « significatifs » principalement dus à une meilleure interconnectivité, estime-t-elle.
Précieux coup de pouce
Pour mener la transition à bien, Les Aliments Lucky 8 a bénéficié de l’accompagnement personnalisé de la firme longueuilloise GLM Conseil, dans le cadre du programme Trans Num offert par l’Association pour le développement de la recherche et de l’innovation du Québec (ADRIQ). Cette subvention couvre jusqu’à 50 % des frais reliés à la transformation numérique (hors matériel), avec un maximum de 25 000 $ par entreprise pour un total de 125 heures d’accompagnement.
Cette initiative découle de l’Offensive de transformation numérique du gouvernement du Québec, lancée en 2021. Si tout va bien, l’ADRIQ devrait avoir épaulé plus de 150 entreprises de secteurs variés des quatre coins du Québec d’ici la fin de 2025. « Nous en sommes pour l’instant à 85 organisations accompagnées depuis le lancement de Trans Num, en mars 2023 », souligne en entrevue Frédéric Alberro, PDG de l’ADRIQ, récemment arrivé en poste.
L’originalité de ce programme tient en grande partie à sa démarche intégrée. De la détermination des besoins réels de l’entreprise en matière de technologies de l’information à l’analyse de leurs retombées, toutes les phases de la transformation numérique sont prises en compte. « Nos 40 experts-conseils couvrent toutes les facettes de l’innovation : cybersécurité, propriété intellectuelle, financement, commercialisation », énumère-t-il.
Negar Moftakhari a trouvé tout particulièrement utile la planification réalisée en amont de la mise à jour logicielle des Aliments Lucky 8. « On n’est jamais assez prêt pour mener à bien ce genre de projet, fait-elle valoir. Un bon diagnostic de la maturité numérique minimise la part de risque inhérente à la numérisation. » Il s’agit de bien déterminer les objectifs à atteindre. « On ajoute de nouvelles technologies pour optimiser, pas seulement pour le plaisir d’ajouter », rappelle Frédéric Alberro.
Une question d’innovation
Dans les cas des Aliments Lucky 8, l’un des enjeux était de maintenir mobilisés des employés qui, pour certains, cumulent plus de trois décennies d’expérience au sein de l’entreprise fondée en 1965. « Nous avons essayé de les valoriser dans leur apprentissage de nouveaux procédés en maintenant les canaux de communication ouverts en tout temps, raconte Negar Moftakhari. L’implantation de la précédente version du progiciel de gestion intégré nous avait appris des leçons. »
Cette minutie est susceptible de payer à moyen et long terme. Selon les résultats d’une enquête menée par le Conseil de l’innovation du Québec dévoilés en mai dernier, l’adoption de bonnes pratiques de gestion de l’innovation augmente de 47 % la probabilité de générer des projets innovants et, donc, d’accroître le chiffre d’affaires. « On ne le dira jamais assez : être bien accompagné est la clé de la croissance, de la compétitivité et de la productivité », conclut Frédéric Alberro.