Mont Adstock, montagne de la région de Chaudière-Appalaches (Photo: courtoisie)
TRANSITION NUMÉRIQUE. Il n’y a pas que sur les 42 pistes de la station récréotouristique du Mont Adstock où s’effectuent de grands virages ces jours-ci. À l’instar d’une quinzaine de ses consœurs au Québec, la direction de cette montagne de la région de Chaudière-Appalaches entreprend, elle aussi, une transformation numérique permettant de moderniser la gestion de ses opérations hivernales.
Depuis 2020, le mont Adstock procède à l’intégration du logiciel Accesso Paradox qui permet, entre autres, l’exploitation du système RFID (Radio Frequency Identification) ainsi que la vente de billets et d’abonnements en ligne. « L’automne dernier, nous avons procédé à l’installation de deux bornes de récupération de billets pour ceux et celles qui utilisent l’achat en ligne », signale Caroline Sylvain, directrice adjointe de la station. En plus de réduire considérablement le temps d’attente au service à la clientèle, cet investissement de 75 000 $ permet de réassigner au moins deux personnes à d’autres postes.
Mentionnons que le système intégré privilégié par la station est une technologie québécoise, qui était jusqu’à tout récemment connue sous le nom de Paradocs. Créée en 2001 par des passionnés de ski, l’entreprise a été achetée au printemps dernier par le géant britannique de l’industrie numérique Accesso déjà présent dans plus de 29 pays. Plus d’une soixantaine de stations canadiennes, dont 25 au Québec, en font l’usage.
L’adhésion… de la clientèle
La dirigeante reconnaît que la gestion du changement numérique exige des efforts additionnels de la part de la direction. « Des efforts qui s’adressent davantage à la clientèle qu’au personnel », précise-t-elle. Un peu plus de 8000 $ ont été investis pour la production de trois vidéos informatifs et ludiques afin de susciter l’achat de billets en ligne plutôt qu’en présentiel, avise Caroline Sylvain. Actuellement, ce sont près de 55 % des utilisateurs de la station qui effectuent leur transaction en ligne.
Une mine d’or d’informations
Pour l’équipe de la montagne, ce virage numérique (dont la facture maintenant s’élève à plus de 400 000 $) se traduit par l’accès instantané à une foule de données. « Grâce à cette technologie, nous pouvons calculer précisément le nombre de jours-ski de nos utilisateurs. Nous connaissons précisément leur provenance, les périodes de la semaine et les heures auxquelles ils fréquentent la montagne, y compris leur nombre de descentes par jour », souligne la dirigeante.
De précieuses informations qui permettent à la station de faire des promotions marketing plus ciblées auprès de sa clientèle en utilisant les médias sociaux ainsi que les radios de Thetford, de Québec, de Sherbrooke et de Saint-Georges. Les principaux marchés d’où provient sa clientèle.
« Elles nous permettent aussi de créer des produits plus adaptés aux besoins de nos clients. Par exemple, nous avons mis en place, il y a deux ans, un billet valide pour une période de quatre heures qui s’active dès que le client franchit le portillon de notre unique remontée. Un produit très populaire qui correspond déjà à plus de 40 % des ventes de billets de jour de la station », explique la gestionnaire.
Prochaine étape pour l’année en cours ? La station qui vient d’investir 7 millions de dollars dans un tout nouveau chalet souhaite que le client puisse associer sa carte de crédit à sa carte-montagne. Ainsi, la carte Adstock pourra être utilisée à la boutique à la cafétéria et permettra également aux parents de transférer des dollars sur la carte de leurs enfants pour l’achat de chocolat chaud ou autres collations, explique la gestionnaire.
Maximiser sa croissance
« Tout comme les autres industries touristiques, celle du ski est en voie de rattraper son retard numérique avec des systèmes qui lui permettent de mieux gérer son intelligence d’affaires », soulève Patrick Ménard, directeur des ventes Canada, à Accesso Paradox. L’utilisation d’un logiciel intégré permet désormais aux stations de gérer l’ensemble de leurs opérations, que ce soit la vente de billets en passant par l’école de ski, la cafétéria, le bar et la boutique. Un système qui contribue aussi à maximiser leur croissance, maintient-il.
Il cite notamment l’exemple de la tarification dynamique de plus en plus présente dans les stations en Amérique du Nord. Grâce à cette tarification qui favorise les achats de billets à l’avance et non à la dernière minute, certaines stations ont vu en 2023 le revenu de certains produits de billetterie augmenter de 25 %, 50 %, même de 100 % » affirme Patrick Ménard.
Mais attention, avertit ce professionnel : avant d’implanter un système intégré, la station doit avoir clairement établi ses besoins, ses objectifs et ce qu’elle souhaite améliorer au sein de ses opérations. Et bien sûr, dit-il, ça prend l’adhésion de la direction et du personnel. Autrement l’exercice risque d’être long et pénible.