Formations: avoir les deux mains sur le volant numérique
Philippe Jean Poirier|Édition de la mi‑mai 2022Valérie Ferland, directrice générale adjointe de la cidrerie Milton, entreprise familiale établie à Sainte-Cécile-de-Milton (Photo: courtoisie)
TRANSFORMATION NUMÉRIQUE. Plutôt que de déléguer la tâche à un consultant, des dirigeants d’entreprise décident de prendre en main leur virage numérique en suivant eux-mêmes des formations sur le sujet. Témoignage de deux entrepreneuses qui ont fait un plan stratégique ou choisi des solutions technologiques dans le cadre d’un programme « sectoriel » de formation.
Cap sur le commerce électronique
Ancienne commissaire au développement économique reconvertie en entrepreneuse, Hélène Lavoie n’est pas une personne qui fait les choses à moitié. Depuis décembre, la cofondatrice du producteur et microtorréfacteur lavalois Fincafé estime avoir écouté plus d’une centaine d’heures de capsules et de webinaires portant sur le marketing numérique et la vente. Sélectionnée dans la première cohorte du programme Mon commerce en ligne lancé en octobre dernier par l’Association québécoise des technologies, l’entrepreneuse a décidé de maximiser son expérience.
Le programme offre aux commerçants une banque de 14 heures de coaching ainsi que des formations « asynchrones », dans le but de les aider à « augmenter leurs ventes, développer de nouveaux marchés et optimiser leurs opérations grâce au numérique ». Rencontrant tour à tour un coach en développant des affaires et une spécialiste en stratégies numériques, Hélène Lavoie avait deux objectifs : choisir une plateforme de commerce en ligne pour vendre ses « microlots » de café, mais aussi comprendre l’effet global que la boutique électronique aura sur le fonctionnement de son entreprise.
« Les formations m’ont fait voir le lien entre la boutique virtuelle et l’entreprise réelle, explique-t-elle. Lorsqu’on choisit un code de produit pour un sac de café dans la boutique électronique, ce même code se retrouve dans le système comptable, dans le système de gestion des inventaires, puis sur l’étiquette physique du sac de café en entrepôt. Tout cela est relié. Il faut qu’il y ait une cohérence entre ce que l’on montre en ligne et ce qu’on possède en stock », illustre-t-elle.
La cofondatrice de Fincafé désirait comprendre les principes de base du commerce électronique avant d’impliquer des acteurs externes dans le processus. « Si nous avions directement confié le mandat à une agence, je crois que j’aurais mis plus de temps à être convaincu de la nécessité de changer notre système comptable [pour QuickBook, afin de le connecter à la boutique en ligne] ou de photographier les produits que l’on veut vendre en ligne. »
Associée à son conjoint producteur de café dans l’aventure, Hélène Lavoie dit vouloir bâtir une entreprise « pérenne », « pensée pour le long terme », « qui sera là pour [ses] enfants ». Dès lors, comprendre l’environnement numérique vers lequel se dirige le commerce de détail du futur tombe sous le sens. C’est pourquoi elle a choisi de « bien faire ses devoirs ».
Confirmer une intuition pour pérenniser ses opérations
Quand la cidrerie Milton a décidé de suivre la formation Passeport Go TR4NSF.0 créée par le Mouvement québécois de la qualité (MQQ), elle désirait « pérenniser » ses opérations. « Avec nos multiples calculs effectués dans des fichiers Excel, nous avions parfois l’impression de faire une danse vaudou en espérant que nos prédictions de ventes soient bonnes », raconte à la blague Valérie Ferland, directrice générale adjointe de l’entreprise familiale établie à Sainte-Cécile-de-Milton.
Joignant la version pilote du programme du MQQ, Valérie Ferland et sa collègue, Patricia Petit, coordonnatrice de production, ont profité de la dizaine d’heures d’accompagnement mentoré pour refaire leur plan stratégique et apprendre à cartographier leurs processus d’entreprise.
Par la nature de ses opérations, la cidrerie Milton est confrontée à d’importants défis de planification. Étant une entreprise agricole qui cultive et transforme la pomme qui sert à produire son cidre — un cidre qu’elle vend et distribue elle-même par la suite —, la cidrerie doit s’assurer que la récolte de juillet répond à la demande de cidre de l’année suivante.
« Nous avons décidé de remplacer les fichiers Excel par un module des opérations, explique Valérie Ferland. Refaire le plan stratégique avec l’aide d’un mentor nous a permis de confirmer cette intuition. » La formation suivie par Patricia Petite sur la cartographie a ensuite aidé l’entreprise à mettre des mots sur ce que devra faire le module, soit centraliser la planification des ventes et de la production, la gestion des inventaires et des circuits de distribution. « Nous sommes maintenant en mesure de bien expliquer notre besoin aux fournisseurs que nous allons rencontrer pour acquérir la plateforme », fait valoir la coordonnatrice de production.
Savoir nommer son besoin, c’est déjà la moitié du travail!